L'horizon de Mars envisagé en BD de vulgarisation
Mars Horizon, premier volume de la collection Octopus chez Delcourt est l'œuvre conjointe de l’auteure et comédienne Florence Porcel et du dessinateur Erwann Surcouf. On s'y retrouve au cœur de la première mission d’exploration martienne, en 2080, via une BD docu-fiction.
Pour la collection Octopus, il faut un parti-pris narratif et aussi qu’on sorte du schéma du prof qui montre un truc avec un tableau. Quelque chose qui se lise comme une histoire. Pour Mars Horizon, on a trouvé que l’approche docu-fiction se prêtait bien à ça. Florence Porcel ne voulait pas l’aborder de manière neutre. Si des humains allaient sur Mars, quel meilleur moyen de le décrire…
En août 2015, Florence Porcel a reçu un mail lui proposant de participer à cette collection de vulgarisation scientifique. Elle devait donner ses idées. Et justement, avait envie de traiter Mars, sa monomanie. Elle sortait d’une candidature à Mars One [projet visant à installer une colonie humaine sur la planète Mars] et était super engagée sur ce terrain-là et s'est dit, pourquoi pas en BD? Comme elle avait eu elle-même la démarche, et réfléchi à beaucoup de choses depuis des années, le travail était prémâché. Le personnage principal, c’est elle… bien sûr, ensuite, il a fallu inventer une histoire, des personnages.
La BD à des fins de vulgarisation a les mêmes avantages que ceux qu’elle a dans la fiction: elle a son propre langage, une manière différente d’aborder la réalité. La BD a sa propre temporalité, son propre rapport au réel. Par exemple, sur Mars Horizon, le dessin apporte une sensibilité que n’auraient pas des images de synthèse, et une poésie visuelle que n’aurait pas l’écrit. Seule la BD peut apporter ça.
Et le nom de la collection devait résonner à la fois animal et symbole de connaissance - l’image de la pieuvre, animal intelligent avec des tentacules dans toutes les directions collait parfaitement. Littéralement, il marche sur la tête, c’est un céphalopode. De plus, le côté Jules Verne, aventure scientifique, avec le look rétro fait sens.
Dans la BD, les personnages participent à une grande mission de l’ONU à vocation pacifique. Il fallait que ça colle aux réalités des lois physiques. Et que ce soit une aventure humaine. Le seul truc qu’on ne peut pas simuler, c’est comment les humains vont réagir. Comment un équipage de six personnes, trois hommes et trois femmes, peut tenir dans deux boîtes de conserve, sans que personne ne se tape sur la gueule.
La composition de cet équipage, à la fois amants et amis, est originale, avec cet équipage d’amis et amants, c’est un parti-pris. Il y a moins de problèmes si tout le monde couche avec tout le monde. Le plus grand danger, c’est la frustration.
A part cela, Mars est stérile, on ne peut pas y faire pousser du gazon. On n’y pense pas, mais on n’aura jamais de contact direct avec Mars, on ne pourra pas y marcher pieds nus ou retirer son masque pour respirer l’air martien. C’est comme en Antarctique, c’est une base permanente. On n’a pas colonisé l’Antarctique, alors il n’y a pas de raisons qu’on colonise Mars. On ne sait pas encore s’il y a eu ou pas de la vie sur Mars, mais ce ne serait pas responsable éthiquement de s’approprier une planète qui a peut-être connu d’autres espèces…
Friedrich Angel le 8/05/17 (avec Bodoï)
Mars Horizon par Erwann Surcouf et Florence Porcel, éditions Delcourt/Octopus