Backslash et Maxime Duveau vous offrent un Dernier arrêt à la station-service
Confino oblige, c’est seulement samedi dernier que Maxime Duveau a pu ouvrir sa dernière exposition “Dernier arrêt à la station-service” chez Backlash, près de République. Ne délaissant en rien sa fixette sur le noir et Los Angeles, il la redouble ici d’un détour par Conflans-Sainte-Honorine. Je vous fais le plein ?
On adore Maxime Duveau pour ses parti-pris multimédia (sans le dire) qui conjuguent - à partir d’un récit, ici une nouvelle écrite spécialement pour l’occasion - une histoire spécialement conçue à partir de photos redessinées, prises dans des endroits qu’il s’arrange pour rendre aussi singuliers que particuliers. Un peu comme si, réalisateur, il avait entrevu une histoire et avait tout mis en branle pour nous la faire partager.
L’exposition en deux parties, la première jusuq’à la fin de l’année et la seconde début 2021, opère ainsi une transition entre ces deux cités via une correspondance entre deux images urbaines lambda par excellence, la station service et le carrefour. Sujets parfaitement ordinaires qui se voient ici amplifiés et magnifiés par de grands formats dessinés et sérigraphiés. Avec ses dessins réalisés à partir d'images photographiques décomposées de manière obsessionnelle, un seul cliché peut devenir la matrice d’une multitude d'œuvres composées de manière hétéroclite, par le biais notamment du fusain, de la sérigraphie ou encore du tampon à l'encre de Chine. Ainsi la photographie d'un carrefour de Conflans-Sainte-Honorine se décline sous plusieurs formes, à la manière d'un peintre et sa muse.
«Je pars de photos pour réaliser mes dessins. Je les imprime, je fais une mise au carreau, ce qui me permet de les reporter sur mon grand dessin, je scotche,je dessine, je découpe... c’est la majeure partie de mon temps de travail. Une fois l’image posée, je viens ensuite dessiner au fusain, le plus souvent, de manière dynamique, empirique. J’enlève ensuite les scotchs et le dessin se révèle. Même si je maîtrise de mieux en mieux ce procédé, je me laisse la possibilité d’accidents, de surprises, la possibilité de jeux et de rejouer.»
Maxime Duveau
Des écrins picturaux, travaillés de manière quasi frénétique, accueillent des dessins presque topographiques où les univers architecturaux se mêlent à des formes végétales parfois envahissantes, voire inquiétantes. Toute la culture musicale et cinématographique de l'artiste rejaillit dans ses compositions complexes empreintes de rock américain des sixties et de longs métrages lynchiens. Ici, deux espaces temps distincts se côtoient: le fourmillement de Los Angeles confrontée à la quiétude de Conflans-Sainte-Honorine; l'agitation d'une mégalopole américaine face à l'immuabilité d'une banlieue française. Mais les images finissent par se confondre et, au fur et à mesure de l'exposition, l'on commence à se questionner sur ce que l'on regarde. C'est toute la maestria de l'artiste, arriver à nous perdre dans les possibles traits communs de ces deux urbanités, si opposées à la base.
À cette somptuosité de noir et blanc, Maxime Duveau ajoute désormais une nouvelle couleur à sa palette, le bleu qu'il décline par la technique du cyanotype. Il offre ainsi une multitude originale de possibilités stylistiques et annonce une évolution insoupçonnée dans son travail esthétique. Né en 1992, Maxime Duveau est diplômé de la Villa Arson à Nice. Il a reçu de nombreux prix, comme le David-Weill ou encore le Prix de la Jeune Création - 7000 Art Company.
Jean-Pierre Simard le 2/12/2020
Maxime Duveau - Dernier arrêt à la station-service - Chapitre 1 -> 19/12, Chapitre 2 du 5 au 30/01/2021
Backslash 29, rue Notre-Dame de Nazareth 75003 Paris