Thee a disparu, welcome to Oh Sees…
Établissons d'entrée un parallèle entre Boris Vian et John Dwyer : le second après le premier … grave des sillons tel le gai laboureur trace à l'aide d'une fourchette dans la confiture d'abricot. A quelle fin et avec quelle faim alors ? A juste remodeler la psychédélisme contemporain en remettant au goût du jour les arcanes ( 17?) et formules, du folk au garage, en passant par les occasions d'abuser des cigarettes qui plient en quatre. Bienvenue dans le rock, pardon dans Orc.
Un batteur est parti Ryan Moutinho, mais du coup, on salue l’arrivée du nouveau : Paul Quattrone; parce qu'en live, la furie c'est mieux à deux … Cette fois Dwyer délaisse un peu les ascendants krautrock qui caractérisaient les derniers efforts du groupe pour incorporer des influences folk-rock des années 60, comme sur Keys To The Castle; et sa conclusion qui met en avant un violon frémissant. De toute beauté !
Dwyer ne se prive pas de faire bénéficier ses Oh Sees de ce à quoi il a pris goût lors de ses escapades solo avec Damaged Bug. Ainsi, quand il ne la double pas pour mieux tenir tête aux batteurs, il lâche la guitare pour s’emparer d’une flûte, de synthés, ou fait appel à des intervenants de choix (Brigid Dawson de retour, Ty Segall aux manettes) contribuant eux-aussi à la force d’un Orc soulignant plus que jamais la bonne santé du groupe.
Les chansons épiques sont bien ramassées, sans se perdre dans la virtuosité superflue et les durées indues. Les grosses guitares y côtoient les instants bien brumeux, souvent au sein d’un même morceau. Encore une fois, cette nouvelle création fait la démonstration manifeste de tout ce que peuvent accomplir Dwyer et ses collègues, en Géo Trouvetou du psyché sur-mesure.
À la sortie des deux premiers titres, The Static God et le quasi-doom Animated Violence, on savait que Orc allait tenir la route, mais ce nouveau voyage de 51' dans l'univers givré- chocolat-menthe-goyave de Dwyer, d’une durée de 51 minutes, est une autre réussite qui se passe d'explication.
De bonnes chansons, en voulez-vous ? Ici, c'est pléthore, comme avec le fondu sonore à la fin de Jettison qui donne envie d’appuyer sur « jouer » à répétition. Répété ad vitam æternam, le motif de guitare dans Paranoise nous replonge en plein krautrock. L’envie de s'envoyer en l'air (à au moins deux) et sous l’effet des drogues douces nous titille à l’écoute de la magnifique Drowned Beast. Et tout ça se termine avec une sorte de solo de batterie minimaliste intitulée Raw Optics.
Maxime Duchamps
Oh Sees - Orc - Castle Face