Johann le Guillerm et l'atelier autour du « Pas Grand Chose », Un point t’y es !
Dans la salle 1 à l’entrée à gauche de la Maison des Métallos, se trouvait durant cette CoOP de Johann Le Guillerm l’atelier « Le Pointillé ». Un atelier participatif et libre où chacun qui a vu ou va voir Le Pas Grand Chose était invité à partager « son pas grand chose », à écrire des poèmes de boucles ou encore à imaginer ce que pouvait bien évoquer pour lui les broglios, signes déjà évoqués ici et que l’on pouvait croiser un peu partout dans les espaces.
Le lieu où l’on remettait tout en question, les points de vue, les petits riens, les n’importe quoi et les mots qui vont avec, avait tout l’air d’un happening tout doux, où l’on échangeait avec Charlotte Dezes médiatrice culturelle de la compagnie, Mathieu Gabard poète public et Anne Quentin pour produire des petites choses qui misent bout à bout, finissent ou commencent à devenir grandes, question de point de vue.
J’ai donc rendez-vous ce soir avec Anne Quentin, auteure et journaliste (entre autre), qui fut l’une des première à écrire sur le travail de Johann Le Guillerm, pour écrire un « poème de boucles ».
Un peu en avance, je décide de déambuler dans la Salle en attrapant des mots, en suivant une boucle, la plus grande où sont accroché le travail des ateliers d’écriture. Des traces en forme de petits cailloux semés pour être certain de perdre son chemin ou de ne pas le retrouver.
Car, comme le demande Johann Le Guillerm au début de son Pas Grand Chose, « chercher le chemin qui ne mène pas à Rome » est une forme évidente de poésie.
Mathieu Gabard à écrit quelques poèmes. Les participants sont invités à simplifier peu à peu ce poème en le réduisant, en en gardant que le suc substantiel, l’image ou l’idée. Un oulipo en train de se faire…
Anne Quentin arrive donc et nous nous asseyons face à face pour une Les ateliers autour du « Pas Grand Chose »
Un point t’y es ! de poème de boucle… Qu’est-ce donc ?
C’est une écriture sous contrainte. Tout d’abord tirer une carte au hasard, découvrir le « broglios » et rapidement donné un mot que le signe nous inspire.
On se retrouve avec 6 mots et un poème à écrire… le conseil de Anne qui espiègle s’amuse à me voir réfléchir un peu trop autour des signes, c’est d’écrire un poème sous forme d’une seule phrase…
Je ne me souviens pas des mots et je ne me souviens de mon poème… C’est l’instant qui me l’a dicté. Il y avait une oreille, un visage et le vide peut-être.
Bizarrement, je me suis mis à écrire quelque chose d’assez éloigné des mes habitudes d’écriture qui tournent autour des sensations et des sens du mot… L’exercice est délicieux et toujours un peu troublant. Envie de bien faire, mais très vite, envie de se faire plaisir.
Une fois le poème écrit, le principe est de « boucler » le poème et d’en faire le tour.
Il suffit de le commencer à un autre endroit et de le continuer et la boucle créée donne un tout autre sens à celui-ci. Les boucles se multiplient et deviennent ainsi des poèmes de boucle.
La poésie devient ludique et Anne Quentin nous confiait que beaucoup de participants qui au départ trouvaient la consigne un peu enfantine se prenaient au jeu très sérieusement.
Comme quoi la poésie n’est pas une petite chose… Même si Ferré aimait à dire : « Moi, la poésie je ne sais pas ce que c’est… » Après les poèmes de boucles nous avons une petite idée de ce qu’elle n’est pas : Une chose impossible !
Il est plaisant de trouver des ateliers qui s’adressent à un public très large et pas seulement aux enfants. L’idée de permettre aux gens qui se rendent au spectacle où qui en sortent de « passer » participer est une très bonne idée, créant ainsi une convivialité et une proximité entres les spectateurs et le travail de l’artiste.
Il faut ici rendre hommage au travail immense réalisé par la compagnie, ce n’est pas anodin de rendre plus intime une pratique artistique, même si celle-ci est brève. Elle fait décoller notre réalité et change le paradigme de nos pratiques culturelles : loin de la consommation de la culture, elles sont des points de vue qui font apparaître une certaine poésie, un surgissement de « l’extraordinaire dans l’ordinaire »* et par les temps qui courent, cet extraordinaire là est précieux.
*Si cher à Deleuze
Richard Maniere le 3/12/19
Johann le Guillerm - Un point t’y es !