Boombox Vol.3 explore le rap des débuts d'Harlem à Los Angeles - et c'est très cool
Troisième volume des compilations Boombox de SoulJazz, sur l'histoire du hip-hop des années 80. À la fin des seventies, 40 ans après que quelques génies du jazz aient accouché du bebop en plein cœur de Harlem, New York est l’épicentre d’une révolution musicale. Les cités du Bronx bruissent d’un genre nouveau issu de la culture hip-hop, le rap, dont une myriade de labels indépendants va rapidement se faire l’écho. (Sortie le 15/06)
Boombox 3 est une nouvelle sélection des débuts de ce rap des années 1979 à 1983. Ce sont les premiers chefs-d’oeuvre du hip-hop New Yorkais qui ont suivi le succès commercial du premier titre de rap jamais enregistré, le Rapper’s Delight de Sugarhill Gang (en Septembre 1979). Boombox 3 raconte l’histoire du rap, de sa naissance dans le Bronx avec ses valeurs révolutionnaires jusqu’à sa popularisation dans le quartier de Harlem et plus loin.
A l'instar de la culture hip hop dont le rap est issu, ces premies singles sont l'exact reflet de leur environnement culturel, mélangeant à l'envi les breaks des B-boys des blocks parties du Bronx, les sons discos et la culture des sound systems jamaïcains .
Et le livret d'accompagnement, particulièrement fourni, va jusqu'au fond des choses, pour mettre en avant la créativité inépuisable des passeurs, s'attardant autant sur le travail des pionniers comme DJ Kool Herc, Grandmaster Flash et Afrika Bambaataa, que sur celui des producteurs, émigrés jamaïcains et vieux renards afro-américains spécialistes du rhythm and blues en recyclage immédiat; avant de parler franchement des rapports de la mafia avec l'industrie musicale et de montrer les liens étroits et jamais démentis entre hip hop et dancehall de la Jamaïque.
Boombox 3 aligne ainsi une brochette de classiques méconnus, tous construits autour des breaks furieux de l'époque, piqués aussi bien à Chic ( White Lines), MFSB (Love Is the Message), que Queen d'Another One Bites the Dust, sur un fond proto électro assez réjouissant. La seconde partie s'attarde sur les premières sorties hors de New York avec des titres arrivant aussi bien de Los Angeles, Houston, Milwaukee, que Phoenix. On a juste l'impression de découvrir un morceau d'histoire manquante, comme avec le Wack Rap de Solid C., Bobby D. & Kool Drop qui, en 9' ouvre la voie au Sure Shot des Beastie - que c'en est troublant.
Troisième et plus précieux d'une série qui fait le point sur la naissance du mouvement, dont les deux autres ne déméritent pas - on conseille ouvertement de mettre ses oreilles là-dedans. Au moins une fois… sinon plus.
Jean-Pierre Simard le 4/06/18
Boombox Vol.3 - Soul Jazz