Atmosphères, atmosphères, la gueule de Carmen Perrin
Si durant les années 80, Carmen Perrin s’est imposée comme sculptrice, le début des années 90 la voit travailler en lien étroit avec l’architecture et le paysage. Elle poursuit dorénavant des collaborations sur des projets liés à l’espace public et mène, de concert, une recherche qui articule la sculpture et le dessin. Atmosphères, nous voilà !
Le lien fort entre ces deux pratiques tient à la question de la tension, centrale dans son œuvre. Le dessin répond à un processus lié à une gestuelle, souvent répétitive, parfois presque chorégraphiée où l’idée de forces, physiques et optiques, est omniprésente. Articulées avec une trame graphique qui délimite l’espace constructif de chaque dessin, les tensions, liées à l’utilisation de la couleur, sont au centre de ses dernières œuvres.
Dans Elles vont et viennent, 2019 et S’encoublent, 2019, Carmen Perrin tend vers des reliefs qui pénètrent dans un milieu simultanément opaque et translucide, lisse et strié. L’idée de ces dessins est venue lors de la réalisation de croquis pour la fabrication d’une porte dont la structure en béton, très mince à certains endroits, laisse passer la lumière. Cette réflexion autour du déplacement de la lumière a guidé le choix du crayon jaune.
Expérimentant sans cesse avec de nouveaux procédés qui perturbent notre perception sensorielle, Carmen Perrin a travaillé avec de la poudre de chantier bleu électrique déposée au cordeau pour réaliser l’œuvre CLAC, 2019. À travers le geste bref et précis de la main qui délivre une tension entre le cordeau chargé de poudre et la feuille en papier sur laquelle celle-ci va d’abord « exploser » puis se déposer, le dessin devient presque aussi sonore que visuel.
Pour cette exposition Carmen Perrin a aussi réalisé une gravure, revenant à une pratique qu’elle avait expérimentée lors de ses études à l’École supérieure des beaux-arts de Genève. Avec la technique de l’eau-forte elle s’intéresse aux différents états d’une image sous la morsure de l’acide. (cf. image d’ouverture.) Chaque projet mène l’artiste sur un terrain d’expérimentations plastiques dont les règles de base naissent de la nécessité de renouveler des interactions entre le corps, la main, l’oeil, le matériau avec les forces qui les affectent. Muni de ce petit bréviaire des œuvres, il ne vous reste plus qu’à voir en vrai ce qui en résulte… Pour nous, c’est bien chamboulant.
Jean-Pierre Simard le 28/05/19
Carmen Perrin - Atmosphères-> 13/07/19
Galerie Catherine Putman - 40, rue Quincampoix 75004 Paris