Débats | Ce mouvement horizontal et décentralisé ne coïncide avec lui-même ni dans l’espace ni dans le temps. Ses lignes ne cessent de bouger. Les artistes en sont absents, regrette Gérard Noiriel, mais il est à lui seul un gigantesque work in progress et, comme le mouvement des places, obéit intuitivement aux principes de l’improvisation. Le besoin d’appréhender toute mobilisation comme une totalité finie, à la signification univoque, est mis en échec et a conduit nombre de militant.e.s ou sympathisant.e.s de gauche à attribuer au tout la caractéristique (antisémite, islamophobe, sexiste) d’une partie, tout en appliquant à ce mouvement protéiforme une grille de lecture héritée des formes de mobilisation centralisées et / ou organisées autour d’éléments de langage relativement invariables.
Read MoreDimitris Alexakis | Au début, le jeune homme sur les images n’a pas de nom. Nous le regardons mourir avant de savoir qui il est. C’est n’importe qui. Ce n’est personne. La scène a été capturée par une caméra ou un portable en surplomb, à quelques mètres de la scène, et les images sont de mauvaise qualité. Puis, au bout de quelques heures, la silhouette que deux hommes frappent en plein jour dans le centre d’Athènes acquiert un nom. Nous recevons la nouvelle en plein cœur : le jeune homme à terre n’est autre que Zak, collègue, ami d’enfance ou simple voisin, amant ou être cher, performer et reine des drag shows athéniens sous le nom de Zackie Oh !, militant des droits de la communauté LGBTQI et séropositif — un des seuls à parler publiquement, en Grèce, de son statut sérologique.
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