Paul-Armand Gette dévoile ses Cinématographies chez Michèle Didier
Cinématographies est un « essai de classification d’un ensemble photographique », nourri d’une obsession constante pour l’étendue paysagère liée à l’idée de nature et la position du modèle. Soit une masse d’images de petites filles dans des espaces ayant trait à la nature ou presque. Parcs, bords de mer, jardins botaniques, mais aussi rues de grandes villes, entrées de cour d’immeuble, chambres et salons, constituent les décors de ces nombreuses études.
Avec Cinématographies surgit le caractère intimiste des images en noir et blanc ou en couleurs qui, présentées les unes à la suite des autres, forment autant de séquences que d’inévitables narrations. Petites et jeunes filles y apparaissent évoluant dans des environnements dont elles soulignent, de part leurs gestes, l’aspect « naturel ».
On y trouve toujours la prise de vue de plus en plus proche du modèle : Nathalie, Paris 1970, Agneta, Malmö 1973, Sophie, Paris 1980 ou encore Susannah, Berkeley 1980 sont autant de sujets découverts par l’artiste sur une période donnée. Ces sujets font d’ailleurs l’objet d’une classification stricte. Le nom des petites filles, l’année et le lieu de la prise de vue sont minutieusement retranscrits et associés aux images, de manière à constituer des séries photographiques. Ces actions aussi simples que fugaces sont mises en exergue, et d’une certaine manière, sublimées par la multiplicité des clichés réalisés. Car l’unique ne suffit pas. C’est la sérialité qui est révélatrice. Ce ne sont pas les suites de la Sainte Victoire ou des meules de Claude Monet qui diront le contraire. Pour saisir la subtilité de Nathalie, Agneta, Sophie ou Susannah, Paul Armand Gette va multiplier les images au même titre qu'Etienne-Jules Marey décomposait les mouvements — d’un homme en marche ou d’un insecte en vol — au moyen de la chronophotographie.
Pour Paul Armand Gette qui, très tôt a conduit des recherches entomologiques (publiées dès 1945), le recours aux méthodologies scientifiques d’observation et d’analyse est une nécessité qui permet d’acter ses découvertes avant de les soumettre aux spectateurs. Cette importance de la publication se constate dès la première page de Cinématographies où un Extrait du bulletin mensuel de la Société Linnéenne de Bruxelles & Paris N°2 — 18e année — 2013-2017 fait état de la présentation par Tenebria Lupa du sujet Les Petites Filles 1970-1997 en sa séance du 13 mars 2013.
Mesurer, reporter, recenser, inscrire, traduire, photographier… dévoile le sujet regardé tout autant que le regardeur. Dans cet état de dévoilement latent, le recours à une méthodologie scientifique est une tentative de mise à distance. Tentative avec laquelle l’artiste, du reste, ne cesse de jouer. Connivence, même pseudo-scientifique, quand tu nous tiens …
Friedrich Angel (avec galerie) le 29/04/107
Paul-Armand Gette - Cinématographies - >24 juin 2017
Galerie MFC - Michèle Didier - 66, rue Notre-Dame de Nazareth 75003 Paris