Trop de pas assez : Rapid Shave disco du lundi

Tout le monde peut se tromper (quelquefois…), mais quand nos héros à l’oreille fine déraillent, on le note : Gilles Peterson avec un retour hoqueteux d’acid jazz, Lonnie Liston Smith avec Iggy Pop et Floating Point qui fait se planter Pharoah Sanders dans le lyrisme mou… 

A la base du projet STR4TA, on trouve deux acolytes de longue date, Gilles Peterson et Jean-Paul "Bluey" Maunick pour revigorer l'énergie libre et protéiforme de la scène Brit-funk du début des années 80. Une idée qui s’est vue confirmée par le discours d'acceptation de Tyler, the Creator aux Brit Awards 2020, où il a cité l'influence du "funk britannique des années 80". Partant de là, les deux compères ont sorti Aspect l’hiver dernier, sous forme de quais white Label - et le succès a été au rendez-vous poussé par des DJ’s influents. L’idée étant de retrouver le son des ces années avec les moyens techniques de l’époque et le côté un peu punk du propos, avec une idée de son brut à base de premières prises pour groover sans poli.

Alors, pour tous ceux qui n’ont pas subi en boucle Level 42 à la radio 80’s, c’est parfait. Pour les autres, dont je suis, il me semble que la beauté de Talkin’Loud, premier label de Peterson ( et influent magazine en son temps dans sa version papier) était de tisser des rapprochements entre funk, jazz, hip hop et techno naissante, pour retrouver l’nevie des pistes de danse, ne allant chercher ce qui groovait le plus et en le mixant aux sons des nouveautés d’alors. Et comme la vocation de digger de Peterson ne s’est jamais démentie, il a trouvé de nombreuses perles. Mais alors, pourquoi réenregistrer le son d’un monde d’avant le bouclage de nos vies, quand la musique actuelle n’a plus de débouchés, hein ?

Je me pose la question et vous la fait partager car pour moi cet album n’a aucun intérêt. Mais je peux me tromper… 

Plus satisfaisant des trois album dont on vous parle ce jour, le Breathe de Lonnie Liston Smith avec Iggy Pop sent le coup chez Blue Note. produit par Don Was, le boss lui-même, il offre ende 6 titres, fait un live agrémenté de deux titres initiaux et finaux avec Iggy, la reprise du Why Can’t We Live Togther de Timmy Thomas et le Sunshine Superman de Donovan. Pourquoi ça ? Parce qu(Iggy s’est découvert ces dernières années , un amour profond pour le jazz qu’il diffuse à longueur d’antenne sur son programme de la BBC. Comme il n’a jamais eu mauvais goût, cela permet d’y entendre, entre autre, Angel Bat Dawid . Breathe est le troisième album Blue Note de Dr Lonnie Smith depuis son retour en 2016. L’homme qui a sorti le Hammond B3 des mains de Jimmy Smith pour le faire groover autrement au début des 70’s, après avoir accompagné Lou Danaldson est comme un monument statufié dans son jus : ça balance ( pas mal à Paris ? ) et ça envoie dans les titres du septet avec l’’excellente chanteuse Alicia Olatuja ou encore avec la reprise barrée et marrante d’Epistrophy, mais comme Iggy tient beaucoup de place, il phagocyte un peu le projet… Erreur de casting versus on accumule pour faire sens ? C’est plaisant, mais quelque chose en fait un artefact zarbi. Découvrez quoi par vous -même… 

Je suis aussi assez chagrin avec Floating Points, Pharoah Sanders & The London Symphony Orchestra – Promises qui semble vouloir trouver des sources à l’ambient en conjuguant free, électronique et symphonique (mais presque). Floating Points est le groupe d’Andy Sheppard, grande anche du jazz anglais depuis es débuts sur Antilles qui adapte sa démarche à l’évolution des registres musicaux pour l’actualiser à l’ère électronique, avec souvent d’excellents résultats. Mais là, je reste en territoire connu, en me disant que le Pharoah Sanders employé ici aurait plutôt du se nommer Jan Garbarek ou Jon Surman. Tout le monde ira de son couplet sur le Spiritual Jazz; on évitera en, disant que l’erreur de casting est là - et seulement là…  Sanders employé de Sheppard pour un temps OK, mais avec un seul solo notable sur l’album c’est un peu court comme emploi… C’est à la fois une jolie reconstruction free avec les moyens de 2021, mais aussi un plan rétro-futuriste qui tombe à plat.

Ces trois albums n’ont rien de désagréable, parfois plaisants, mais avant tout agaçants dans leur démarche qui en plombe le résultat. Vous voilà prévenus.

Jean-Pierre Simard le 29/03/2021

STR4TA - Aspects - Brownswood
Dr Lonnie Liston Smith - Breathe - Blue Note

Floating Points, Pharoah Sanders & The London Symphony Orchestra – Promises - Luaka Bop

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