Avanti : tour de France des lieux autogérés - épisode 4
Où nous retrouvons Odeline, Maeva et Audrey pour une nouvelle étape de leur tour de France des lieux autogérés. Cette fois-ci, elles nous racontent Alter éco, près de Cavaillon. Une association qui a su inventer un lieu de vie et d'accompagnement sans perdre son âme. Retour au carnet de bord de nos trois voyageuses pour l'épisode 4 de leurs aventures en camping-car. Avanti !
Alter éco
Odeline, 25 ans, Maeva, 30 ans et Audrey, 35 ans poursuivent leur tour de France des lieux alternatifs et solidaires, avec l'envie d'apprendre pour créer leur propre projet. Respectivement éducatrice spécialisée auprès d’enfants en situation de handicap à Besançon, psychothérapeute pour enfants à Carpentras et psychomotricienne dans la région d’Avignon, les trois baroudeuses sont arrivées le 2 octobre dernier dernier à Alter éco, une coopérative qui vit à fond l'aventure bio.
02/10/2017
Nous posons cette fois-ci notre camping-car chez Alter éco. Alter éco est un lieu de vie alternatif, qui accueille des woofers, propose des formations multiples et variées en énergie (éolienne, cuiseur solaire, séchoir solaire, biogaz...), en éducation (pédagogie montessori), en éco-construction (bases techniques de bio-climatisme, les usages de la terre et de la paille), et en alimentation (compost, jardin sur buttes). Rien que ça !! Mais surtout ils/elles mettent en pratique toutes ces connaissances sur le lieu.
03/10/2017
Bruno, Anne et sa famille, qui nous accueillent, se sont installés ici pour vivre de manière quasi autonome en fonction de leurs besoins. Ils ont cultivé la terre afin de créer 1000 m² de jardins, ces derniers sont aujourd'hui collectifs et autogérés par une dizaine de personnes. Leur fonctionnement permet à chaque jardinier de recueillir un panier de légumes hebdomadaire pour un temps de jardinage d'environ deux heures par semaine et être ainsi en mesure d'assurer l'autonomie alimentaire en légumes d'une famille de 5 personnes (2 adultes et 3 enfants).
04/10/2017
C'est à partir de ce jardin que nous avons commencé à découvrir les outils que Bruno (et d'autres à Alter Eco) ont élaboré. Par exemple, la feuille de calcul permettant d'établir un plan de culture annuel consiste à calculer le nombre de graines à semer chaque quinzaine pour chaque variété cultivée, selon le nombre de jardiniers. Cet outil est diffusé gratuitement sur http://altereco30.com.
05/10/2017
Sur leur site il y aussi de nombreux tuto très efficaces pour apprendre des techniques d'autonomie (diffusés aussi sur notre site « faire soi même ») : séchoire/ cuiseur solaire, cuiseur isotherme, four à pain, phyto-épuration,éolienne, toilettes séches… Nous avons découvert ces merveilleuses fabrications durant notre séjour : la cuisson de bons plats au cuiseur solaire presque tous les midis, la récolte de prunes dans le séchoir solaire, la joie du cuiseur isotherme pour terminer la cuisson de nos plats, le remplissage de nos eaux usées dans la phyto, la descente de l'éolienne et sa réparation sur place, et bien sûr les supers toilettes sèches !
05/10/2017
Ce modèle nous a réconcilié avec l'utilisation des toilettes sèches en vie collective. Le principe des toilettes sèches à compostage intégré est de mettre en place un réceptacle assez important (80 à 1000 litres de volume), séparé en deux trappes. Un système d'écoulement permet l'évacuation des liquides en excès qui sont soit acheminés vers une station de phyto-épuration, soit stockés dans un bidon étanche. Ce principe permet de laisser la matière se composter au moins huit mois avant de la vider. Elle aura perdu la moitié de son volume et à peu près autant de son poids. Les odeurs auront totalement disparues et l'aspect sera celui d'un compost grossier. Il y alors juste à décaler le toilette sur l'autre trappe et à chercher le compost tout fait !
Nous avons fait la « pub » de ce modèle durant toute la suite de notre voyage.
Ce système peut même être intégré à un habitat. Vous trouverez plus de détails sur leur site.
06/10/2017
Petit focus sur l'éolienne : on peut se questionner sur les avantages à fabriquer une éolienne quand on sait qu'elle produit maxi 2000 watts (la plus grande) et donc ne répond pas à tous les besoins d'énergie pour une maison. Ici, l'avantage est surtout de participer de A à Z à la fabrication de l'éolienne (grâce à une formation avec Tripalium et l'organisation d'un chantier collectif) et de savoir comment la réparer soi même ! Tripalium fournit des manuels d'entretien et de maintenance. Nous avons pu observer Bruno à l'oeuvre :la manœuvre de la descente de l'éolienne est très précautionneuse, puis la rigueur du diagnostic, l'attention portée sur l'équilibre des pâles entre elles. Avec l'utilisation, il arrive régulièrement que le poids se décale, il suffit alors de le réequilibrer.
C'est assez génial de voir comment on peut être autonome de la phase fabrication à la phase de réparation de sa propre source d'énergie (c'est quand même plus intéressant que de continuer à dépendre du nucléaire …)
Nous avons aussi été touché par l'énergie dépensée par Bruno et les autres permanents à Alter éco afin de donner envie d'apprendre. Ils souhaitent rendre leurs conaissances le plus acessibles possibles (formation à moindre coût, tuto libre sur le web...). Ils ont d'ailleurs développé des qualités pédagogiques fortes.
07/10/2017
Avec nos deux « mains gauches » nous avons appris à souder, à comprendre le fonctionnement énergétique de notre camping car, à superposer les différentes couches du compost, à jardiner, à récolter amandes et noisettes, à réparer une éolienne…
On a quand même eu de la chance de tomber sur un Bruno aussi ingénieux pour nous aider à comprendre notre « Benji » (le petit nom de notre camping car) et ses sources énergétiques : batterie du moteur, électricité, onduleur qui relie au panneau solaire (kesako ?). Sur la route de l'autonomie, le chemin est long…
08/10/2017
Aussi, la coopérative bio et locale a attiré longuement mon attention, peut être pour en créer une, suite à notre voyage, qui sait … L'idée de créer d'avantage de lien entre producteurs et consommateurs est plus que nécessaire aujourd'hui. Vous trouverez plus de détails sur la création d'une coopérative sur notre blog avec les enregistrements audio pris avec Bruno.
09/10/2017
Si nous avons bénéficié de leur pédagogie en tant qu'adultes, il est aussi possible pour les petits bouts de découvrir la joie de l'apprentissage.
Anne nous explique la création de la classe Montessori, motivée au départ par l'inconfort de l'un de ses fils dans l'école traditionnelle. Anne a tout fait pour trouver des outils plus adaptés à sa manière d'apprendre. Elle décide alors de se former à la pédagogie Montessori. Son fils a plus facilement pu nouer des relations et plus ouvert aux apprentissages.
Cette pédagogie est une méthode d'éducation créée en 1907 par Maria Montessori. Elle repose sur l'éducation sensorielle et kinesthésique de l'enfant.
10/10/2017
Moment de réflexion. L'histoire d'Anne nous rappelle celle des enfants suivis dans nos institutions respectives, mis en difficultés par la pédagogie conventionnelle qui néglige leurs besoins sensomoteurs. L'évaluation, la compétition, la performance restent encore les fondements de notre système éducatif traditionnel aujourd'hui.
Les pédagogies alternatives sont plus adaptés au développement de l'enfant mais encore trop peu accessibles, autant dans l'éducation publique que dans l'éducation spécialisée. Anne est bien consciente de cela, pour elle ces pédagogies n'ont pas de sens si elles ne sont pas accessibles. Elle a alors pris la décision de travailler à mi temps en école publique avec les outils Montessori, et en tant que bénévole à mi temps afin de créer une classe ouverte et gratuite Montessori à d'autres parents.
12/10/2017 au 17/10/2017
Nous avons chacune passé une matinée dans la classe, et observé les enfants travailler, si calmes… Dans un cadre claire (un planning avec les différentes activités) ils se déplacent librement et choisissent de manière autonome leur activité : ils prennent leur petit plateau et manipulent les objets. Ils sont très attentifs à ce qu'ils font. L'adulte est présent pour montrer l'exercice la première fois puis il se met « à distance ». Si l'enfant est confronté à un échec l'adulte n'intervient pas. L'enfant va s'en rendre compte lui même car il ne peut réaliser un exercice Montessori jusqu'au bout s'il fait une erreur, les activités sont auto correctives. En tant qu'adulte, il est bien difficile de tenir cette position, cela demande de lâcher prise et de faire une grande confiance à l'enfant. Cela nous a mis dans des situations bien inconfortables, où il était très difficile de s'empêcher d'intervenir tellement nous étions conditionné à réagir « du tac au tac ».
Cette observation nous a amené à prendre conscience de l'intérêt d'un questionnement perpetuel sur notre manière d'intervenir auprès de l'enfant. Cela demande de se connaître, d'avoir un regard sur soi et garder une position en « méta ».
Pour donner une ordre d'idée, avec la pédagogie Montessori, une heure trente à deux heures d'ateliers pédagogiques par jour suffisent pour que les enfants, bien que ce ne soit pas le but premier, acquièrent le niveau requis par les programmes de l'Education Nationale.
Ok, nous savons désormais où aller si nous souhaitons nous former à la pédagogie Montessori ou à des techniques d'autonomie énergétique. Nous sentons que ces connaissances nous seront bien utiles lorsque notre projet sera lancé mais aujourd'hui il est un peu tôt pour approfondir d'avantage le sujet.
LES ATELIERS DE BENTENAC (12 OCTOBRE)
Nous rencontrons Elsa et Florianne, éducatrices d’une trentaine d’année. Elles nous accueillent plein d’énergie et l’envie de partager avec nous leur pratique. Nous commençons par une visite des lieux. Quatre hectares de terre organisés en différents espaces : maraîchage, élevage, ateliers des artisans (ébénisterie,ferronnerie,exploitation agricole en maraîchage agrobiologique et un petit élevage ) et lieu de vie avec cuisine et séjour partagés. Nous croisons des jeunes en train de donner à manger aux poules, de préparer des paniers de légumes, ou encore d’expérimenter la ferronnerie. Pendant que de bons plats sont en train de mijoter et qu’une agréable odeur enivre la maison.
Co-existent dans ce lieu: un Service d’accueil temporaire, un lieu de vie et d’accueil, des ateliers et un jardin. Tout cela chapeauté par l’association Etap, Espace Transitionnel pour l’Accès des jeunes à une Place sociale et professionnelle.
Le souci constant de l’association, a été de construire des dispositifs adaptés aux besoins d’adolescents particulièrement en difficulté tout en les intégrant à la vie sociale et professionnelle ordinaire.
Le brassage et la mixité des populations accueillies sont une des constantes de la pratique de ce lieu.
Le contact avec deux lieux très intéressants dans l'Aveyron nous pousse à prendre la route plus tôt… Alors, Avanti pour l'Aveyron ! Nous allons rencontrer le collectif Garza Loca et le Lieu de Vie et d’accueil Le Roucous !
GARZA LOCA (18 OCTOBRE)
Garza Loca est un collectif Aveyronais né de différentes rencontres grâce au compagnonage REPAS, il est constitué de maraicher.e.s, un métallier, des charpentiers, un herboriste, et une psychométricienne qui travaillent ensemble et mutualisent les moyens de production, le lieu, et les ressources monétaires. Ils.elles ont créer une association « La tambouille » qui favorise les liens sociaux à travers différents événements. Un camping va aussi bientôt voir le jour…
Odeline, Maeva, Audrey
Suite la semaine prochaine
retrouvez Odeline, Audrey et Maeva sur le site du projet Avanti !