Mickael Soyez : born to be alive
Pour sa 7e édition, le festival Photomed a jeté un pont entre deux rives, deux rivages, Marseille où une première série d’expositions se tient déjà à la Villa Méditerranée, avec sept photographes, autour du thème de la ville défini par son commissaire d’expositions Guillaume de Sardes. « Regarder et penser les villes » et Sanary-sur-Mer, berceau du Festival, l’Île de Bendor et l’Hôtel des Arts de Toulon, autour des rapports qu’entretient l Homme avec son environnement, tout méditerranéen, de la Sicile aux Calanques, de l’évocation de l’Odyssée à l’évocation de l’Orient… thème défini par son directeur artistique Philippe Sérénon.
C’est avec une certaine Intimité que le spectateur est convié à entrer dans l’univers temporel de Mickael Soyez, exposé à la Villa Méditerranée, sise, juste en face de son illustre voisin, le Mucem.
HERVÉ GUIBERT collection vintage.
Le lieu n’est pas neutre, et l’espace qui accueille 7 expositions dont celle consacrée aux tirages Vintages de l’écrivain disparu Hervé Guibert, exposition égale de l’intimité et du temps dans une certaine légèreté, grain poudreux des photographies ouvertes sur une temporalité qui continue, au delà des années, d’essaimer la fragilité des présences, des partages et des dialogues d’une génération, dont l’inaltérable visage d’Isabelle A. et celui de Patrice C, des objets et des lieux réservés aux secrets, la machine à écrire, les textes, les livres, mythologies… Salon sobre d’un temps neuf, échos de films et dialogues (de cinéma), silences d’un après midi pris au jeu de l’écrit, quand Paris est encore Paris…Années quatre vingt. (disparition d’Hervé Guibert, le 27 Décembre 1991.)
Il existe un lien ténu entre ce temps dédié à l’écriture, dans l’alcôve transparente du salon au secrétaire d’Hervé Guibert, Fenêtre ouverte et baignée de lumière, temps dédié aux voyages et à leurs multiplicités frondeuses, ce que déploie également comme monde, les photographies de Mickael Soyez; une intimité tendue vers la recherche de dialogue avec l’Infini, une soif d’établissement, énigmatique, sans compromis….. Une quête traverse ces nus, ces paysages, le plus souvent en noir et blanc, comme une voie ouverte sur le large, une envie de grand air, la recherche d’une respiration mobile et sans doute tout un roman lacté, tu, en soi. Cette quête de sens, ce besoin de l’autre, ce besoin d’Amour, besoin de se relier, et dans la nuit magique et dans le jour naissant, initie une traversée des sens. Une poésie brute s’est éprise de cettephotographie elle même éprise du monde , de ses secrets, par soif de vivre.
Cette exposition commence par une image en noir et blanc, d’une main tendue, une griffe presque, cherchant à saisir, à toucher, à se saisir, tant par ce qui est à atteindre que par la palpitation de l’espace qui sépare du bord de la fenêtre, image équivoque, est il question du souvenir de ces mains négatives à rebours du temps ou du rêve indistinct d’un irrépressible besoin de saisir? Ambivalences. Le photographe est somnambule, rêve éveillé, se veut voyant, rappelle Rimbaud, Breton, l’écriture et la vie. Nadja? Est évoqué le rêve conscient de ce somnambulisme inspiré pour juste « toucher » . C’ est aussi un moment de passage, à suivre ce flottement permanent entre le monde dans une perception brute et directe, comme un coup de feu ou une percussion. une volée d’images décalées parfois cherche à étendre l’espace intérieur de leur réception.
La photographie est elle un lieu où tout peut apparaître, où tout peut se jouer, se vivre? Il semblerait que Mickael Soyez murmure une réponse. la question du Voyant appelle cette sensibilité à se sentir portée au delà de ce que tout le discours critique pense formater et s’en évade par la chemise blanche qui apparait un soir chez Bataille, dans la nuit crépusculaire, incendiée de l’Éros, théâtrale et mystique, affaires de nuits et de jours, dit cette photographie, qui, en pleine ivresse, déroule un tapis de songes, bravant l’interdit et la vie.
Tout n’est pas égal mais ce champ de blé caressé, creusé par le vent, ressemble à une poésie brute, moutonnements de vents sous un ciel d’orage. L’impression de l’inscription de la sensation dans le corps, dans le corps même de l’image, et ce que l’on distingue d’une nature creusée par le vent, où se parfume le temps du rêve comme une lucidité en acte. La beauté nue, comme un festin nu et pourtant .Il est des appels qui ne sont en soi pas toujours issus d’un cri. Des voies profondes crient le vent et le ciel et la terre. et ce sont souvent ces voix là qui touchent et qui parlent.
Photographier ce monde des intimités alentour n’est plus aussi surprenant, une quête provoque le poétique et rend la sensation en retour.
Pascal Therme le 19/05/17
Villa Méditerranée Hervé Guibert – Franck Deglise – Maude Grübel – Sirine Fattouth – Mikael Soyez – Alain Gualina – Sebla Selin Ok exposent.
Mikael Soyez Be to be born
Villa Méditerranée, 13000 Marseille
S’ajouteront à Marseille quatre lieux : la Friche la Belle de Mai, le Mucem, la Villa Méditerranée et le FRAC, une autre série d’expositions. Regarder et penser les villes, tel est le thème de la partie marseillaise du festival.
Programme des Expositions
A Sanary-sur-Mer du 18 mai au 11 juin 2017 :
– Hélène David Noces ou les confins sauvages
– Flore, Une femme française en Orient
– Michaël Duperrin, Out of the blue
– Gérard Rondeau, Entre silence et ombre
– Hans Silvester, Le pain des femmes
Sur l’Île de Bendor du 18 mai au 11 juin 2017 :
– Sophie Zénon, Sicile. Au-dessous du Volcan Salle Patmos
A Toulon :
– Bernard Plossu, L’Heure immobile. Métaphysique Méditerranéenne à Hôtel des Arts du 20 mai au 18 juin
– Zineb Sedira, La maison de ma mère, Le Liberté du 19 mai au 27 juillet
7e édition du festival Photomed à Marseille, Regarder et penser les villes
Du 17 mai au 14 août 2017
Lieux d’expositions :
- Villa Méditerranée, Esplanade du J4, Marseille, Entrée libre
- Frac Provence-Alpes-Côte d’azur, 20 boulevard de Dunkerque, Marseille, Entrée libre
- Friche la Belle de Mai, 41 rue Jobin, Marseille, Entrée libre
- MuCEM, 7 promenade Robert Laffont, Esplanade du J4, Marseille, Entrée libre