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"De nos frères blessés" de Hélier Cisterne

La rengaine entonnée par De nos frères blessés est sur-entendue : la grande histoire par le petit bout de la lorgnette, les faits à hauteur de l'humain, l'affaire des personnes plutôt que celle des forces impersonnelles. Destituer les majuscules de l'histoire au nom des petites généricités de l'intimité reste une opération consensuelle, favorable à toutes les réductions, toutes les trahisons. Entonner la rengaine du petit bout de la lorgnette comme s'y prête Hélier Cisterne, c'est entamer les paroles d'une chanson connue, celle des amours plus transparentes que les engagements politiques. C'est aussi déclamer à la cantonade qu'il y a des justes qui le sont moins pour des idées que par vertu. C'est encore verser dans le gros tonneau du cinéma français la vie de Fernand Iveton, vie d'exception et d'exemplarité tristement passée au laminoir de rassembleuses banalités.

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La dystopie du Paradis Sale de Bertrand Mandico : After Blue !

En reprenant les codes du western psychédélique, Bertrand Mandico ravive son versant contre-culturel qui avait fait les beaux jours des Midnight Movies des 70’s avec le El Topo de Jodorowsky. Mais à cela, il ajoute la touche d’actualité qui colle le frisson en balançant du même coup une dystopie féministe sur une planète uniquement habitée par des femmes, après le grand cataclysme qui a vu disparaître les hommes du genre humain… Western et psy. Du grand Mandico !

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West Side Story, le remake, toujours plus, toujours trop

West Side Story : l'entreprise interroge mais on ne s'étonne pas longtemps que Steven Spielberg en ait initié le remake, lui qui incarne la jonction entre la fin de l'âge classique hollywoodien et le devenir-disneyien de l'industrie du divertissement. Si la version de 2021 gagne en lucidité sur un processus de gentrification relégué dans le hors-champ de la version de 1961, les ruines urbaines abritent les mêmes schémas spielbergiens, adolescents refusant de grandir dans un monde post-apocalyptique, qui disent la vérité d'une culture saturée quand elle n'a pas d'autre objet qu'elle-même.

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Lève les yeux, et pas seulement sur la comète !

Don't look up est intéressant pour plusieurs raisons. La principale concerne le sort possible de nos efforts pour changer le monde et communiquer l'urgence de ce changement, mais aussi faire de cette communication un instrument d'action commune et collective. Il ne suffit pas de lever les yeux pour voir la comète fondre sur Terre (le changement climatique plus que la pandémie), il faut reconnaître et renverser l'ordre hiérarchique de la société dans lequel le profit passe avant tout.

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Daech, le cinéma et la mort, de Jean-Louis Comolli

Changement de paradigme : les tyrans du vingtième siècle s'efforçaient de cacher leurs crimes; l'état islamique, à l'inverse, exhibe les siens. L'impensable est donc ce qu'il faudra malgré tout s'efforcer de penser. Sa propagande hérite d'une histoire qui, avant d'être celle des médias, aura été celle du cinéma, mais qui est devenue depuis l'histoire des visibilités à l'ère du numérique.

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Akira Kurosawa : du Japon vers l'universel et au-delà

Akira Kurosawa a fait toute sa carrière au sein du système des puissants studios japonais (Shochiku, Toho) comme scénariste et surtout comme réalisateur, alternant les genres : cinéma d’action - de La Légende du grand judo à Sanjuro -, grandes fresques historiques flamboyantes - Kagemusha, Ran -, films noirs - Chien enragé -, drames contemporains intimistes - Vivre - ou adaptations d’auteurs occidentaux, comme le MacBeth de Shakespeare avec le Château de l’araignée ou le Hamlet en polar avec Les Salauds dorment en paix, Les Bas-Fonds de Gorki, ou l’Idiot de Dostoïevski.

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« La Fracture » de Catherine Corsini : Bobos partout, cinéma nulle part

La France va mal, la France a mal, elle a des bobos partout, amours à la dérive, Gilets jaunes en colère, hôpital en danger. Mais la chirurgie de La Fracture est une médecine à la Knock qui ne prend soin de rien quand le social en galère est un raffut de demandes ramenées aux plus petits dénominateurs communs, le bordel et l'hystérie.

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Emile Cohl, l'inventeur du dessin animé par Jean-Jacques Birgé

En 2008 était paru un magnifique livre (toujours disponible) sur Émile Cohl, l'inventeur du dessin animé, 170 pages grand format, préfacé par Isao Takahata (le réalisateur du Tombeau des lucioles et Mes voisins les Yamada) et agrémenté de 2 DVD Gaumont Pathé Archives comportant l'intégralité des films existants (mais seulement 1/5 de l'œuvre) de ce personnage illustre et méconnu (ed. omniscience), Émile Cohl, dont je reproduis ci-dessous Fantasmagorie, premier dessin animé de l'histoire du cinéma.

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Le vide après le néant : "Raining in the Mountain"

Confucius l'a dit : « Trente rayons convergents, réunis au moyeu, forment une roue ; mais c'est son vide central qui permet l'utilisation du char». Voilà à quoi sert le MacGuffin de “Raining in the Mountain” : c'est l'objet rare et précieux du parchemin pourtant anéanti par King Hu qui a composé l'architecture de son film tel un monastère sur roue qui en éclaire le vide central, au diapason du « chan ».

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Histoire de cinéma – L'Assassin sans visage (1948) de Richard Fleischer

Qui est le Juge ? Le tueur en série qui frappe les soirs de pluie est une ombre vagabonde, une silhouette spectrale, un spectre obscène qui mouille en jouissant d'obséder l'enquêteur chargé de l'arrêter. Un mannequin dit ce qu'il en est d'un homme sans visage, sinon celui d'une personne sans personne. Le vide du tueur en série se remplit de pulsions dont les restes engorgent les caniveaux, mais aussi du fantasme ignoré de ses spectateurs qui participent de sa folle entreprise de reconnaissance, symbolique et diabolique.

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Deux ou trois choses que l'on sait de Wang Bing, l'œil qui marche

Derniers jours de l’expo au Bal. Homme de télé tourné vers la cinéma en récupérant une caméra sonorisée, Wang Bing est un cinéaste qui tente de saisir le réel dans sa continuité et n’hésite pas à en saisir les subtilités/modalités en tournant des œuvres qui font jusqu’à 15 heures. C’est le cinéaste chinois de ces dernières années.

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“Ujicha”, le plus frappé des réal d'anime japonais de gekimation

Si pendant des années, il n’y en a eu que pour le Studio Ghibli et la troupe du génial Miyazaki, depuis peu d’autres techniques apparaissent, comme la “gekimation” chère à Ujicha. Un détour s’impose avec la sortie du DVD regroupant 3 courts, The Burning Buddha Man de 2013 et le redoutable et flamboyant Violence Voyager de 2018.

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Abbas Kiarostami s'offre les Chemins de la liberté à Beaubourg

Depuis Où est la maison de mon ami ?, en 1987, puis Le Goût de la cerise, dix ans plus tard, pour lequel il reçoit la Palme d’or au Festival de Cannes, Abbas Kiarostami est considéré comme le maître du cinéma iranien. Cinéaste, scénariste, mais aussi photographe, il était un artiste total, dont la production est aussi dense que polymorphe et dont l’influence s’impose aujourd’hui. Le Centre Pompidou revient sur l’ensemble de son œuvre, à travers une rétrospective intégrale et une exposition inédite.

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Furie (2020) d'Olivier Abbou : Périphérie vs. Périphérie

De retour de vacances, une famille découvre, horrifiée, que les locataires auxquels elle a gentiment prêté sa maison pour les dépanner le temps de l'été refusent de quitter les lieux. Ils y sont, ils y restent, ils ne partiront pas. L'horreur est à l'expropriation des propriétaires. D'autant que le chef de famille croyait en être prémuni après avoir coché toutes les cases de la bonne intégration sociale, statut de la fonction publique et emploi de professeur, femme blanche et maison à la campagne. Cela ne suffit donc pas à l'homme qui voit dans la situation l'odieux rappel aux stigmates de la peau et de ses origines antillaises.

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