Miles Molsey et la suite du feuilleton californien autour de Kamasi et alumni

Rolling Stone France avoue son admiration pour cet album en disant que c'est un album de jazz qui plaît aux amateurs de rock. Petit blanc, mon ami, apprends à lire …  Mosley est le bassiste de Kamasi Washington et il semble opportun de rappeler que les musiciens californiens qui tentent de revivifier le jazz du XXIe n'en ont pas grand chose à faire des catégories- du moment que ça swingue. Déjà Ellington : It don't mean a thing if it ain't got that swing ? Remember ?

Les clichés concernant Los Angeles se résument généralement à Hollywood, et plus particulièrement à ses top models et autres acteurs; mais rarement à la scène jazz.

Sauf que depuis To Pimp a Butterfly, Kendrick Lamar a changé tout cela en faisant intervenir quelques célébrités jusque là mésestimées comme Thundercat, Terrace Martin & Kamasi Washington. Ce dernier mettant le monde du jazz à l'envers avec son double album de 2015, The Epic. C'est aujourd'hui à Miles Mosley — le bassiste de cet album — de dévoiler son projet perso Uprising (sur Alpha Pup Records, un sous-label de World Galaxy), issu des mêmes sessions que The Epic.

Mosley, musicien de studio a fait des apparitions sur des albums allant de India.Arie à Chris Cornell — et en 2015, il figurait aussi surCheers to the Fall d'Andra Day. Co-fondateur du collectif responsable de The Epic, the West Coast Get Down, ses goûts vont autant vers le jazz, que le funk, le R&B voir le rock quand cela génère du groove. A ce titre, ils ont joué plus de 200 dates en 2016 avec Kamasi. Le West Coast Get Down sert de colonne vertébrale à l'album avec Kamasi Washington au saxo, le trombone de Ryan Porter, les claviers de Brandon Coleman, le piano de Cameron Graves et la batterie de Tony Austin.


Uprising c'est vraiment le décollage de Miles à propos du voyage musical de sa vie avec sa famille du West Coast Get Down. Impressionnant voyage, aussi musicalement musclé (le minimum syndical d'un musicien de studio) que d'une conviction palpable. Et ceci, pris au creuset de ses influences les plus notables, aussi bien du côté Otis que Jimi Hendrix. En parfait résumé de 20 ans de carrière, chaque note, inflexion, rythme déboule avec un background impeccable qui fait penser alternativement aux envolées de Parliament, aux claviers des Crusaders - comme le contre-emploi qui tue (mais qu'on adore) -  aux tubes blancs de Hall & Oates (No Can Do !).

Et il déclare lui-même : " Je voulais réaliser un album aussi naturel qu'intime avec un vrai sens de la grandeur; comme si j'étais ami avec un géant -  le West Coast Get Down, les cordes, les chœurs, avec tout cela en place pour balancer des mélodies mémorables et un message aux auditeurs qui leur dise - on est bien là pour vous. Notre seul désir est d'être un amplificateur de vos cœurs." 


Et, tranquille, l'album se pose là avec sa vision et ses perspectives, ses cadences vocales affolantes et ses arrangements complexes, avec saxo déchirant et paroles provocantes - tout cela servi par une dynamique impeccable. Celle du West Coast Get Down. Et tout cela, en mixant le meilleur de la pop, du jazz, du funk du blues et de la soul, pour construire un idiome actuel qui file comme le vent de l'époque. Grand disque !

Jean-Pierre Simard

Miles Mosley - Uprising - World Galaxy