L'expérience affective du quotidien de Sophie Kitching
Conçus comme des dispositifs actifs, les peintures de Sophie Kitching sur polycarbonate et miroir sans tain dépassent l’enjeu de la description du paysage pour en réactiver les vibrations de la lumière et recouvrer les possibilités d’une expérience subjective pure, à la lisière de l’abstraction. Et ça nous parle directement.
Le travail de Sophie Kitching partage ce même attachement à retranscrire l’expérience affective du quotidien, avec laquelle elle ne cesse de renouer à travers ses installations, peintures, vidéos et sculptures. Sa méthode, fondée sur l’observation analytique de son environnement, lui permet d’en décomposer chaque élément et chaque mouvement pour n’en garder in fine que les formes les plus essentielles : le miroitement de l’onde et le crépitement des frondaisons, la lame d’un reflet ou la fraîcheur d’une ombre. Puis cette question, nichée au cœur de sa pratique : comment répéter le paysage ? Par où y entrer de nouveau ? Ces objets ambigus, entre peinture et architecture, parviennent à dégager une ouverture dans l’espace et le temps, comme autant de respirations.
Pour sa première exposition à la Galerie Isabelle Gounod, Sophie Kitching met en relation ce travail pictural avec un projet inédit d’installation et de photographie, inspiré des devantures de « Deli », ces épiceries de New York dont les vitrines de fortune en toile vinyle et aluminium présentent aux passants leurs alignements de fleurs, de jour comme de nuit. L’artiste s’emploie ici à en retranscrire les effets vibratiles et les couleurs, avec cette même attention portée aux détails du quotidien que l’on retrouve plus loin dans sa vidéo « Parades », dont le montage par superposition semble rejouer la mécanique du souvenir. LE ré-enchantement du quotidien- comment ne pas ?
B.B. Fricotin le 29/04/19
Sophie Kitching → 25/05/2019
Galerie Isabelle Gounod 13, rue Chapon 75003 Paris