Tour de France des lieux autogérés : épisode 6 - Tera Eco

Nous retrouvons Odeline, Maeva et Audrey et leur camping car pour une nouvelle étape de leur tour de France des lieux autogérés. Cette fois-ci, nos trois baroudeuses font halte à l'éco village Tera. Un village écologique bien de son temps.

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Odeline, 25 ans, Maeva, 30 ans et Audrey, 35 ans poursuivent leur tour de France des lieux alternatifs et solidaires, avec l'envie d'apprendre pour créer leur propre projet. Respectivement éducatrice spécialisée auprès d’enfants en situation de handicap à Besançon, psychothérapeute pour enfants à Carpentras et psychomotricienne dans la région d’Avignon, elles font cette fois-ci escale à Tera, un éco village qui se veut de son temps. Ce projet expérimental vise à relocaliser à 85% la production vitale à ses habitants, abaisser son empreinte écologique à moins d'une planète et valoriser cette production en monnaie citoyenne locale, émise via un revenu d'autonomie d'un euro supérieur au seuil de pauvreté pour chacun de ses habitants.

Carnet de bord - Tera : 30 Octobre- 17 Novembre

Après notre trip Aveyronnais, nous débarquons à Masquières, petit village à proximité de Cahors dans le Lot et Garonne. Nous partons rencontrer le projet TERA: Tous Ensemble vers un Revenu d’Autonomie.  La raison d’être de TERA est de « créer les conditions matérielles pour que chacun puisse expérimenter le chemin de son propre bonheur dans le respect des humains et de la nature ».

Pour ce faire, ce projet expérimental a pour finalité la construction  d’un éco-village qui s’articulera autour de 6 axes fondamentaux :

1.       redessiner la démocratie

2.       bien être et vivre ensemble

3.       production locale du nécessaire

4.       habitation durable

5.       mutualisation des ressources

6.       choix d’activités

Pour plus d’informations consulter la Charte  de l’asso sur son site http://www.tera.coop

Nos premières impressions du projet se sont faites par le site web et la rencontre furtive de Fred Bosqué aux Amanins cet été. Ce dernier se définit comme un entrepreneur humaniste et a derrière lui une longue carrière dans le social au sens large (directeur de CHRS (centre d'hébergement et de réinsertion sociale), initiateur du Sol Violette, monnaies locales toulousaine..) et encore milles vies en une. Son intervention, tant par son contenu que par son éloquence, a su nous mettre les neurones en ébullition !

TERA est un  projet très ambitieux : l’association s’est fixée comme objectif de développer une expérience d'éco hameau où les habitants recevraient un revenu de base en monnaie locale en créant eux mêmes leurs valeurs d’échanges et leurs circuits de distribution locale. Rien que ça !!!

Le concept est attrayant. Le site web est bien travaillé, les photos montrent des chantiers participatifs lors desquels ont été  construites des maisons autonomes en eau et électricité, et décrit le programme établi sur 3 ans pour la construction de l'éco hameau expérimental. 

Le projet a commencé par deux tours de France à vélo. Le premier tour d’un an, orienté vers la rencontre d’initiatives citoyennes, a permis de récolter des informations sur leur vision d’un éco hameau idéal. Ces données ont été utilisées dans la construction du projet de TERA. Pendant le deuxième tour, des lieux de vie et de production ont été rencontrés. Frédéric nous livre un des constats importants qu’il a fait au cours de ces voyages « La révolution est déjà en marche. Il n’y a rien à réinventer, juste à mettre en relation tous ces projets, à les coordonner pour qu’ils prennent plus d’ampleur, qu’ils soient plus visibles ».


 TERA c’est une démarche d'expérimentation, comme un laboratoire à ciel ouvert. Le projet est d’ailleurs suivit par un groupe de scientifique qui évalue la démarche régulièrement (ATEMIS) Un des objectifs est de prouver par l'expérience qu'il est possible de créer un mode de fonctionnement sociétal plus efficient, plus résiliant et plus épanouissant pour les personnes qui l'habitent, que notre société capitaliste actuelle.

Une belle équipe de jeunes autour de la trentaine nous accueille chaleureusement. L’ambiance est joviale. Nous nous sentons tout de suite comme chez nous. Tera, aujourd'hui, c'est une vingtaine de membres permanents, des centaines de bénévoles, un siège social, plusieurs prototypes de maisons autonomes, un projet de permaculture allant du potager à la forêt comestible, des ruches, une boulange, un marché bio... Le terrain et les bâtis  (12 hectares) ont été donnés, pour un euro symbolique, à TERA par un économiste de renom, souhaitant rester anonyme, qui soutient le projet.

Les permanents sont tous volontaires. Nous  rencontrons une petite dizaine de permanents qui fréquente régulièrement le lieu en cette période hivernale.  Chacun a un revenu extérieur au projet (RSA, allocation chômage, temps partiel ou autre) et personne n’habite sur le lieu. Ici des personnes très différentes avec des parcours singuliers se rencontrent et construisent ensemble : un informaticien, un géomètre, un responsable financier d’une grande entreprise, une chercheuse en agronomie, un technicien dans l’audio-visuel, une kiné ou encore des personnes engagées dans la transition qui en ont trouvé ici une incarnation… Tous choisissent une autre vie plus en accord avec leurs valeurs profondes et leur désir de contribuer aux changements sociétaux par des actions concrètes. On travaille la terre, la relation aux autres, à soi pour un monde meilleur.

S’agissant  des infrastructures, nous sommes un peu étonnées en arrivant. Il y a comme un décalage avec ce que nous imaginions du projet. Nous sommes sur un terrain agricole avec un petit bâti. Les deux maisons autonomes ont du être démontées suite à un an d'utilisation, la loi n'autorisant pas d'installation pérenne sur un terrain agricole. L’accueil au niveau du territoire est contrasté. Les deux voisins proches, très réticents au projet d'éco hameau, ont installé des pancartes exprimant leurs refus et l'un d'eux a fait pression sur le conseil municipal afin que l'éco hameau ne puisse voir le jour sur la commune (Qu’a cela ne tienne, il sera bien accueilli ailleurs !)

Pour l'instant, il n'y a pas de revenu économique des différentes activités présentes sur le lieu (jardin-forêt, maraichage, boulangerie). 

Cela peut donner l’image d'un projet peu abouti dans son installation, ou en tout cas sur la partie « visible ». 

Néanmoins, l'équipe de TERA ne se décourage pas, les rendez vous fusent avec différents partenaires pour créer l'éco hameau ailleurs. Nous sentons une grande détermination.

Les activités sont organisées lors de la synchro du Lundi soir (réunion de synchronisation hebdomadaire)  et tous les matins à 9H30. Les permanents sont engagés dans des activités spécifiques qu'ils portent au sein de TERA (projet jardin-forêt, boulangerie, maraichage, camping…) 

Un trait significatif du fonctionnement de TERA est que l’on considère ici que la façon d’être et de vivre ensemble est aussi importante que la cause que l’on défend, que la réappropriation du pouvoir d’agir et de créer, passe par des apprentissages relationnels et interpersonnels. Ou comme le disait Ghandi « Sois le changement que tu veux voir dans le monde ». Les différentes expériences des membres et les deux tours de France en vélo ont bien mis en évidence que ce qui amène a péricliter la plupart des projets de ce genre ou apparentés, c’est le fameux PFH : ce Putain de, et à la fois, Précieux Facteur Humain !

Nous, on est ravies  et toutes excitées de pouvoir expérimenter tous ces outils que nous découvrons depuis plus de deux mois dans le MOOC sur la Gouvernance partagée (MOOC-gouvernance-partagee)

Mais concrètement ça donne quoi ?

Ça donne des outils pour s’organiser, créer de l’intelligence collective (1+1= 3) mieux répartir le pouvoir et ne pas répéter les processus de domination inhérent à tous groupes humains.  On réfléchit à comment répartir les responsabilités et prises de décision ?  à  comment trouver un équilibre entre décision verticale et horizontale ?  C’est passionnant ! et ca fait bien bouger à l’intérieur !

D'après la présentation d'une des membres de TERA, les outils de gouvernance partagée ont comme objectifs et comme moyens :

- l'auto gouvernance : « n'importe qui peut prendre une décision » en réunion ou temps informel, la personne qui veut prendre une décision qui impacte le collectif propose une « sollicitation d'avis » 

- la plénitude : un cadre où chacun peut être authentique 

- la raison d'être évolutive : on regarde dans la même direction. On définit ensemble des valeurs communes et des postulats qui évoluent en fonction de l’evolution de l’environnement. L’organisation est un organisme vivant qui a son propre élan vital.

Ce mode de gouvernance repose sur la confiance.  Nous découvrons Mr Laloux qui avec son livre Reinventing Organizations,  dont sont issus ces principes, est en train de révolutionner le monde du management. (Cf Conférence frederic Laloux)

Nous vivons  des réunions où l’on s’écoute, ou l’on prend plaisir à être ensemble, où les objectifs qu’on s’est donné sont remplis. Puis ensuite on peut aller se détendre, boire un verre ensemble, faire à manger, jouer de la musique. L’occasion de mettre en perspective avec ce que nous avons connu jusque là dans nos engagements militants : de longues réunions (réunionites aigues), où le cadre temporel est peu clair, où il est difficile d’écouter l’autre pleinement sans couper la parole, où les plus charismatiques ou ceux qui ont le plus de savoir prennent plus de place. En effet, certains groupes militants sont des caricatures des dysfonctionnements de la société qu’ils combattent ou qu’ils veulent transformer

Nous sentons  à quel point ces outils aident le groupe à prendre des décisions, facilitent les prises de parole, permettent  plus de clarté dans les rôles et les responsabilités de chacun. L'ordre du jour est clair pour tous.toutes, il est définit en préalable par outil informatique partagé. Les tours  de « météo » ( bref tour de parole dans lequel j’exprime en quelques mots qu’est ce qui est présent pour moi en ce moment, avec quoi j’arrive dans le cercle, comment je me sens) et de  « feedback » (je donne mes  impressions sur ce qui vient d’être vécu ensemble, j’apprécie la qualité de l’ambiance, de la nature des échanges, du contenu et de la facilitation) permettent à chacun d'avoir un temps de parole et d’écoute de qualité.

Nous faisons aussi le constat que les outils doivent rester des outils et que le risque de tomber dans quelque chose de trop rigide ou trop protocolaire n’est pas écarté.  L’une d’entre nous a pu d’ailleurs exprimer à la synchro hebdo, qu’elle n’était  pas toujours très à l'aise avec tous ces outils qui parfois lui renvoyait  trop de cadre : elle se sentait se rigidifier avec un besoin de plus de spontanéité. 

Par cette expérimentation, il nous devient évident également l’intérêt que peut prendre ces outils dans les collectifs engagés sur des luttes extérieures. Nous prenons conscience qu’il ne suffit pas de ne plus vouloir de pouvoir et de domination, il ne suffit pas de se dire en « horizontalité »pour que cela advienne. Cela demande un travail personnel sur notre rapport au cadre, à l’autorité et interpersonnel sur notre manière d’être en relation avec les autres. Même avec de «bonnes intentions » (de celles qui pavent l’enfer),  nous sommes tous sujet à reproduire les rapport de force et de domination qui sont le lit de notre culture  moderne.  Ces enjeux sont parfois implicites, très discrets et difficile à nommer.

Ainsi, il y a du sens  à créer des ponts de compréhension entre ces « deux mondes » qui parfois s'opposent alors qu'ils auraient beaucoup à s'apporter : le monde « alternatif » qui explore des outils de Communication Non Violente et de gouvernance partagée, et le monde « militant »  qui refuse parfois tout formalisme.

Trois points essentiels manquent souvent dans les groupes politiques: 

-la place pour exprimer d'avantage ses ressentis, pour parler en « je », se questionner si notre intervention répond aux besoins du projet et non en réponse à l'autre (afin d'éviter les luttes d'égos) 

- la distinction entre rôle et personne

-la clarification des rôles de chacun: définir ensemble (en fonction des envies de chacun) les besoins du groupe et en quoi chaque rôle peut y répondre

-la facilitation de la réunion : ordre du jour défini à l'avance et expliqué en début de réunion, temps défini, roulement entre les personnes qui animent la réunion, organisation différente entre le tour de parole libre pour faire émerger une proposition/ et le tour de parole de « consentement » en réponse à la proposition 

Exemple : lorsqu'une personne propose une action, le facilitateur reformule la proposition et demande à chacun s'il est d'accord/ ou s'il propose une modification jusqu'à ce qu'il ait consensus.

Finalement, c'est aussi un équilibre à trouvé entre un projet trop tourné vers les autres où on ne s'écoute plus (ni individuellement, ni au niveau du collectif) et un projet trop tourné vers l'intérieur où on s'écoute beaucoup mais on ne met plus grand-chose en action… 

A TERA sont aussi organisés de nombreux temps de parole, d’écoute et de régulation de conflit. Ainsi pendant la semaine nous pouvons assister à un Rendez-vous de la Paix, un Apérole, ou encore un Cercle restauratif (espace dédié a la résolution de conflits interpersonnels). La participation y est toujours libre et consciente.

Chaque espace mériterait d'être mieux définit et explicité ici, mais rien ne vaut l’expérience apprenante. Nous y reviendrons dans d’autres articles. On est à peu pres d’accord que ces outils feront partie de notre mode de fonctionnement.

 Oui pour nous aussi c’est un tout nouveau vocabulaire avec à apprivoiser, et si les mots sont utiles à nommer le réel, on peut postuler que renouveler le vocabulaire peut permettre un renouveau de nos réalités d’être et de faire ensemble

Plusieurs personnes expriment comment la vie en collectif les a changées intérieurement : travailler sur l’acceptation des différences ; accepter de ne pas tout contrôler ; s’excuser quand on sent qu’on a débordé…. Chacun semble être davantage à l’écoute de soi, et dans une démarche de responsabilisation face à ce qu’il ressent et agit.

Nous sommes  aussi touchées  par la qualité de la « contenance » du groupe. Terme « psy », désolée c’est nos déformations professionnelles qui refont surface ! Cela fait seulement deux ans que le collectif s’est créé, et des personnes ne l’ont rejoint que très récemment. Nous observons une grande qualité dans les échanges, dans la confiance de chacun dans le  groupe. La vie en collectif est un sacré accélérateur de développement personnel

D’autres facettes du projet ont davantage interpellé certaines d’entre nous. Comme l’équilibre difficile à trouver entre liberté individuelle et responsabilité collective.

Ici comme dit précédemment, l’investissement dans les activités se fait de manière libre et consciente. Rien n’est imposé. Il existe un décalage important entre l’investissement de chacun. Cela crée des frustrations pour ceux qui s’engagent le plus. Certains ont quitté le projet pour ces raisons : un trop grand décalage avec le projet idéal et sa réalisation dans le réel. D’autres ont dû faire un travail de deuil concernant la temporalité de la mise en œuvre du projet. Le postulat étant  que chacun fait ce qui est juste pour lui, à son rythme. L’idée est de ne pas  reproduire la pression et le stress du monde du travail. Néanmoins le manque d’investissement de certains peut contaminer le groupe, et créer une certaine inertie. Ces constats nous font nous questionner sur le fonctionnement que nous souhaitons dans le lieu que nous allons construire. Est-ce que nous demanderons un minimum d’engagement, d’heures de travail pour construire le projet ensemble, pour s’assurer de sa réalisation ?  Il me semble important pour la suite de creuser un peu plus ces thèmes « existentiels » de liberté individuelle et responsabilité collective (envers soi, les autres, le projet) pour trouver un fonctionnement qui fasse sens pour nous. Sachant qu’a la différence de TERA, notre lieu a pour vocation d’accueillir des publics en difficulté, entre autre et qu’a ce titre une rigueur professionnelle est requise de fait.

La rencontre avec Frederic Boqué a été riche de découverte et prise de conscience. Sa façon de voir le monde est touchante, pleine de nuances, d’optimisme et d’humanité. Devant nos critiques des institutions traditionnelles d’accueil et de soin, il nous partage sa vision : « Les institutions sont devenues grandes car elles ont bien répondu pendant tout un temps à des besoins. Aujourd’hui elles n’y répondent plus. Il y a nécessité à créer de nouvelles organisations » … « nous devons accomplir le changement, plutôt que de seulement s’opposer, voire la crise comme potentiel de changement et de transformation » « ne pas attendre que ceux qui nous dirige se mettent en action, ne pas leur laisser ce pouvoir ». « Des gens font, mettent en place de nouvelles pratiques et ensuite recherche l’accord des dirigeants et financeurs… » « ça part du bas pour aller vers le haut, par l’action et la créativité ». Il nous parle des rencontres qu’il a fait durant son tour de France « les lieux qui ont tenu, sont ceux où les personnes avaient un désir ardent, plus fort que la motivation, que la volonté, qui sont plutôt associés à des notions de sacrifice et d’effort ».

Dans les yeux de Fred, mais aussi de beaucoup des personnes que nous avons rencontrées sur notre route, nous pouvons voir ce regard qui pétille, ce regard qui témoigne de la présence forte de ce désir ardent qui peut soulever des montagnes. 

A TERA nous avons donc fait l’expérience concrète de la gouvernance partagée en marche. Personne ne s’étonnera alors que nous nous permettions avec toute la bienveillance que nous avons a l’égard du projet et de ses porteurs, de formuler quelques objections, tels des cadeaux offerts au Centre qu’il a semblé important à certaine(s) d’entre nous de clarifier. Ou tout au moins de poser quelque part. En voici quelques bribes...

Le projet TERA est porté par une équipe dotée de compétences variées.  C’est d’abord Fred Bosqué, qui  en est à l’initiative. Je me questionne sur le fait que puisse naître  un collectif horizontal quand le « bébé » naît de l’initiative d’une seule personne. D’autant plus si cette personne est détentrice de compétences pointues dans le domaine économique. L’argent restant encore, pour au moins la phase de mise en place du projet, le nerf de la guerre.  Afin d’être plus claire, la question qui me taraude ici est : comment le collectif s’empare du projet d’une personne ? et comment peuvent se repartir les responsabilités liées à l’argent quand cette même personne est plus expérimentée dans un domaine clef  également lié à l’argent (recherches de fonds…)?  D’autre part, comment le projet économique est-il  compris et incarné par tous les membres du collectif ? 

Je me rends compte, avec du recul, que je parle là de mon besoin propre qui est de co-construire les principes de base d'un projet. Ou au moins de bien comprendre l'objectif du projet avant de m'y impliquer pleinement. Et autant dire que même si ces questions demeurent, je reconnais n’avoir pas suffisamment d’éléments de compréhension du modèle économique que propose TERA pour avoir une vision globale du projet.

A la synchro du matin, il est rare de voir présents plus de deux permanents, je sens que le rythme est très « tranquille ». Je me questionne alors si c'est la période qui veut ça, ou la synergie du groupe habituel. Et pourtant, je sens que les besoins pour avancer le projet ne manquent pas : maraîchage, travaux d'aménagement intérieur et extérieur, … 

La question de l'adéquation entre ambition et réalisation du projet se pose : ne vaut il pas mieux commencer par des objectifs plus adaptés aux capacités du groupe? 

Mon « côté pratico pratique » n'arrive pas à comprendre comment le projet permettra un revenu de base de l'équivalent en monnaie locale de 1000 euros à chaque habitant sans un investissement préalable de chacun. 

Alors je questionne, je cherche à comprendre. 

TERA cherche actuellement différents financements extérieurs : privés (donateurs/actionnaires), subventions européennes et régionales, nécessaires pour le projet d'éco hameau et le revenu de base. 

Pour les membres de TERA, les subventions servent seulement de tremplin et ne doivent pas s'inscrire sur le long terme. Le modèle économique est pensé pour que le système se suffise à lui même. Mais pour cela, il faut qu'il y ait un minimum de valeur qui soit créé et donc d'activité économique. J'en reviens donc à ma question précédente... 

L'accueil de nouveaux permanents à Tera ne demande pas de critère spécifique, seulement un respect du lieu et des personnes. Un processus d'intégration est depuis peu mis en place pour soutenir les volontaires à devenir permanents. La création d'activité économique est encouragée (réunion prévue dans ce sens au besoin) mais pas obligatoire. 

La non nécessité de « rentabilité » actuelle amène à ce que les permanents aient peu de stress concernant l'argent qui rentre et donc à l'activité économique à produire. L'idée est que chaque permanent ou volontaire s'investit comme il l’entend. 

Cette situation ne me poserait pas de problème s'il s'agissait d'une activité bénévole, mais il s'agit ici de défendre un projet collectif qui souhaite assurer à chacun un revenu égal à 1000 euros, on ne peut  pas , à mon sens, faire l'impasse sur la responsabilisation de chacun. Sinon, nous donnons une image faussée, il est essentiel pour moi que les alternatives d'aujourd'hui puissent être celles de tous.toutes demain. Pour cela, le projet doit être un minimum réalisable et qu'il tienne dans le temps grâce à son autonomie propre. 

On pourrait encore en écrire des pages… avant de conclure, impossible pour autant de faire l’impasse sur les heures passées à creuser des trous à la pelle et la pioche avec nos petits biscoteaux ! Eh oui dans le jardin-forêt on ne fait pas ça n'importe comment, on calcule au cm prêt où on va planter les fraisiers (grâce à un plan en permaculture) et on les plante bien enracinés dans la terre. Merci Greg pour toutes ces belles explications..

Sans oublier notre initiation au jeu du TAO, une des pratiques qui contribuent à la qualité du lien à soi et aux autres qui permet de se sentir durant quelques heures comme en « flottement », un temps « en dehors» ! 
cf : http://jeudutao.fr/ 

Et puis bien sûr il y a des rencontres qui marquent au cœur et au corps, de ces rencontres qui ouvrent des chapitres pour la suite, pour les prochains rendez vous avec la lune !

A suivre...