Une nouvelle diva santeria et jazz, la Cubaine Daymé Arocena
« C'est une artiste complète, s'enthousiasme Gilles Peterson, une chanteuse qui fait la connexion entre la rumba traditionnelle, le jazz, la pop et la culture yoruba, mais aussi une excellente compositrice et arrangeuse. »
Havana Cultura est le premier enregistrement londonien de l’artiste qui précédait l’album de l’an passé Nueva Era. Et comme il resurgit dans sa toute sa fraîcheur ces jours derniers, c’est juste l’occasion d’y glisser les deux oreilles. Drama y mixe ainsi la rumba cubaine à un jazz plus traditionnel, et c'est la voix de la chanteuse mêlant espagnol et yoruba qui interpelle par sa puissance et sa grâce, ou bien elle se réapproprie le standard Cry Me a River qui en ressort essoré et comme neuf.
Daymé Arocena revendique les racines de la santería, religion polythéiste initiée par les esclaves de l’île, et du vaudou, et en s’ouvrant à une écriture exigeante distille quelques mignardises de production. On adjoint au menu des pistes de chant multipliées pour en magnifier l’ampleur, des pyrotechnies vocales à répétition, et quelques invités de choix issus d’une scène jazz curieuse de tout (dont le contrebassiste Neil Charles et le pianiste Rob Mitchell). L’immédiateté de son art, la virtuosité de son chant et quelques audaces (El Ruso, en hommage à sa mère contrainte d’apprendre le russe en plein embargo américain) positionnent cette nouvelle diva des Caraïbes en première ligne de la musique de son île.
Daymé Arocena – The Havana Cultura Sessions EP (Brownswood)