Quand Paris était une fête… un livre de Raphaël Malkin revient sur la "french touch"

Durant sept ans, Paris a vécu au rythme des fêtes d'une bande d'allumés technoïdes qui ont vendu leur affaire au monde entier. Bienvenue dans la French Touch !

Raphaël Malkin s'est offert la lourde tâche de raconter comment dix personnes, en gros, ont réussi à inventer un son typiquement parisien et à l'installer sur la scène musicale mondiale, en faisant reconnaître la France, comme force musicale de tout premier ordre. C'était non seulement une gageure, mais aussi un conte de fées. Avec ventes de disques millionnaires et clubs plein à craquer sur le seul nom des musiciens associés. 

En dévidant le fil historique qui va du rap à la techno via les raves, via Zdar et Boombass pour Cassius ou Zdar et de Crécy pour Motorbass, avant Superdiscount ; celui de la house fûtée de Dimitri from Paris, en narrant la montée en puissance de Pedro Winter et des Daft Punk Punk - mais en oubliant l'apparition de Nirvanet comme vecteur de propagation -, pour mieux filtrer l'histoire via le montage des soirées Respect de David Blot, Jérôme Vigier-Kholer et Fred Agostini qui ont semé le feu de Paris à Hollywood , en passant par Kuala-Lumpur et la Playboy Mansion ou les résidences en club new-yorkaises… l'auteur fait le job.

Et il le fait extrêmement bien. Le bouquin est tout vibrant des rencontres chez Rough Trade quand, le mercredi matin, Yvan Smagghe régnait de son air pincé et de son humour vache sur la tribu des aspirants à la notoriété pour mettre sur les murs ( ou sous le comptoir- selon la rareté) les arrivages de partout. De quoi faire tourner les platines de Nova et FG, devant Gilb'R et Loïk, ou Jean-Yves Leloup…

On y retrouve le feeling cinglé qui animait les soirées du Queen où, au coude à coude, les vieux rock critics côtoyaient les clubbers pour tenter de comprendre l'énergie des Daft - sans vraiment apprécier… pas assez d'instruments, pas la même énergie- un vrai passage de relais pour ceux qui n'avaient pas vu ou compris la symbolique du concert des Stones Roses à Spike Island, avec Andrew Weatherall faisant danser 100 000 personnes sur des remix furieux, pendant que les Happy Mondays sortaient leurs remontants de superbes valises chromées…

Ce Paris-là, difficile à croire ou même à envisager, après le 13 novembre dernier, a non seulement fait rêver une génération de danseurs - avec ou sans ecstasy- mais leur a donné un sens du timing, de l'instant et du possible de vivre son rêve… Depuis, et c'est la raison de sa disparition, le formatage des soirées et de la musique règne. La suite, qui aura forcément d'autres enjeux et d'autres aspirations est peut-être déjà là… Mais l'histoire est belle, la musique formidable et si cela peut inspirer d'autres acteurs : D.I.Y. !

Jean-Pierre Simard

Music Sounds Better with You de Raphaël Malkin ( éditions Le Mot et le Reste)