
pour un autre quotidien
A quoi bon un journal culturel en temps de détresse ?
.............et nous y sommes, ou pas loin........................
..............certains déjà en plein dedans.........................
C'est la question à laquelle nous essayons d'apporter une réponse positive dans chaque numéro.
En faisant le geste de vous abonner, vous soutenez un magazine d’art à l’âme anarchiste qui ne courtise ni l’état ni l’industrie culturelle, et ne parle que de ce qu’il aime vraiment, sans tenir compte des chiffres de vente, des réputations à flatter, ou des publicités à engranger. En échange, vous ne raterez plus un seul de nos articles. Et vous aurez accès à l’entièreté d’un des plus beaux sites internet du monde. Merci d’avance.

inspirations
J'ai la nostalgie du café de ma mère, du pain de ma mère, des caresses de ma mère... Et l'enfance grandit en moi, jour après jour, et je chéris ma vie, car si je mourais, j'aurais honte des larmes de ma mère !
Mahmoud Darwich, La Terre nous est étroite

art
Plus chercheuse que plasticienne, l’artiste développe une pratique où le signe devient territoire, et la lettre, matière vivante. Dans ses livres d’artiste multicolores et protéiformes, les mots dérivent, s’agrègent, se fragmentent, se répètent ou jaillissent dans toutes les directions. Chaque page est un espace de liberté où le texte se déploie verticalement, horizontalement, à l’endroit comme à l’envers, mêlant majuscules et minuscules dans une chorégraphie visuelle dense et poétique.
Ezekiel Messou est un mécanicien passionné et consciencieux. Né en 1971 dans la cité lacustre de Ganviè, il apprend le métier de réparateur de machines à coudre à Lagos. De retour au Bénin, il ouvre son propre atelier à Abomey-Calavi où il ne manque pas de travail : il n’y a presque pas de prêt-à-porter, tout est fait sur mesure et les couturiers sont très nombreux.
De la création de la revue Présence Africaine à celle de Revue noire, « Paris noir » retrace la présence et l’influence des artistes noirs en France entre les années 1950 et 2000. Elle met en lumière cent cinquante artistes, de l’Afrique aux Amériques en passant par la Caraïbe, dont les œuvres ont rarement été montrées en France. On va juste dire : il était temps…
Rammellzee aura été l’artiste le plus complet de la galaxie hip-hop du siècle dernier, déployant sa vision de graf en MC, de l’écrit aux costumes, la sculpture et aux jouets, de la peinture aux installations et au cinéma avec son pote Jim Jarmush. Mort en 2010 oublié de l’establishment artistique US, cette rétrospective au Palais de Tokyo montre l’étendue de ses possibles et de ses réalisations. Go !

images
Le peintre belge René Magritte est surtout connu pour son art. Mais avant de quitter Bruxelles pour Paris en 1927 et de fréquenter André Breton) et d’autres surréalistes, Magritte travaillait comme dessinateur publicitaire. A cette époque, il réalisait des affiches et des pochettes de musique Art déco, le style tendance du moment.


photographie
À travers des collages intimes et mixtes, Stan Squirewell exhume les histoires de ceux qui pourraient autrement être perdus dans l'anonymat. L'artiste recueille des images dans les archives du Smithsonian et auprès d'amis et de membres de sa famille, qu'il réinterprète ensuite à l'aide d'imprimés et de motifs vibrants. En superposant des passés inconnus et des ajouts actuels, Squirewell explore la manière dont les traditions et les rituels quotidiens perdurent à travers les générations.
La soudaine disparition de Jean Claude Delalande, prix Viviane Esders 2024, nous frappe de plein fouet, c’est pourquoi nous avons décidé de porter un hommage plus particulier au sens que nous donnons à sa photographie sur plus de quarante années de production.
“Cameroun, Mali, Niger, Burkina Faso, Nigéria, Algérie… Dans cette œuvre intimement personnelle, je revisite, trente-cinq ans plus tard, mes premiers pas de jeune photographe. Cette période intense de trois ans, que j’ai surnommée « mes années africaines », aurait pu se concrétiser dans un premier livre, il y a 25 ans… mais finalement la plupart de ces photographies sont demeurées inédites. Quelques tirages ont circulé dans des expositions, mais la majorité est restée enfouie dans des boîtes d’archives. « Mes années africaines » représentent 79 planches contacts et environ 2220 vues argentiques,24×36 et 6×6. Un nombre conséquent, mais finalement assez faible si on le ramène à la production actuelle en numérique où l’on réalise facilement plusieurs centaines d’images par jour. » écrit Jean-Christophe Béchet dans l’introduction de ses African Memories.

musique
En juillet et août 1970, le journaliste Daniel Caux organise l'édition la plus radicale du festival. Présentée dans une structure expérimentale gonflable conçue par l'architecte Hans-Walter Müller, elle comprenait des concerts des pionniers américains du minimalisme Terry Riley et La Monte Young, ce dernier se produisant avec Marian Zazeela et le vocaliste-gourou indien Pandit Pran Nath. Caux a également fait appel à deux des artistes les plus iconoclastes de l'avant-garde du jazz.
Le duo helvète d’adoption Sirens Of Lesbos, centré autour des deux sœurs chanteuses Jasmina et Nabyla Serag, revient avec son 3e album 'i got a song, it's gonna make millions”. Ce projet met en avant leur vision musicale étendue, s'inspirant d'artistes tels que Childish Gambino, Trick Daddy, Gangsta Boo, Dungeon Family ou Goodie Mob; tout en mélangeant des influences de la pop des années 90, d'afrobeat, de musique électronique, et de groupes indie lo-fi comme Mk.ge. Check the vibe !
Si ces dernières années, vous n’avez pas été bercé par les punks congolais de Konono Nº1 et Staff Benda Bilili, vous n’avez pas pigé comment l’Afrique du son récup fonctionne. Avec allégresse et de manière tonitruante. Le nouvel épisode de l’avancée se nomme Kin’Gongolo, du son que font les bidons entrechoqués portés par les vendeurs d’huile à lampe pendant les pannes d’électricité des années précédentes. Envoi !
in the mix

science-fiction
Autour d’un poisson baltique apparemment voué à l’extinction, structurelle et accidentelle, un thriller science-fictif échevelé questionne cruellement tout ce qui nous sert d’excuses pour laisser venir le désastre prévisible.

livres
L'Œil ébloui continue son exploration non de Perec, mais des nombreux Perec qu'écrivains et artistes ont reçu en héritage plus ou moins oblique. Trois nouveaux titres paraissent cette semaine, les numéros 8, 9, 10 (plus que 43 titres à paraître !)
Une fête, aussi luxueuse que mystérieuse, au sommet d’un immeuble new-yorkais. Une foule d’invités et de pique-assiettes qui ne savent pas trop pourquoi ils sont là, mais qui sont bien décidés à en profiter. Le décor d’une farce échevelée, tragique et comique. Le formidable dernier coup d’archet de l’un des grands post-modernes de la littérature.
Servi par une langue bien particulière, toute de poésie ambivalente, un roman de mémoires divergentes et d’épouvante tranquille, où le drame passé modèle le présent de manière fort inattendue.

cinéma
Un abécédaire pour bifurquer dans la matière concrète, gaie et labyrinthique de la philosophie, ses concepts et ses affects, depuis le foyer du corps miné par la maladie de qui lui aura dévolu sa vie. Une émission de télévision en forme de séance de spiritisme. Retrouvé dans les faveurs du direct, avec ses claps et ses fins de bobine, toutes les failles de l'image par lesquelles recommencer ce qui ne s'énonce que dans des différences de potentiel et des rapports d'intensité, le génie spirite du cinéma aura permis à la télévision d'en faire tourner la table – la télé tournée et retournée au microsillon de la pensée de Gilles Deleuze. Deleuze à la télé, c'est une image de l'internel dont l'idée reviendrait à Charles Péguy quand l'instant coïncide avec l'éternité qui n'est plus extérieure au temps, mais interne à lui. L'internel dit l'événement quand le confort domestique de la télé peut enfin vibrer du dehors de la pensée.
Mais qu’est-il arrivé au cinéma d’Almodovar ? Certes, dans La chambre d’à côté, on retrouve son habituel engouement chromatique, cet art chic de juxtaposer des pans de couleurs aux valeurs plus ou moins symboliques (le rouge, le jaune, etc.), ainsi que son goût scénique pour les flash-backs (ici inutiles, lourds), le tout accompagné d’une musique qui prend en charge (servilement, il est vrai) les tensions et les attentes. Mais voilà que, confronté au grave sujet de la mort volontaire, il commet une faute de goût irréparable.

bd & mangas
Avec un angle autour du succès des mangashi japonais comme le Weekly Shonen Jump, Maxime Gendron propose un essai pour retracer l’historique et les enjeux des magazines de prépublication de bande dessinée du Japon jusqu’en France. Entretien avec l’auteur en pleine campagne de financement participatif.
Double je pour les protagoniques de ce roman graphique aussi pertinent sur l’époque que jouissif dans sa maîtrise graphique. Ezra Claytan Daniels nous embarque dans un récit d’anticipation mordant qui pourrait bien déjà se passer dans la Silicon Valley. Petite session de rattrapage autour d’une sortie de 2024 qui est peut-être passée sous le radar, mais qui vaut vraiment qu’on s’y arrête.

architecture

style
Tatu Panda, de son vrai nom David Cubero, est un tatoueur originaire de Miami, reconnu pour ses micro-tatouages hyperréalistes qui transforment la peau en véritables œuvres d’art. Dès l’âge de 14 ans, il commence à tatouer dans les marchés aux puces de Miami, développant rapidement une passion et une expertise remarquables. Sous la tutelle de son mentor, Felipe « Pride » Bustos, Tatu Panda a affiné son art et créé un style unique alliant photoréalisme et finesse du détail. Choc des yeux !
Les peintures murales d'Agostino Iacurci donnent vie à des bâtiments ternes grâce à leurs couleurs vives, leurs motifs ludiques, tout de blocs coloré et de symétrie. Qu'il peigne directement sur les briques et le plâtre ou qu'il conçoive d'immenses gaines de tissu pour recouvrir les échafaudages de construction, les compositions vibrantes de l'artiste animent les coins de rue et les artères urbaines.
Les affiches de films du Ghana peintes à la main dans les années 1980-1990 sont réputées pour leur originalité et leur excentricité. Elles reflètent une interprétation des films internationaux par des locaux qui n’ont souvent même pas vu les œuvres mais qui enchérissent sur le scénario pour faire venir les spectateurs dans les salles obscures. Trip assuré !
L’artiste tatoueuse new-yorkaise Ash Aurich a trouvé une manière ingénieuse de rendre hommage aux chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art avec ses tatouages en forme de timbre-poste. Utilisant une technique de fine ligne avec des ombrages délicats, elle crée des compositions rectangulaires aux bords crantés, représentant des figures romantiques et religieuses inspirées de la Renaissance.

La Nuit, c’est un magazine culturel multimédia de 200 pages qui profite des possibilités offertes par l’internet pour faire de chaque numéro un voyage. Elle se lit comme un magazine, en pages plein écran. Ces numéros sont réservés aux abonnés. Pour vous en donner un aperçu, quelques pages du numéro 1.

nous
Tout journal est politique. Celui que nous faisons ne se cache pas cette évidence. Son existence, qui n'était pas donnée, car personne ne nous a invités, est déjà en elle-même un fait politique. Nous faisons irruption. Nous entrons par effraction dans le champ bien gardé des opinions bonnes à entendre. Sachant qu'exister, c'est résister, nous avons fait le choix d'exister. Or choisir est l'acte politique même.