Bolsonaro, une catastrophe mondiale

Toute caractérisation du nouveau président du Brésil est imprécise, ou simplement euphémique, si l’on omet l'adjectif fasciste. Son admiration ouverte pour les régimes militaires, son mépris absolu pour la vérité ou les preuves scientifiques, son utilisation de proclamations et de symboles religieux en substitution agressive des droits de l'homme et des formes institutionnelles, sa tactique pour générer un consensus autour de sa figure en exacerbant la haine et la xénophobie, ainsi que d'autres méthodes efficaces et sans scrupules de manipulation des masses auxquelles il recourt, font de Jair Messias Bolsonaro la manifestation contemporaine du fléau qui a provoqué la pire catastrophe humaine dans la première moitié du siècle passé.

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Lors de son investiture le 1er janvier, à Brasilia, au milieu des acclamations populaires et d'un système de sécurité d'une ampleur sans précédent, le leader d'extrême droite a confirmé son engagement à démanteler l'État social, avec la croisade médiévale - sous couvert de sauvetage des "valeurs familiales" - contre les femmes et toutes les manifestations de la diversité sexuelle et avec l'imposition d'un dogme ultra-conservateur qui qualifie toute dissension de "soumission idéologique".

En plus de la menace que représentent pour des millions de Brésiliens des éléments du programme de Bolsonaro tels que l'abolition presque totale des droits du travail, cet ancien capitaine de l'armée pourrait devenir l'un des plus grands dangers pour la planète entière en partageant avec le président Donald Trump le scepticisme sur le phénomène du changement climatique, qu'il décrit, comme son homologue yankee, comme une invention de la gauche. A l'heure où la communauté internationale est pleinement consciente des risques du réchauffement climatique, la volonté de Bolsonaro d'ouvrir la plus grande réserve forestière et de biodiversité de la planète aux activités minières et agroalimentaires pourrait détruire l'espoir d'éviter des dommages tragiques et irréversibles à l'équilibre écologique.

Ce qui est peut-être le plus inquiétant au sujet du nouveau gouvernement brésilien, c'est la très grande légitimité sociale avec laquelle il prend le contrôle de la plus grande économie de la région : non seulement Bolsonaro a obtenu 55 % des voix au second tour de l’ élection présidentielle en octobre dernier, mais de récents sondages montrent que 75 % des citoyens soutiennent ses propositions et messages. Si l'on ajoute à ce soutien populaire la domination du pouvoir législatif et la complicité annoncée du pouvoir judiciaire, tout indique que la volonté autoritaire des gouvernants se conjuguera avec l'absence quasi totale de résistance ou de contrepoids.

Bref, l'arrivée de Bolsonaro et du groupe qui l'accompagne au Palais du Planalto représente une catastrophe dans tous les domaines pour le Brésil lui-même, pour toutes les nations d'Amérique latine, et très probablement pour la planète entière. On ne peut qu'espérer que le peuple brésilien retrouvera le chemin de la raison et sera en mesure de faire face à l’offensive néolibérale avec le moins de dégâts possible.

La Jornada 
Traduit par  Fausto Giudice

Merci à Tlaxcala
Source: https://www.jornada.com.mx/2019/01/02/opinion/002a1edi?partner=rss