Rebel Rebel, Art+ Rock, de l'art contemporain in situ via la culture rock
Un (beau) livre qui s'avoue sous les charmes conjugués de l'art contemporain et du rock, ça attire l'œil. Quand en plus, c'est le catalogue d'une exposition (belge) on y regarde à deux fois. C'est Rebel Rebel, Art + Rock et ça nous plaît bien.
D'un côté, l'exposition propose, selon Denis Gielen, directeur du MAC’s, de redécouvrir la culture rock à travers le prisme d’œuvres (vidéos, photos, installations, dessins, peintures, etc.) qui en détournent les codes, les modes et les références. Réunissant les œuvres de près de 30 artistes belges ou étrangers, l’exposition offre un regard sur le rock, tantôt immersif (installation vidéo), tantôt distancié (documents d’archives), qui oscille entre énergie destroy et humour désinvolte.
On pourra y découvrir des œuvres de : Jean-Michel Alberola, Dave Allen, Jacques André, David Askevold, Charlotte Beaudry, Quentin de Briey, David Claerbout, Gilles Élie Cohen, Damien De Lepeleire, Douglas Gordon, Dan Graham, Patrick Guns, Daniel Johnston, Corita Kent, David Lamelas, Gauthier Leroy, Jacques Lizène, Christian Marclay, Dieter Meier, Angelica Mesiti, Jonathan Monk, Johan Muyle, Dennis Oppenheim, Tony Oursler, Steven Parrino, Raymond Pettibon, Allen Ruppersberg, Catherine Sullivan, Dennis Tyfus, Joris Van de Moortel, Alan Vega.
De l'autre, le catalogue joue de trois parties, respectivement intitulées Roots, Looks et Fools, cœur d'un projet éditorial où musique rock et art contemporain s'associent en un combo bâtard et rebelle.
Colorée notamment par les chansons de Hank Williams ou Patti Smith, la première met en lumière des artistes qui, comme Dan Graham, Allen Ruppersberg ou David Askevold, se sont intéressés aux racines vernaculaires de la musique rock.
La seconde, iconique à l'image d'Elvis Presley, Deborah Harry ou Kurt Cobain, sélectionne des œuvres qui s'en prennent aux vanités du star system et de son esthétique glamour, à la manière de Mimmo Rotella, Douglas Gordon ou General Idea.
Enfin, teintée par la noirceur de groupes punk comme les Ramones ou les Stooges, la troisième facette du rock présente des plasticiens iconoclastes qui déconstruisent, comme Art & Langage, Steven Parrino ou Jonathan Monk, le mythe moderniste de l'auteur génial.
A chacune de ces facettes correspond un chapitre du livre qui, partant de duos 'art-rock' (Andy Warhol + Bob Dylan, Tony Oursler + Sonic Youth, Jeremy Deller + New Order,… ), s'organise en divers planches iconographiques.
Une approche distanciée de la culture rebelle tricotée via le rock et l'art contemporain. C'est assez bien vu, on en convient. En retournant le propos, on dira que ce n'est pas pour rien que Peter Blake a conçu a pochette du Sergent Pepper's Lonely Hearts Club Band, puisque d'après un autre anglais assez célèbre, le petit William " Quand le rythme de la musique change, les murs de la ville tremblent… "
Jean-Pierre Simard
Rebel Rebel, art+ Rock de Denis Gielen, préface de Jeff Rian, éditions Fonds Mercator