Une hilarante trituration passionnée de l’histoire du cinéma, qui en découvre bien des vérités dans le montage de l’absurde, à l’envers lorsque nécessaire et dans la joie caustique en permanence.
Read MoreLa rengaine entonnée par De nos frères blessés est sur-entendue : la grande histoire par le petit bout de la lorgnette, les faits à hauteur de l'humain, l'affaire des personnes plutôt que celle des forces impersonnelles. Destituer les majuscules de l'histoire au nom des petites généricités de l'intimité reste une opération consensuelle, favorable à toutes les réductions, toutes les trahisons. Entonner la rengaine du petit bout de la lorgnette comme s'y prête Hélier Cisterne, c'est entamer les paroles d'une chanson connue, celle des amours plus transparentes que les engagements politiques. C'est aussi déclamer à la cantonade qu'il y a des justes qui le sont moins pour des idées que par vertu. C'est encore verser dans le gros tonneau du cinéma français la vie de Fernand Iveton, vie d'exception et d'exemplarité tristement passée au laminoir de rassembleuses banalités.
Read MoreEn reprenant les codes du western psychédélique, Bertrand Mandico ravive son versant contre-culturel qui avait fait les beaux jours des Midnight Movies des 70’s avec le El Topo de Jodorowsky. Mais à cela, il ajoute la touche d’actualité qui colle le frisson en balançant du même coup une dystopie féministe sur une planète uniquement habitée par des femmes, après le grand cataclysme qui a vu disparaître les hommes du genre humain… Western et psy. Du grand Mandico !
Read MoreLa Russie occupe la Norvège avec l'assentiment de l'UE pour s'approprier son pétrole. Face à cette occupation “douce”, citoyens et politiques norvégiens doivent faire un choix : résister ou collaborer ? Politique-fiction ? Pablo Iglesias y voit plutôt un avertissement à tenir en compte.
Read MoreWest Side Story : l'entreprise interroge mais on ne s'étonne pas longtemps que Steven Spielberg en ait initié le remake, lui qui incarne la jonction entre la fin de l'âge classique hollywoodien et le devenir-disneyien de l'industrie du divertissement. Si la version de 2021 gagne en lucidité sur un processus de gentrification relégué dans le hors-champ de la version de 1961, les ruines urbaines abritent les mêmes schémas spielbergiens, adolescents refusant de grandir dans un monde post-apocalyptique, qui disent la vérité d'une culture saturée quand elle n'a pas d'autre objet qu'elle-même.
Read MoreDon't look up est intéressant pour plusieurs raisons. La principale concerne le sort possible de nos efforts pour changer le monde et communiquer l'urgence de ce changement, mais aussi faire de cette communication un instrument d'action commune et collective. Il ne suffit pas de lever les yeux pour voir la comète fondre sur Terre (le changement climatique plus que la pandémie), il faut reconnaître et renverser l'ordre hiérarchique de la société dans lequel le profit passe avant tout.
Read MoreChangement de paradigme : les tyrans du vingtième siècle s'efforçaient de cacher leurs crimes; l'état islamique, à l'inverse, exhibe les siens. L'impensable est donc ce qu'il faudra malgré tout s'efforcer de penser. Sa propagande hérite d'une histoire qui, avant d'être celle des médias, aura été celle du cinéma, mais qui est devenue depuis l'histoire des visibilités à l'ère du numérique.
Read MoreAkira Kurosawa a fait toute sa carrière au sein du système des puissants studios japonais (Shochiku, Toho) comme scénariste et surtout comme réalisateur, alternant les genres : cinéma d’action - de La Légende du grand judo à Sanjuro -, grandes fresques historiques flamboyantes - Kagemusha, Ran -, films noirs - Chien enragé -, drames contemporains intimistes - Vivre - ou adaptations d’auteurs occidentaux, comme le MacBeth de Shakespeare avec le Château de l’araignée ou le Hamlet en polar avec Les Salauds dorment en paix, Les Bas-Fonds de Gorki, ou l’Idiot de Dostoïevski.
Read MoreLa France va mal, la France a mal, elle a des bobos partout, amours à la dérive, Gilets jaunes en colère, hôpital en danger. Mais la chirurgie de La Fracture est une médecine à la Knock qui ne prend soin de rien quand le social en galère est un raffut de demandes ramenées aux plus petits dénominateurs communs, le bordel et l'hystérie.
Read MoreTandis que les années 70 étaient évoquées je me disais que ce voyage dans le passé de la légendaire Librairie Parallèles ne parlait qu'à ceux qui l'avaient connue alors, et puis comme se présentent les années 80 qui m'avaient échappé, j'ai été happé par la suite et j'ai rectifié ma pensée.
Read MoreEn 2008 était paru un magnifique livre (toujours disponible) sur Émile Cohl, l'inventeur du dessin animé, 170 pages grand format, préfacé par Isao Takahata (le réalisateur du Tombeau des lucioles et Mes voisins les Yamada) et agrémenté de 2 DVD Gaumont Pathé Archives comportant l'intégralité des films existants (mais seulement 1/5 de l'œuvre) de ce personnage illustre et méconnu (ed. omniscience), Émile Cohl, dont je reproduis ci-dessous Fantasmagorie, premier dessin animé de l'histoire du cinéma.
Read MoreÀ voir les jaquettes de “Verboten “ et “Les bourreaux meurent aussi”, deux films contre le nazisme de Fritz Lang et Samuel Fuller réédités en DVD, il est prudent de s'y prendre à deux fois avant de tourner à l'angle d'une rue ! La vermine n'est jamais très loin.
Read MoreLe temps des mues nouvelles pilotées par Denis Villeneuve donne l'occasion de faire le point vérifiant le rapport profond, esthétique et politique, des tentatives d'adaptation de l'inadaptable cycle de romans de Frank Herbert avec leur contexte de production, industriel autant qu'historique.
Read MoreConfucius l'a dit : « Trente rayons convergents, réunis au moyeu, forment une roue ; mais c'est son vide central qui permet l'utilisation du char». Voilà à quoi sert le MacGuffin de “Raining in the Mountain” : c'est l'objet rare et précieux du parchemin pourtant anéanti par King Hu qui a composé l'architecture de son film tel un monastère sur roue qui en éclaire le vide central, au diapason du « chan ».
Read MoreQui est le Juge ? Le tueur en série qui frappe les soirs de pluie est une ombre vagabonde, une silhouette spectrale, un spectre obscène qui mouille en jouissant d'obséder l'enquêteur chargé de l'arrêter. Un mannequin dit ce qu'il en est d'un homme sans visage, sinon celui d'une personne sans personne. Le vide du tueur en série se remplit de pulsions dont les restes engorgent les caniveaux, mais aussi du fantasme ignoré de ses spectateurs qui participent de sa folle entreprise de reconnaissance, symbolique et diabolique.
Read MoreQuand Takeshi Kitano regarde le spectateur, c'est incroyable à quel point son regard peut porter si loin en plongeant si profond. Deux films importants se closent sur son regard, fin de Furyo (1983) de Nagisa Ôshima et fin de Battle Royale (2000) de Kinji Fukasaku et, à chaque fois, son visage donne à l'image la valeur renversante d'un miroir à retardement.
Read MoreDerniers jours de l’expo au Bal. Homme de télé tourné vers la cinéma en récupérant une caméra sonorisée, Wang Bing est un cinéaste qui tente de saisir le réel dans sa continuité et n’hésite pas à en saisir les subtilités/modalités en tournant des œuvres qui font jusqu’à 15 heures. C’est le cinéaste chinois de ces dernières années.
Read MoreSi pendant des années, il n’y en a eu que pour le Studio Ghibli et la troupe du génial Miyazaki, depuis peu d’autres techniques apparaissent, comme la “gekimation” chère à Ujicha. Un détour s’impose avec la sortie du DVD regroupant 3 courts, The Burning Buddha Man de 2013 et le redoutable et flamboyant Violence Voyager de 2018.
Read MoreDepuis Où est la maison de mon ami ?, en 1987, puis Le Goût de la cerise, dix ans plus tard, pour lequel il reçoit la Palme d’or au Festival de Cannes, Abbas Kiarostami est considéré comme le maître du cinéma iranien. Cinéaste, scénariste, mais aussi photographe, il était un artiste total, dont la production est aussi dense que polymorphe et dont l’influence s’impose aujourd’hui. Le Centre Pompidou revient sur l’ensemble de son œuvre, à travers une rétrospective intégrale et une exposition inédite.
Read MoreDe retour de vacances, une famille découvre, horrifiée, que les locataires auxquels elle a gentiment prêté sa maison pour les dépanner le temps de l'été refusent de quitter les lieux. Ils y sont, ils y restent, ils ne partiront pas. L'horreur est à l'expropriation des propriétaires. D'autant que le chef de famille croyait en être prémuni après avoir coché toutes les cases de la bonne intégration sociale, statut de la fonction publique et emploi de professeur, femme blanche et maison à la campagne. Cela ne suffit donc pas à l'homme qui voit dans la situation l'odieux rappel aux stigmates de la peau et de ses origines antillaises.
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