"Les Imaginaires du futur", un pamphlet pour la pensée qui s’échappe

Ariel Kyrou annonce d’entrée que les deux imaginaires du futur les plus forts aujourd’hui sont la démesure technologique et l’apocalypse environnementale. Ils se conjuguent pour susciter en nous une sidération, un court-circuit de la pensée et de l’action. L’enjeu de son essai est de sortir de cette impasse, en traçant des chemins et un horizon pour y arriver : la construction d’utopies politiques, lucides sur le long terme, d’inspiration anarchiste et terrestre, contre l’idéologie dominante et en toute conscience des risques de dystopie.

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Derek Jarman : Queer Paintings et murmures

Coup triple à Ivry au Credac pour Derek Jarman dont l’exposition Dead Souls Whispers est accompagnée d’une rediffusion de ses films et d’une publication en coédition avec la collection Pleased to meet you. Tout cela servi avec une série de rencontres étalées d’octobre à décembre prochain. Sebastiane es-tu là ?

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Voyager vers l'inaccompli avec Yoon Ji Eun

Soudain, une lumière éblouissante. Des formes apparaissent, bougent puis valsent, portées par une brise invisible. Tout est de souplesse, d’angles, de textures et de couleurs. En scrutant attentivement, des fragments se révèlent : ils sont cheveux, arbres, jambes, architectures, brins d’herbe…

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“Hey What” de Low, fréquentable mais … par Etienne Greib

Je ne suis pas sûr que même le nouvel album de Low, disque censé nous relier à l’estime inaltérable que nous, sachants, éduqués, branchés ou plus rarement fans du groupe depuis le tout début, sommes censés porter à l’humanité puisse arranger quoi que ce soit. Un moment d’impatience, une révélation de la beauté, soit. Porter aux nues, pourtant, portant fièrement un humanisme contrarié à chaque instant. Voilà de quoi il s’agit. Le problème du disque (pas de l’humanité, quoique), c’est que le précédent a vu juste et celui-là ne sait pas trop où il va.

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“Magic” : L’art de l’enchantement

De l’art de l’enchantement expliqué aux béotiens, ou comment découvrir les plus grands magiciens du Moyen Âge aux années 1950. Si vous n’êtes pas encore fan d’American Pickers, une émission de brocante US diffusée par RMC 24, ce livre en format XL concocté par Taschen, écrit par Mike Caveney, Jim Steinmeyer et Ricky Jay, édité par Noël Daniel, va vous en mettre plein les yeux et vous rendre accro à ces sortes d’images. C’est Magic 1400s–1950s et donne envie de redevenir enfant.

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Le MOMA colle bien aux murs du Jeu de Paume

En 2001 et 2017, le MOMA de New York a fait l’acquisition de plus de 350 photographies provenant de la collection privée d’un ami d’André Kertesz, Thomas Walther. Cet ensemble, ici de 238 images, est présenté pour la première fois en France. Constitué d’œuvres iconiques de la première moitié du XXe siècle, l’ensemble écrit, mine de rien, une histoire des avant-gardes européennes et américaines.

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En labourant les sillons de la rentrée en cinq chants

Pourquoi choisir entre le clavecin classique de Jean Rondeau, la pop-rap gouleyante de Lil NAS X, le dub jazz du Moritz Von Oswald trio, les envolées passées de Leslie Winer et la harpe électro-tonale de Nala Sinaphro. Ne quittez pas l’écoute… revue de sorties.

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MUSIQUEL'Autre QuotidienJean-Pierre (disco non troppo) Simard le 20/09/2021, Jean Rondeau - Melody Grace - Erato, Lil NAS X- Montero - Columbia/ Sony, Moritz Von Oswald Trio - Dissent - Chapter Recording, Moritz Von Oswald Trio - Dissent - Chapter Recording£, Va falloir choisir entre le clavecin classique de Jean Rondeau, la pop-rap gouleyante de Lil NAS X, le dub jazz du Moritz Von Oswald trio, les envolées passées de Leslie Winer et la harpe électro-tonale de Nala Sinaphro. Ne quittez pas l’écoute… revue de sorties. Pour son nouvel opus chez Erato, Melancholy Grace, Jean Rondeau propose un voyage poétique et mélancolique en compagnie des grands compositeurs italiens, anglais, allemands et hollandais de la fin de la renaissance au grand siècle. Un programme cher au cœur du claveciniste, qui joue ces musiques depuis tout petit : "ce sont des musiques que j'écoute depuis tout petit, j'ai presque commencé le clavecin sur ces musiques-là." . L’album appelle au voyage, grâce notamment à la multiplicité de compositeurs qui y figurent : Frescobaldi, Luigi Rossi, Picchi, Luzzaschi, Sweelinck, Dowland, Bull ou encore Gibbons. Le claveciniste français a conçu cet album comme le dialogue de deux voix faisant contraste : la mélancolie musicale traduite par le chromatisme et la mélancolie émotionnelle des larmes et des pleurs. Jean Rondeau nous explique : "je ne voulais pas tomber dans la mélancolie un peu sombre, mais plutôt y percevoir une approche commune : que se passe-t-il dans ces musiques pour faire résonner un affect commun ?" Afin de séparer ces deux voix et de parfaitement les comprendre, Jean Rondeau se dote de deux clavecins : un virginal italien de forme compacte datant de 1575, et une réplique moderne d’un clavecin du XVIIIe siècle pour les pièces « chromatiques ». A l'écoute, on notera tout de suite le net écart de timbre de ces instruments. Si tous deux ont bien des cordes pincées, leur structure est différente, chacun ayant son mécanisme et sa forme propre. Passer de l’un à l’autre est un peu comme entendre un texte déclamé par deux personnages. Jean Rondeau insiste par ailleurs sur le fait qu’il a, dans cet enregistrement, délibérément renoncé au tempérament égal, autrement dit à l’accord de chaque octave en douze demi-tons égaux. Si le programme se referme sur les Lachrimae Verae (Vraie larmes) de JohnDowland, ces dernières constituent à certains égards le point de départ conceptuel de « Melancholy Grace », ainsi que les clavecins, au cœur du disque, comme le dit Jean Rondeau "le point de départ ici fut le virginal du XVIe siècle, il fut très frappant. C'était un choix de mettre deux instruments au sein d'un même disque !" Depuis qu'il a acheté un beat en ligne pour 30 dollars et qu'il l'a transformé en Old Town Road - qui est devenu le numéro 1 le plus long de l'histoire des États-Unis, s'est vendu à 18, 5 millions d'exemplaires et a provoqué un débat sur les frontières entre les genres et l'attitude de la musique country vis-à-vis de la race - le jeune homme de 22 ans a été une présence constante au sommet des charts : cinq autres singles de platine, et tellement de récompenses et de nominations qu'elles nécessitent leur propre page Wikipedia. Il est devenu une présence si familière qu'il est facile d'oublier le phénomène extraordinaire qu'il est. Il ne s'agit pas seulement du fait que l'un des plus grands rappeurs du monde soit homosexuel - une attitude éclairée vis-à-vis de l'homosexualité n'a jamais figuré en bonne place sur la liste des vertus du hip-hop - mais aussi du fait qu'il soit homosexuel et qu'il place sa sexualité au premier plan dans sa musique. Son dernier single, Industry Baby, était accompagné d'une vidéo se déroulant dans une prison, dans laquelle Lil Nas X dirige une troupe d'hommes nus dans un numéro de danse dans les douches. Les paroles ajoutent le fait d'être gay à la liste des choses dont les rappeurs se vantent, au milieu des trucs habituels sur les casiers et les plaques et des suggestions pour que les rivaux apportent leurs soldats : "Je suis un nigga pop comme Bieber", se vante-t-il, "Je ne baise pas les salopes - je suis pédé". Si vous avez besoin d'une confirmation du climat dans lequel il dit ce genre de choses, Industry Baby a été produit par Kanye West, dont l'album actuel contient une collaboration avec le ouvertement homophobe DaBaby. Nobody’s perfect… Un cynique dirait que Lil Nas X a bénéficié de la guerre culturelle en cours, que les voix libérales se sentent obligées de louer son travail au plus haut point. Ce que Montero prouve, c'est qu'il n'a absolument pas besoin de plaidoyer spécial. Il atteint un éclectisme impressionnant entre le hip-hop et la pop, passant avec assurance de rythmes trap et de cornes martiales à un hard rock grinçant et distordu, d'une musique qui rappelle le R&B du début des années 2000 à des ballades de stade. Le changement de genre est unifié par les mélodies. D'une chanson à l'autre, l’album a plus d'accroches - et des accroches plus fortes - que n'importe quel autre grand album de rap sorti jusqu'à présent en 2021 : le refrain indélébile de That's What I Want, la mélodie lumineuse en désaccord avec les paroles inconsolables de Tales of Dominica ; Dead Right Now, qui est suffisamment riche et succulent pour que les auditeurs vérifient le générique pour voir quel morceau de soul des années 70 il sample, pour découvrir qu'il est original. Il y a une réelle confiance dans sa variété - vraisemblablement soutenue à la fois par son succès à ce jour et par le fait qu'il peut chanter aussi bien qu'il peut rapper - et une confiance, aussi, dans sa structure. L'album commence par des morceaux qui se pavanent et se vantent, avant que la température émotionnelle ne chute soudainement. Finies les fanfaronnades et les apparitions de Nicki Minaj, place à des chansons plus sombres. Celles-ci traitent de la dépression, de la solitude - Void semble être adressé au styliste de Lil Nas X, Hodo Musa, et semble suggérer que leur relation est la plus proche de sa vie - et de son adolescence sinistre, marquée par les abus parentaux et les luttes avec sa sexualité, et animée seulement par sa vie en ligne, "stanning Nicki morning into dawn". On s'attend à ce que l'album se rassemble et se termine sur une note optimiste, mais ce n'est pas le cas. Au lieu de cela, il se termine par Am I Dreaming, une ballade troublante dans laquelle on retrouve une Miley Cyrus à l'air angoissé. "Ne m'oubliez jamais, ni tout ce que j'ai fait", chante-t-il, comme s'il s'attendait à ce que sa vague de succès actuelle soit éphémère. Au vu de Montero - un album dont on peut extraire à peu près n'importe quel titre et être récompensé par un tube - il n'a pas à s'inquiéter. Pour son dernier disque, Von Oswald, dont les collaborateurs s’étendent de Mark Ernestus à Juan Atkins en passant par le regretté Tony Allen, a travaillé avec Laurel Halo et le batteur de jazz Heinrich Köbberling. Conformément aux précédents enregistrements MVOT, Dissent a été enregistré à Berlin en novembre et décembre 2020. Puis il a été édité à partir d’une série de jams sessions prolongées. “Alors que le trio évolue vers des fondations stables dans le bruit et le groove, la danse fait signe, rappelant certaines des inclinations plus jazzées de la techno tout en virant librement vers un territoire inconnu” Il faut rappeler, pour cet ancien ingénieur du son de chez Dubplates & Mastering né à Hambourg, qu’il n’en est point à son coup d’essai. En effet le résident de chez Tresor, peut se targuer d’avoir laissé quelques GROS souvenirs … Pour ceux qui aurait oublié ou simplement loupé le phénomène, il faut citer quelques chiffres ronflants pour pouvoir comprendre la teneur du travail. En ce qui concerne sa carrière avec le trio, nous recensons 7 albums et 2 single et EP; en outre sa carrière personnelle compte pas moins de 6 albums ainsi que 10 singles et EP. Le projet le plus marquant fût sans conteste sa collaboration avec Juan Atkins de 2013 à 2017 sur le projet Borderland. Quel destin rocambolesque que celui de Leslie Winer! Quelques heures après sa naissance, on la vendait dans le stationnement de l’hôpital pour la somme de 10 000$. Des années plus tard, elle quittait le Massachusetts pour aller étudier les arts visuels à New York. Après s’y être acoquinée avec nul autre que William S. Burroughs, elle entama une fructueuse carrière de top model au début de laquelle elle vécut avec Jean-Michel Basquiat. Le designer Jean-Paul Gauthier dira plus tard d’elle qu’elle aura été « le premier modèle androgyne ». Son travail l’amena en Angleterre où elle fit quelques rencontres qui l’aidèrent à concrétiser sa passion pour la musique : Kevin Mooney (Adam and the Ants), Jah Wobble (Public Image Ltd.) et Karl Bonnie (Renagade Soundwave). En 1990, elle publia Witch, son premier album qui, bien que remarqué par le fameux dj John Peel, ne rencontra qu’un maigre succès d’estime. Elle continua néanmoins son travail musical, multipliant les collaborations et inspirant de nombreux artistes tels Grace Jones, Boy George et Sinéad O’Connor qui chanteront tour à tour ses compositions. Elle réside maintenant dans la campagne française où elle a élevé les cinq filles qu’elle a eues avec Kevin Mooney. L’étiquette Light in the Attic fait aujourd’hui œuvre essentielle en faisant paraître When I Hit you – You’ll Feel It, une anthologie résumant le parcours de cette créatrice visionnaire que l’industrie n’a pas toujours su prendre au sérieux. Les quelques pièces de Witch au programme nous font comprendre pourquoi des critiques ont déclaré que cet album faisait de Winer l’ancêtre du trip-hop. Bien qu’un brin tirée par les cheveux, cette déclaration n’est pas complètement erronée. Ses boucles rythmiques répétitives et les ambiances nocturnes qu’il déploie en font effectivement un disque précurseur. Sur ses trames sonores minimalistes, la musicienne déclame sa poésie féministe revendicatrice d’une voix nonchalante. En fait, on a parfois l’impression d’entendre une Laurie Anderson qu’aurait remixée un magicien du dub comme Lee Scratch Perry. Parmi les autres joyaux que recèle cette compilation, quelques-uns font état des collaborations fécondes auxquelles l’artiste prit part. En compagnie de Mekon, Jon Hassell, Christophe Van Huffel, Diamond Version ou Jay Glass Dubs, elle amène ses sombres cantiques engagés visiter une grande variété d’univers : électro de pointe, jazz mutant, americana hallucinée.. Un grand merci à Light in the Attic! Il était grand temps que plus de gens puissent découvrir cette poète-sorcière dotée du don de prophétie musicale. Après des concerts électrisants sur la scène londonienne, la réputation de Nala Sinephro s'est rapidement répandue sur la scène jazz britannique, ce qui lui a permis de se produire dans le cadre de la célèbre soirée jazz Steam Down, tout en jouant avec et en accompagnant des artistes comme Demae, Eun, Coby Sey, Rosie Turton, Robert Ames, le London Contemporary Orchestra, Touching Bass, Spitfire Audio, Nadeem Din-Gabisi. Elle a été désignée par le Guardian comme l'une des artistes à suivre en 2020, a reçu le soutien de Gilles Peterson et est DJ résidente sur NTS, où elle partage chaque mois des sélections de sons célestes. En 2021, elle a rejoint l'innovant catalogue de Warp Records, où elle continue à tisser son univers sonore unique. La musique de Nala Sinephro combine sons méditatifs, sensibilités jazz, folk et enregistrements de terrain. Sa pratique musicale est ancrée dans l'étude de la fréquence et de la géométrie et guidée par le principe que le son déplace la matière. Son premier album Space 1.8 prend la forme d'une structure métaphysique, où chaque espace curatif est un cocon semblable à un utérus créé par Nala Sinephro au service du soulagement et d’une liberté affirmative et extatique. Space 1.8 a été composé, produit, interprété, conçu, enregistré et mixé par Nala Sinephro à l'âge de 22 ans. Sur cet album, elle joue des synthés modulaires et de la harpe à pédales aux côtés de ses amis James Mollison, Shirley Tetteh, Nubya Garcia, Eddie Hick, Dwayne Kilvington, Jake Long, Lyle Barton, sillons de la rentrée