Winnie Bueno | Les premiers jours qui ont suivi les résultats des élections de 2018 ont déjà confirmé les prévisions des analystes et des commentateurs politiques concernant les conséquences de l'élection d'un candidat présentant le profil de Jair Bolsonaro pour le Brésil. Ils ont également clairement indiqué la réponse à la question que la gauche se posait tous les jours, exactement comme une mère face à un fils rebelle: où est-ce que je me suis trompée ?
Read MoreProfesseure adjointe à l’université fédérale de São Paulo où elle enseigne les Relations internationales, la chercheuse Ester Solano a rencontré et interviewé depuis 2017 des personnes d’origines sociales, de sexes et d’âges différents qui ont fait le choix de voter pour Jair Bolsonaro. L’occasion de mieux comprendre qui sont ces électeurs et comment un candidat aussi ouvertement misogyne et raciste a pu les séduire.
Read MoreBlogueiras Negras | Une belle image a circulé sur les réseaux sociaux le soir du deuxième tour de l'élection présidentielle : "Personne ne lâche la main de personne." Le grand legs des élections est un vaste réseau pour le droit à la vie, mais aussi pour la terre, le logement, l’éducation, la santé, la sexualité, les corps. Pour le droit d'expression politique et de croyance, de parole, de presse. Cela s’appelle peut-être la démocratie, celle qu’on nous a nié depuis que les peuples de la terre et ceux d'entre nous qui ont été séquestrés ici existent.
Read MoreEduardo Mourão Vasconcelos | La victoire de Bolsonaro ne doit pas nous décourager. Ceux qui ont l’âge d’avoir vécu la dictature ont l'expérience pour regarder l'histoire avec plus de recul et savoir qu'elle connaît des vagues. Pour faire une référence biblique, il y a les années de vaches grasses mais aussi les années de vaches maigres. Elles passent toutes, et nous apprenons à résister à tous ces moments. Les luttes et les contradictions internes aux systèmes de domination, dont certaines sont invisibles au citoyen commun, continuent de balayer l'histoire. Et les analystes politiques prédisent déjà que l’administration Bolsonaro comptera de nombreux facteurs d’instabilité. Engageons la résistance !
Read MoreChristian Perrot | Bienvenue dans le Brésil de la deuxième décennie du XXI° siècle, un pays où le président, Jair Bolsonaro, fait publiquement l’apologie de la torture, se vante de son homophobie et de sa mysoginie, et recueille 55 % des voix au deuxième tour des présidentielles.
Read MoreRaúl Zibechi | La victoire ravageuse de Jair Messias Bolsonaro au premier tour des élections brésiliennes est le plus grand tsunami politique, social et culturel que ce pays ait connu dans son histoire. Si nous mettons de côté les approches élitistes et conspiratives, nous devons accepter que les personnes savent pour qui elles votent, qu’elles n’ont pas été trompées ou n’ont pas été soumises à des pressions. De plus, cette fois, les grands médias n’ont pas joué en faveur du candidat d’extrême-droite; ils ont diffusé ses rodomontades et n’ont épargné aucune critique. Alors que se passe-t-il ?
Read MoreFausto Giudice | En suivant les péripéties de la campagne électorale qui déchire le Brésil, il m’est venu une envie de crier : « Réveille-toi, Antonio, ils sont devenus fous ! ». Qui mieux que Gramsci pour nous permettre de décoder l’énigme brésilienne ? Voici donc une série de remarques inspirées par le grand spectacle brésilien, à la lumière des analyses du bossu sarde.
Read MoreJoão Whitaker | Pour que l’extrême-droite s’empare à coup sûr du pouvoir, il fallait d’abord empêcher Lula de se présenter. Par tous les moyens. Voici comment cela s’est passé. Récit en trois actes de l’acharnement d’un juge d’un bout à l’autre partial et politique (et ne prenant même pas la peine de cacher dans les réseaux sociaux sa détestation de l’ancien président) pour se débarrasser du seul candidat capable de barrer la route aux militaires et aux réactionnaires.
Read MoreAtilio A. Boron | La gauche brésilienne a été décapitée "en toute légalité". Et ce après que des généraux aient averti la Cour Suprême (sans être immédiatement limogés, et inculpés de sédition, comme ce serait le cas dans tout pays qui respecte sa démocratie) qu'une "intervention militaire" - autrement dit un coup d'état - pourrait avoir lieu si Lula avait la possibilité d'être élu. On touche le fond. D'où l'interrogation que porte cet article : la droite en Amérique du sud n'a-t-elle pas toujours eu en haine la démocratie, et le risque qu'elle comporte de voir les pauvres prendre du pouvoir ? On nous dira qu’il y a bien eu une élection au Brésil. Certes. Avec un candidat de la gauche empêché de se présenter. Le refus de Bolsonaro de participer à tout débat contradictoire avec son adversaire. Et la menace de l’armée d’intervenir si Bolsonaro, qui avait déjà annoncé qu’il n’accepterait pas ce résultat, était déclaré perdant.
Read MoreRaul Zibechi | Le 16 février, le gouvernement de Michel Temer a confié la sécurité de Rio de Janeiro aux forces armées. Des corps de police aux pompiers et aux prisons, tout passe sous le contrôle des militaires. Ces interventions à répétition (c’est la quatorzième depuis 2008) de l’armée dans les favelas n’ont jamais fait reculer le crime et la violence, mais sont extrêmement efficaces pour atteindre les objectifs inavouables des classes dominantes et de leurs gouvernements : le contrôle et l'extermination de la population potentiellement rebelle ou non intégrable. C'est la raison qui pousse à militariser des pays entiers en Amérique latine, sans toucher à l'inégalité, qui est la cause première de la violence.
Read MoreLe 8 mars 2017, l’hebdomadaire Brasil de Fato avait interviewé Marielle Franco, victime d’une exécution extrajudiciaire le 14 mars 2018 à Rio de Janeiro. Elle venait alors d’entamer son mandat de conseillère municipale.
Read More2016 : Un article prémonitoire de Marcos Napolitano | “Pour le citoyen commun un tant soit peu formé et informé par des valeurs progressistes, qui souhaite voir préservés la démocratie dans ses fondements les plus basiques, la santé publique et le bon sens politique, la conjoncture brésilienne actuelle est désolante. Le bon combat contre la corruption qui aurait pu unifier un grand mouvement réformiste se perd dans des critiques grossières et un remue-ménage qui peine à cacher ses mots d’ordre fascistes et emplis de préjugés. Les réformes politique et de l’impôt, qui auraient pu être les axes d’une réforme effective de l’État, ne sont plus à l’ordre du jour ou ont été modifiées. Le débat idéologique sain entre ceux qui pensent différemment se perd dans l’intolérance, les agressions publiques et les altercations improductives. Les critiques formulées à l’encontre des faiblesses sociales du Brésil se perd dans des analyses superficielles et la défense de solutions faciles et autoritaires. Quel que soit le résultat de cette crise, tout indique que la fragile démocratie brésilienne sera menacée.”