L'AUTRE QUOTIDIEN

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Le London Jazz Calling Festival envahit la Maroquinerie

On vous annonçait dernièrement la sortie du We Out Here sur le label Brownswood. Il est l'heure de voir sur pièces comment cela joue et s'exprime jusqu'à dimanche à la Maroquinerie. 

Nubya Garcia

Le Swinging London des 60's faisait la fête avec les sud-africains Blues Notes qui mixaient jazz et Afrique et s'y installaient pour échapper à l'apartheid. Ils inventèrent leur propre free en donnant des idées aux musiciens du cru - qui n'eurent de cesse de les empêcher de jouer - tout en recyclant leurs idées, pour mieux organiser la débandade du groupe vers les autres pays européens. Mais depuis les jazz Warriors et son bassiste Gary Crosby (grand-père reconnu de la scène actuelle), de fil en aiguille, et d'assimilation en reconnaissance, de Courtney Pine à Cleveland Watkiss, les choses ont évolué. Depuis l'an passé, Brownswood, label tête-chercheuse jazz de Gilles Peterson s'évertue à montrer comment le jazz se réinstalle dans les caves et les studios londoniens. On vous a déjà parlé du We Out Here, la compilation drivée par Shabaka Hutchings qui met à l'honneur la nouvelle scène. Et, comme cela fonctionne plutôt bien, la seconde édition du London Jazz Calling Festival réinvestit la Maroquinerie pour un nouveau tour de piste. 

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Trente ans après la publication de sa première compilation, Acid Jazz And Other Illicit Grooves, Gilles Peterson mesure le chemin parcouru : « Aujourd’hui, les musiciens que l’on peut écouter sur We Out Here ont la culture club dans le sang. Tous ces jeunes musiciens m’apportent ce que je recherchais à l’époque, comme si la boucle était bouclée. »

Comme le dit si bien Peterson, la scène est en étroite liaison avec les clubs et rien n'empêche de passer d'une session jazz à un remix tek, dans la même journée. On est plus que convaincu et on va s'y déplacer. Juste parce que live, le jazz ça pulse. Et que, pour avoir vu Shabaka dans divers contextes, ça s'est toujours avéré plus que probant. Place aux nouveaux entrants : le Vels Trio et Zara McFarlane, le vendredi soir. Samedi avec :  The Evil Usses et Nubya Garcia et dimanche avec Joe Armon-Jones et Ezra Collective.  

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Rassurons tout de suite les puristes : cette nouvelle dynastie se réclame autant de la vieille garde (Pharoah Sanders, John Coltrane…) qu’elle s’amuse à en éclater les codes, ringardisant en passant quelques vieux clichés qui collent à la peau du Jazz. 

La « génération Shuffle » comme la désigne Adam Moses, directeur des soirées Jazz Re:freshed, glisse volontiers dans ses playlists les artistes accueillis cette année, entre un mix de Gilles Peterson (la soirée de dimanche accueillera les fleurons de son label Brownswood !) et le dernier Kendrick Lamar.  Pour ces 3 jours, c’est donc bien afro-beat et néo-soul, pop décadrée, boucles électro, jazz funk qu’on mixera dans vos verres.  La coolness qui se dégage de cette scène devrait rafraichir le contenant. Santé ! 

Jean-Pierre Simard le 6/04/18 

London Jazz Calling Festival, à la Maroquinerie, 20e. (Nubya Garcia, le 6, Ezra Collective et Joe Armon-Jones le 7 avril) .