La République Invisible a accouché d'un nouveau membre, William Z Villain

Autrefois Greil Marcus parlait de République Invisible en ces termes à propos de Dylan: Celui qui représentait jusqu'alors la renaissance du folk américain et de son rêve de paix devient le prophète d'une révolution en marche. Greil Marcus met en lumière la violence et la démesure de la réaction suscitée par ce virage qui valut à Dylan d'être traité de Judas. Les Basement Tapes sont le reflet d'un pays clandestin, d'une république invisible qui cherche ses racines dans une tradition orale muant au gré des secousses du grand drame américain.

A cela, il faut ajouter que la définition d'une chanson pour Dylan n'a jamais varié, qu'on trouvait à l'origine de sa passion pour le folk, des chansons tellement polies qu'elles avaient atteint la perfection de la forme et du fond - intouchables et faisant partie du fonds commun car sorties de l'histoire - et de la variéte. Il en va ainsi du premier album de William Z. Villain, comme un peu de quelques albums de Leon Redbone et pour tout ou partie de l'œuvre de Randy Newman. Et j'en oublie… 

Qu'offre donc ce méchant Villain de si particulier qu'il entre comme ça au Panthéon, sans passer par la case mort de soif avant terme ? Est-ce la fausse simplicité et rusticité du propos avec sa National (la même que sur la pochette du Brothers in Arms de Dire Straits - mais augmentée de deux cordes) et ses mélodies au futur antérieur ( comme Leon Redbone en avant garde à rebours.) Ou bien son art consommé/consumé des ballades qui font tendre l'oreille des auditeurs d'Inter, Nova et FIP Réunis pour Anybody Gonna Move ?

Est-ce le look costard- cravate, mâtiné du regard chasseur de loutre avec chat-pyjama rayé orange sur les genoux qui le rend sympa ou pas avec l'éclairage de la photo à moitié hollandais ? Avoues-nous donc Benjamin Cameron, t'es du côté clair ou tu navigues côté obscur ( si c'est le cas, as-tu des cookies ?) Parce que sa suite au poker est assez forte dans les registres abordés: folk, rock languide, rebetiko, jazz sans y toucher assorti d'une nonchalance dans l'approche hip-hop qui n'aurait pas déparée sur un album de G.Love and Special Sauce.

Mais en fait, je crois que ce qui me branche le plus, en dehors de la voix qui saute fastoche d'un octave à l'autre, c'est son emploi écologique des grillons qu'il sème ça et là au fil de Break ou Home. Cet hiver pollué me fait cracher mes poumons et j'en ai vraiment marre; alors …

Reprenons et concluons sur l'habile synthèse des registres, de la voix, du son qui semble arriver de nulle part, mais en connait un rayon de bicyclette sur l'histoire de la musique pour offrir un vieux/nouveau son indatable autant qu'indiscutable, celui de cet album éponyme de William Z Villain. La suite, on s'en tape. Mais pour l'instant, et en l'état, c'est juste bien. 

Jean-Pierre Simard

Et miracle, il passe aux Nuits de l'Alligator dimanche 12 à la Maroquinerie, pour les parisiens… les autres iront voir sur le site s'il passe près de chez eux …

Bror Gunnar Jansson + Karl Blau + William Z. Villain - > 12/02 à 19,30 h
aux Nuits de l'Alligator à la Maroquinerie 12, rue Boyer 75020 Paris

William Z. Villain - William Z. Villain - NormanDeepBlues