Après Baltic Beat en 2016 qui offrait une version nordique du balearic beat, voici Earth Trax, LP1 du même Bartosz Kruczyński qui revoit la house avec un fond mélancolique assez séduisant et une redoutable efficacité. Le Chopin de l’ambient vient d’arriver - et bien arrivé !

A travailler en lien étroit avec des labels comme Shall Not Fade et Lobster Theremin, il est l'un des principaux producteurs d'un style qui peaufine des sons à l'allure apparemment mièvre pour leur donner des teintes bien plus profondes. En écoutant sa discographie, on a l'impression de feuilleter un catalogue IKEA - chaque disque essaie un style ou un motif différent avec flair. Mais ce n'est en aucun cas réducteur, car Kruczyński le fait avec habileté., tant il a l'oreille pour les mélodies qui affolent le palpitant. Son premier album résume ainsi le parcours : une house aux tons sépia, teintée de regret.

Son premier album de Shall Not Fade a beau commencer par un breakbeat percutant dans I'm Not Afraid, il est alourdi par des mélodies en mineur, tandis que sa voix semble plus désespérée qu'affirmative. Sur Adhocracy" les clichés transe des 90’s sont compensées par une mélodie drainée par la sérotonine. Et, en plus d'écrire des mélodies qui vous restent en tête, Kruczyński a un don pour les détails qui fait que même les airs les plus simples sont empreints de sentiment. LP1 est apparemment inspiré par le post-punk et la coldwave, bien qu'on ne puisse l'entendre que sur l'électro robotique Copies Of Copies, dont la batterie métallique sonnerait comme une version house du Dark Entries de Bauhaus.

On trouve, après avoir parcouru ses précédents essais, qu’il reste ici un peu trop dans sa zone de confort et tente peu de nouvelles choses, à nous offrir en album ses précédents et derniers EP. Seule consolation double : ça reste top et un seul album coûte moins cher que tous les maxis. On attend la suite avec impatience !

Jean-Pierre Simard le 5/30/2020

Earth Trax – LP1 - Shall Not Fade records