Les femmes, véritables héroïnes de Gaza
Les femmes et les enfants sont particulièrement vulnérables en temps de guerre et de blocus. Depuis 2007, Israël et l'Égypte ont imposé un blocus terrestre, aérien et maritime de la bande de Gaza. Ils contrôlent toutes les frontières et la circulation des personnes et des biens autorisés à entre et sortir de la bande. Sur ce petit bout de terre, comment les femmes réussissent-elles à vivre leur vie dans des conditions si terribles?
En 2015, plus de 8% des ménages gazaouis étaient dirigés par des femmes. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) près de 800 femmes se sont retrouvées veuves à la suite de la terreur israélienne de 2014. Près de 24.000 filles et 23.000 femmes sont toujours déplacées suite à la destruction ou à l'endommagement de leurs maisons pendant les hostilités. Elles ont été contraintes à un hébergement temporaire dans des familles d'accueil, des appartements loués, des unités préfabriquées, des tentes et des abris de fortune et, pour certaines, dans les décombres de leurs anciennes maisons. Ces logements précaires posent une série de problèmes de protection.
Selon les derniers chiffres, plus de 70% des ménages reçoivent de l'eau courante seulement de 6 à 8 heures tous les quelques jours, tandis que l'ensemble de la population souffre de coupures d'électricité planifiées de 12à 14 heures par jour, vu que les bombes israéliennes ont détruit les centrales électriques. Ce déclin des services de base a miné la capacité de la plupart des femmes et des filles à avoir des activités génératrices de revenus ou à avoir du temps pour leurs propres besoins. Ceci est également lié à la division traditionnelle du travail dans la société palestinienne, où les femmes et les filles portent la responsabilité principale du fonctionnement et de l'entretien du foyer, qui prennent désormais plus de temps.
La cuisine gazaouie est similaire aux styles culinaires adoptés par le reste des pays du Levant et est fortement influencée par la côte méditerranéenne. Gaza avait une importante industrie de la pêche, le poisson étant l'aliment de base pour la majorité des habitants de la région. Et les femmes et les jeunes filles sont hautement qualifiées dans les préparations à base de poisson. Un des plats populaires était un poisson grillé farci de coriandre, d'ail, de piment rouge et de cumin et mariné dans un mélange de coriandre, piment rouge, cumin et citrons coupés. Ceci est maintenant de l'histoire pour la plupart des gens vu que depuis 2014, la marine israélienne a attaqué des pêcheurs plus de 300 fois. Au cours des deux dernières années, la marine israélienne a tué 9 pêcheurs et en a arrêté 422. Selon les Accords d'Oslo la limite de pêche à partir de la côte devrait être de 20 miles nautiques, mais les pêcheurs palestiniens peuvent tout au plus pêcher à 3 miles nautiques de la plage, où les poissons sont trop petits et insuffisants pour nourrir une famille.
L'éducation est censée créer un point de départ pour des emplois rémunérés, mais pas dans une sous blocus et bombardée. Alors que les deux sexes fréquentent des écoles et des universités, des années de sous-financement ont surchargé et amputé le système éducatif à Gaza, avec près de 95% des écoles fonctionnait en double rotation, avec une classe du matin et une de l'après-midi. L'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) a lancé une campagne en faveur d'un mode de vie sain dans les écoles de Gaza, qui vise à sensibiliser les membres du personnel éducatif, les étudiants, les communautés de réfugiés et d'autres à la promotion d'un environnement scolaire sain.
La plupart des femmes employées sont concentrées dans deux secteurs économiques. Selon le Bureau Palestine d'ONU Femmes, 76% des femmes palestiniennes à Gaza travaillent dans les services et seulement 17,5% dans l'agriculture. Le taux de chômage est le plus élevé chez les femmes: 82,6% des femmes entre 15-29 ans, 74% des femmes célibataires, 63,6% des femmes mariées, contre 37,4% d'hommes (OCHA). Beaucoup de mères instruites sont plus ou moins seules, car elles sont actives dans la politique locale et à la recherche d'emplois, tout en s'occupant de leurs enfants, tandis que leurs maris entrent et sortent des prisons israéliennes.
Certaines femmes tentent de créer leurs propres emplois. Une telle initiative est "6 Fleurs", qui a été créée en 2014. Au lieu de faire cadeau de leurs travaux, quelques femmes ont commencé à confectionner et vendre des broderies gazaouies traditionnelles. Après une exposition réussie, elles ont envoyé une partie de leur travail au Qatar et ont eu des recettes. Mais quand elles ont voulu envoyer leurs travaux dans d'autres pays, Israël les en a empêchées - une manière de plus pour Israël d'empêcher les Palestiniens de Gaza de prospérer.
Les femmes sont les véritables héroïnes invisibles de Gaza.
Gerd von der Lippe
Traduit par Fausto Giudice