Ne (surtout) jamais perdre la boule avec Vikash Dhorasoo
Premier Indien à jouer une Coupe du Monde de Football, Vikash Dhorasoo évoque son parcours dans une BD dessinée par une autrice de bande dessinée belgo-mexicaine, Émilie Gleason, qui a reçu le prix révélation au festival d’Angoulême en 2019 pour son livre Ted drôle de coco (éd. Atrabile). On comprend aisément, à la vue de ses souvenirs qu’il se soit engagé dans le combat politique et les actions sociales. Décalé, plein d’humour et conscient. Excellent même.
Issu d’une famille d’immigrés indomauriciens, Vikash Dhorasoo a grandi dans les quartiers populaires du Havre avant de devenir footballeur. Depuis la fin de sa carrière, il mène de front plusieurs activités politiques et sociales. On l’avait vraiment apprécié filmant avec Fred Poulet, la Coupe du Monde perdue de 2006 en Afrique du Sud, avec pour la première fois, un joueur qui se rebellait et tenait un autre discours que celui de la FF et des discours polycopiés. En savoir plus sur le pourquoi et le comment d’une telle attitude, c’est ci et maintenant avec cette BD dessinée par cette autrice de bande dessinée belgo-mexicaine, Émilie Gleason qui a reçu le prix révélation au festival d’Angoulême en 2019 pour son livre Ted drôle de coco (éd. Atrabile). J’perds pas la boule est sa deuxième bande dessinée.
Vikash Dhorasoo évoque ses souvenirs de jeunesse depuis le temps où, avec ses copains, il était apprenti footballeur, jusqu’à l’apogée de sa carrière lors de la coupe du monde 2006. Gouailleur en diable, il dresse le portrait de joueurs loufoques, fans transis, entraîneurs bizarroïdes et autres politiciens roublards. On y croise Zinédine Zidane, Raymond Domenech, Carlo Ancelotti, Yannick Noah, Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi. Eu égard à la couleur de sa peau et à son statut de vedette, certaines de ces histoires ont bien failli lui faire perdre la boule. Heureusement, Vikash Dhorasoo a gardé le pied sur le ballon.
Avec beaucoup d’ironie, mettre à mal à la fois le merchandising qui fait gagner des fortunes à des équipementiers et ne pas suivre la doxa des présidents de club qui mettent des fortunes pour avoir les joueurs de pointe qui font les hauteurs des classements à venir, c’est avec Vikash Dhorasoo, un coin du voile (puant le voile) qui se lève. On vous laisse découvrir le reste, en 64 pages fournies en vie bien remplie et déconnades diverses ; sur fond de racisme omniprésent et d’abus de pouvoir. L’avant, le pendant et l’après de la vie d’un excellent joueur. Pas dupe.
Jean-Pierre Simard le 28/09/2020
Vikash Dhorasoo & Emilie Gleason - J’perds pas la boule - éditions Revival