A Gennevilliers, Anna Solal croise zone et jardin
Anna Solal produit des assemblages à partir de rebuts glanés aux cours de ses déambulations et qu’elle combine à des objets cheap issus d’une économie mondialisée. Elle y insère des photographies de groupes d’hommes, de bâtiments désaffectés et de délicats dessins au crayon de couleur à l’iconographie toute classique, natures-mortes ou femmes à la toilette. Un choc !
Entre logos industriels post-apocalyptiques et bricolages primitifs, ses œuvres déclinent un registre de motifs à l’esthétique à la fois naïve, pop et trash : des fleurs, des oiseaux, des cerfs-volants et des ruches. Aucune intention discursive ne précède le geste. Sans rapport de domination à la matière et avec une certaine empathie pour ses matériaux dénués de valeur, Anna Solal procède, pour construire ses puzzles-rébus, par hésitations et par touches successives, dans un va et vient incessant entre ce que la forme suggère et ce vers quoi elle veut aller. Nul message donc, simplement une parole emprunte de lyrisme et de poésie comme unique tentative, à son échelle, dans la sphère de l’intime et du domestique, de ré-enchanter un monde en pleine mutation.
Cette première exposition personnelle d’Anna Solal dans un centre d’art francilien s’inscrit dans projet plus global, « Une maison pour quelqu’un qui n’existe pas », dont les deux premiers opus, « La salle de bain » et « Le jardin », se sont succédés à Futura à Prague puis au centre d’art contemporain La Passerelle à Brest. Pour ce troisième volet, elle introduit une nouvelle donnée, la zone, entendue comme cet espace indéterminé et pauvre, à la périphérie du centre, et pourtant riche de potentialités d’inventions. Le futur vous branche ? Anna Solal vous conseille de fouiller vos poubelles. Une mise en abîme qui décoiffe.
Jean-René Hugenot le 22/01/2020
Anna Solal - Le jardin, la zone -> 14/03/2020
Galerie Edouard-Manet 3, place Jean Grandel 92230 Gennevilliers