En 2020, on a pu croire que le monde changerait et qu’on vivrait un avant et un après. Malheur, à l’inverse de nos attentes, ce dernier est devenu ce que McCarthy avait envisagé avec La Route, une survie dans les décombres d’un implacable toujours plus glaçant. Le Corre s’est dit alors qu’il devait le manifester avec d’autres armes que le filtre du polar. Et il s’est réinventé en suivant d’autres pistes qu’on découvre dans Qui après nous vivrez.
Read MoreUn système constitué de nombreuses parties plus ou moins indispensables finit par exploser lorsque certaines de ces parties sont, pour le moins, défaillantes. Chirurgical, mécanique, effarant : La Résistance des matériaux, un roman dans les arcanes du pouvoir, pourrait bien être le diagnostic implacable d'un grand corps malade, le nôtre.
Read MoreEn immersion dans un mystérieux manuscrit ancien évoquant une communauté de femmes vers l’an 1000, un extraordinaire détour poétique et politique par le passé pour mieux essayer de libérer l’avenir. Une écriture acérée, somptueuse et malicieuse, une conception graphique rare et particulièrement rusée.
Read MoreAvançons cette hypothèse, qui frôle la certitude: le grand événement littéraire de l'an dernier n'est pas l'exhumation des textes disparus de Céline mais bel et bien la parution en quatre volumes de l'œuvre de Gustave Roud aux éditions Zoé, soit ses œuvres poétiques, ses traductions, son Journal (tenu pendant soixante ans…) et ses textes critiques.
Read MoreLes lettres, on le sait, sont comme des flèches lancées sur un destinataire, mais c'est parfois le sifflement qu'elles inscrivent dans l'air qui en dit le plus sur elles, leur vélocité, leur intention, leur puissance de pénétration.
Read More[…] si et seulement si vérité était chose transparente, s’il suffisait d’y plonger une main modestement honteuse afin de presser, à tâtons, le reflet intact de la chose réelle, s’il suffisait de dire le nom des choses pour qu’elles s’ouvrent comme des fruits pourris et emplissent nos palais de sucs amers, s’il était possible d’entrer en la matière comme un corps naïf dans la peau d’un vêtement neuf inusable et veiné d’or, un vêtement cousu décousu recousu solide étirable qui de loin ressemblerait à une peau dont on détacherait lentement de fins lambeaux dès qu’il s’agirait de donner un peu de soi – faire preuve de générosité ?
Read MoreSur une île de Bréhat fictive et magnifique, un bédéaste ruiné, échoué là presque par hasard, parviendra-t-il à réaliser la fresque municipale de la rédemption ? Profondément hilarant et néanmoins joliment vertigineux, un roman réjouissant et très réussi.
Read MoreUn soldat vainqueur mais fatigué, en quête d’échappée terminale. Un mathématicien est-allemand fidèle à son amour et à ses idéaux de jeunesse. Des témoins éventuellement aveugles. Un extraordinaire télescopage narratif et stylistique pour entrecroiser les fils de l’Histoire au plus près de la chair et de l’esprit intimes.
Read MoreAvec son Grand Carnet d’adresses de la littérature à Paris, paru chez Séguier, Gilles Schlesser perpétue une tradition aussi parisienne que littéraire. Cet olni, objet littéraire non identifiée, l’est finalement assez… structuraliste, aussi, avec son côté la carte est plus grande que le territoire. Mais on parle de Paris ici, la ville illimitée qui - autrefois - avant les caméras embusquées, donnait lieu à tous les possibles des dérives urbaines…
Read MoreQuand la Série Noire offre de nouvelles traductions à des textes importants/ primordiaux du polar US, on ne peut que kiffer. Surtout quand le traducteur met à jour de l’inédit, comme ici Nicolas Richard qui redonne au roman son format originel et son titre qui redevient, en hommage au cycle arthurien, La Dame dans le lac en lieu et place de la version des Vian, La Dame du lac. Entretien avec ledit traducteur…
Read MoreEst-ce une tentative d'épuisement du sujet? Une spectroscopie délirante? Un état des lieux implacable de qui l'on se sait pas? Le fait est que Paraboles, le nouveau livre de Boris Wolowiec, n'y va pas de main morte pour ce qui est de définir un "il" aussi anonyme que singulier (quoique multiple).
Read MoreNous sommes tellement persuadés qu'écrire c'est choisir ses mots avec prudence et clairvoyance que nous finissons par oublier qu'en nous un crible terrible, un tamis par d'autres trafiqué, nous assiste obscurément dans ces choix.
Read MoreLa nouvelle de la mort de la poétesse new-yorkaise Louise Glück nous a peiné : trop longtemps ignorée en France, elle était importante pour nous. Prix Nobel de littérature 2020, un prix Nobel qui lui a été décerné au soir de sa vie, après des dizaines d’années de travail, Louise Glück est une très belle découverte poétique, qui appelle donc à toujours davantage de curiosité de notre part et de celle de nos éditeurs, sans attendre les nobélisations si possible. Nous vous recommandons de la lire dans la traduction très fine de Marie Olivier pour les éditions Gallimard.
Read MoreMême si vous avez tous les textes publiés par Franck Venaille (or ce n'est pas évident, car plusieurs sont épuisés), même si vous avez sur vos étagères Capitaine de l'angoisse animale, cette auto-anthologie géniale parue en 1998 (Obsidiane/le Temps qu'il fait), même si vous ne connaissez pas du tout Franck Venaille, sachez que désormais vous n'aurez plus aucun prétexte pour passer entre les gouttes de sueur et de sang qui vous masquaient ce poète majeur.
Read MoreUne randonnée sur l’île de Skye, une quête poétique, une clé d’autres énigmes romanesques, ailleurs : une plaquette à l’air modeste et à la puissance précieuse.
Read MoreMise en abîme et enchâssement de mensonges indécidables et de vérités fictives : un couple bourgeois universitaire à Rome pour un très savoureux vertige narratif.
Read MoreS'il est bien un livre sur Proust et sur La Recherche qui mérite ces derniers temps, parmi la pléthore de publications consacrées à cet auteur, qu'on s'y attarde, c'est bien Proust, roman familial, de Laure Murat.
Read MoreUne brève monographie et un long entretien avec l’auteur du « Cycle Clandestin » et autres merveilles noires en prise sur nos époques. Une belle réussite.
Read MoreCertains écrivains ont une réputation, d'autres quasiment une aura, alimentée non par la lecture ou l'étude de leurs textes, mais par le fantasme qu'on s'en fait en fonction d'intérêts propres. Une fois adoptés par le plus grand nombre, ils voient leur pensée se diluer dans le premier système venu, dès lors qu'ils peuvent servir à neutraliser d'autres écrivains. Ainsi en va-t-il de Camus. Tout le mérite du livre d'Olivier Gloag – Oublier Camus – est de remettre les pendules à l'heure sur l'auteur de La Peste.
Read More"L'éléphant se laisse caresser; le pou, non", a écrit Lautréamont. Je pense qu’on peut ajouter le livre en cours à l’acarus sarcopte du père Ducasse. Oui, ce livre-pas-encore-livre dont on a cru, plan à l’appui, qu’il aurait l’obligeance de se plier à nos désirs d’écriture et nos velléités d’architecture.
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