William Eggleston, gentleman du sud haut en couleurs

On sait qu'il est un des inventeurs de la photo couleur. Un de ceux auquel Cartier-Bresson affirmait quand même qu'il faisait de la merde…  Ce faisant, regarder une de ses photos est un exercice en plusieurs temps. On révise avec vous. 

A bien regarder, après avoir été intrigué par la composition générale de la photo qui a attiré l'œil, on commence à trouver des intérêts aux lignes qui la traversent, aux angles qui se coupent et se recoupent, aux couleurs qui ne sont jamais là pour le style ou a beauté de la chose montrée. et puis, en additionnant tout cela, on s'aperçoit que c'est carrément un travail à la fois balistique, physique, graphique et stylistique - pris dans un seul cliché. ET plus l'on regarde et plus on rentre dans le propos et plus on est intrigué qu'il ait pu saisir tant de choses à la fois. Alors, on y retourne simplement et on se dit que c'est génial.

Retiré, Eggleston n'est pas aigri, il est replié dans son propre musée qu'il gère avec son fils Winston à Memphis au Tennessee. Alcoolique repenti à 77 ans, l'homme reste brillant, d'une classe totale, s'avère un excellent pianiste et arbore encore toutes les traces du génie qu'il reste dans la conversation. Lui qui avoue sans sourciller qu'il considère ses clichés comme ayant tous la même valeur (grande!)  mais qu'il ne s'attarde jamais sur une prise de vue, à être dans l'instant où tout se conjugue sans qu'il ait même à le chercher… Selon les angles de prise de vue : mi-Keaton, mi-Claude Brasseur.

Jean-Pierre Simard

William Eggleston par Wolfgang Tillmans

La suite de l'interview dans le dernier numéro du New York Times