La crise du COVID-19 cause beaucoup de souffrance, et particulièrement pour les travailleurs. Mais la crise mène également à des résultats assez contradictoires (et potentiellement intéressants) dans le monde du travail. Sous nos yeux, la crise du COVID-19 interroge la légitimité de cette hiérarchie des compétences qui place tout en bas les emplois nécessaires à la sauvegarde de la vie et de la société. Il est difficile de prédire l'avenir et, finalement, de savoir si ces emplois conserveront le statut plus respectable qu'ils ont acquis pendant le confinement une fois la pandémie terminée, et si les applaudissements seront suivis d'une augmentation réelle des salaires. Mais la crise créée par la pandémie a clairement fait comprendre que de nombreux travailleurs des secteurs vitaux pourraient ne plus accepter de conditions dangereuses pour le même bas salaire.
Read MoreCe n’est pas ce texte qui va calmer les polémiques sur les mises en garde d’Agamben contre les mesures de contrôle prises sous le prétexte de lutter contre le coronavirus. Que va-t-on dire aujourd’hui ? Qu’il attaque la science, qu’il présente comme la religion d’aujourd’hui ? Ce n’est pourtant pas faux, à en juger par la foi absolue (et l’absolutisme qui va avec) des partisans et adversaires de tel ou tel médicament ou médecin. Il y a bien un aspect religieux là-dedans. Et la médecine, cette partie de la science où la dogmatique est moins rigoureuse et l'aspect pragmatique plus fort, comme le rappelle dans ce texte Agamben, est devenu le grand champ de bataille culturelle de notre époque.
Read MoreLa sociabilité humaine ne peut se limiter aux transactions de marché, qui se poursuivent au milieu des interdictions. Le marché peut devenir «virtuel», mais l'espace public, en tant qu'espace où se forment et contrastent les visions et les directions pour l'avenir, a besoin de la coexistence physique, du mouvement et de l'action des personnes qui s'y trouvent.
Read MoreComment a-t-il pu arriver qu’un pays tout entier s’écroule éthiquement et politiquement face à une maladie sans s’en rendre compte? Les mots que j'ai utilisés pour formuler cette question ont été soigneusement évalués un par un. La mesure d'abdication de ses principes éthiques et politiques est en effet très simple : il s'agit de se demander quelle est la limite au-delà de laquelle on n'est pas disposé à renoncer à eux.
Read MoreCe qui est inquiétant, ce n'est pas tant, ou pas seulement, le présent, mais ce qui vient après. Tout comme les guerres ont laissé un héritage à la paix, une série de technologies de mauvais augure, du fil de fer barbelé aux centrales nucléaires, il est également très probable que les gouvernements cherchent à continuer à exercer le contrôle étendu sur la population que leur a permis d’expérimenter cette période d'urgence sanitaire : fermer les universités et les écoles et faire des cours uniquement en ligne, arrêter une fois pour toutes de se réunir et de parler pour des raisons politiques ou culturelles, et d'échanger uniquement des messages numériques, en remplaçant chaque fois que possible chaque contact - chaque “contagion” - entre les êtres humains, par des machines.
Read MoreIl semblerait que, le terrorisme étant épuisé comme cause de mesures d’exception, l’invention d’une épidémie puisse offrir le prétexte idéal pour les étendre au-delà de toutes les limites.
Read MoreVers quoi se dirige le travail humain ? À quoi ressemblera-t-il demain ? Quelles seront les formes variées qui en coexisteraient éventuellement dans un futur proche ou plus lointain ? Quelles en seront les conditions de réalisation, les coefficients d’aliénation ou de libération, le rôle social et politique ? Autant de questions qui animent – et pas toujours assez – les débats scientifiques et politiques.
Read MoreExtinction Rebellion suscite autant de méfiance que d'engouement. Pourquoi soutenir le mouvement et jusqu’à quel point ? Pour répondre, je commencerai par revenir sur les critiques qui lui sont faites avant d’examiner ce que le mouvement dit de lui-même dans un petit livre qui vient de sortir : “This is not a drill”.
Read MoreA partir de l’expérience du Women’s Lib américain, et de ses difficultés à se structurer démocratiquement, une lecture à notre avis indispensable à la réflexion des Gilets Jaunes, des insoumis, des marcheurs pour le climat.
Read MoreL’une des premières œuvres de Gilles Deleuze, et déjà un jalon essentiel, à la fois d’une certaine manière de pratiquer la lecture philosophique, et d’une tentative de compréhension combative d’une pensée complexe.
Read MoreChristian Perrot | Le 25 octobre 2018, est sortie en volume unique, aux éditions Quodlibet, l’œuvre qui a occupé Giorgio Agamben pendant vingt ans, le projet Homo sacer. Dans les volumes qui font partie de cette œuvre ont été définis et introduits dans le débat philosophique des concepts qui deviendront par la suite un patrimoine commun (quand ce ne serait que pour avoir fait souvent l’objet de critiques) dans la philosophie contemporaine : ceux de « sacertas », de « vie nue », de « camp », de « forme-de-vie », la dichotomie « bios/zôè », pour n’en citer que quelques-uns. Interlocuteur du Comité Invisible, entre autres insurgés de la pensée, et critique féroce de “l’état d’exception”, qui n’a plus rien d’exceptionnel mais tout de “normal" aujourd’hui, Giorgio Agamben nous importe (et nous apporte) beaucoup.