Drôles d'Oizeaux !
Un livre de Steven Jezo-Vannier sorti dernièrement aux éditions "Le Mot et le reste" retrace l'épopée des Byrds en 360 pages touffues qui donnent assez souvent envie de se flinguer, tant les conflits d'ego ont miné le groupe formé par Gene Clark, David Crosby et Jim Mc Guinn. Mais c'est aussi cela qui est intéressant. Pour le reste, chacun sait déjà que le groupe était plutôt bon. Nous entrons dans les détails.
Les Byrds ont révolutionné le son et fait bouger quatre fois les modes musicaux entre 1965 et 1973, inventant le folk-rock à partir de Dylan et des Beatles avec Mr Tambourine Man, construisant le psychédélisme en raga-rock avec Eight Miles High en collant des effets partout et en suivant la ligne d'impro du John Coltrane d'India, fondant le country-rock avec Gram Parson et Sweetheart of the Rodeo, pour revenir à un rock basique sur Byrdmaniax, avant d'imploser. Tout cela en moins de dix ans et en suivant les caprices du leader Jim (puis Roger) Mc Guinn, un musicien inventif, mais vraiment pas fait pour le leadership, tant il a usé de talents par autoritarisme pour maintenir debout la formation qui, à certains moments n'était plus réduite qu'à lui et quelques salariés…
Gros vendeurs pour Columbia, les Byrds ont eu du temps en studio pour peaufiner leurs compositions dans les premiers temps du groupe. ¨Plus tard, quand leurs errements se sont amplifiés, ils ont dû à l'inverse parer au plus pressé, avec beaucoup moins de temps pour répéter - ils ont quasiment toujours été minables en live, sauf lors des années 70/73 avec la formation de Chris Hillman, Skip Battin et Gene Parsons à l'époque du double album Untitled. Mais pour le reste, seuls les albums bien produits ont pu faire décoller leur carrière et les imposer comme les arbitres du son et de l'élégance, trois années durant, de 65 à 68.
Le livre éponyme de Steven Jezo-Vannier sorti dernièrement aux éditions Le Mot et le reste retrace cela assez obstinément, en 360 pages touffues qui donnent assez souvent envie de se flinguer, tant les conflits d'ego ont miné la première formation, avec Gene Clark, David Crosby et Jim Mc Guinn. Une pelote de nœuds et d'embrouilles tout le temps que les trois compositeurs ont joué à égalité, avant que Mc Guinn ne vire ses deux rivaux, car plus dans la /sa ligne. On pourra rétorquer qu'il a fait vivre et évoluer le son, sauf qu'à y regarder de plus près, c'est en adaptant et en remaniant les idées, voir les voix ou les arrangements des autres qu'il est parvenu à ses fins.
Je ne tenterai pas de vous donner l'intégralité des line up, il y a des sites qui le font très bien et le livre propose la sienne. Mais l'autre fait notable est qu'autour des membres se sont agrégés tous les musiciens de San Francisco - quand le groupe est né à Los Angeles- à un moment ou un autre par pollinisation ( je joue chez toi, tu joues chez moi), ceci étant valable aussi bien pour Quicksilver Messenger Service avec Dino Valenti, Le Dead avec Jerry Garcia, Jefferson Airplane au grand complet, Buffalo Springfield avec Steven Stills et Neil Young, Les Flying Burrito Brothers avec ou sans Gram Parsons ou même une vraie proximité avec les Beatles et les Stones, côté Brian Jones pour les seconds et George Harrison pour les premiers qui, en retour, s'est inspiré des Byrds pour ses morceaux psychédéliques au sein des Beatles sur Revolver et Sergent Pepper.
Au final, une sacrée bande de tête de nœuds, d'égotiques, de paranos, incapables de prendre un avion ( Gene Clark), mais sachant se placer en avant des modes pour les lancer et répercuter l'air du temps en parlant avant les autres de liberté pour la jeunesse, de méditation, d'écologie, d'anticipation, de pertes de repères et de combat politique, quand cela rimait avec vie au quotidien, et se répercutait sur des millions d'ados dans le monde entier. Donc, un bon groupe. Puissant et affûté dans son discours, avec une musique avant-gardiste déployée au bon moment, grâce en grande partie à l'amitié de Bob Dylan, qui adorait Mc Guinn, et leur a refilé certains des meilleurs titres de son répertoire aux moments les plus critiques, comme à la période d'Easy Rider - dont les deux personnages principaux, sont calqués, faut-il le préciser, sur Roger Mc Guinn pour Peter Fondaet David Crosby pour Dennis Hopper. It's alright ma, I'm only sayiing…
The Byrds de Steven Jezo-Vannieraux Editions Le Mot et le Reste.
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