Nouveaux secrets dévoilés du funk béninois et plus encore - African Scream Contest 2

Il y a quelques bonnes raisons d'aimer le travail du label allemand Analog Africa. Ne serait-ce que de tenir la promesse du boulot initié par Francis Falcetto avec Ethiopiques : le son, les droits, les infos sur la musique. Et le second volume d'African Scream Contest les tient toutes… 

Du premier volume, on disait ceci à l'époque (2008): la révolution musicale des années 60-70 a irradié l’Afrique de l’Ouest avec le résultat qu’on connaît : un mélange extraordinaire de sonorités africaines, de funk et de psychédélisme. On pourrait croire davantage en retrait les plus petits pays comme le Bénin ou le Togo, évoluant dans l’ombre de l’afrobeat naissant. Pourtant, même avant cette explosion électrique, de nombreux courants se croisaient dans la République du Dahomey : au-delà des musiques d’expression populaire, on pouvait ressentir la présence de la chanson française et l’importance des rythmes cubains. La politique n’était pas loin. Quand la France comptait le Bénin comme "associé", ce dernier entretenait une relation historique avec Cuba (exemplifiée par la minorité Arará) – les affinités communistes des deux nations favorisant la mutualité de leurs échanges culturels. Dans le même temps, la communauté des Agoudas, anciens esclaves brésiliens, enrichissait un melting pot sonore qui fut fortement marqué par le highlife et le vaudou, et bien sûr par le pape de la funk, James Brown. African Scream Contest témoigne de l’étrange fusion de ces multiples influences par une sélection de titres irrésistibles qui prouvent que le Poly-Rythmo de Cotonou n’était pas le seul à faire fureur dans les seventies.  

Le second volume est  toujours dû aux efforts de Samy Ben Redjeb, assisté d'un ancien membre du KGB, revenu au Bénin et ayant dirigé d'une main de fer les Les Volcans de la Capitale, le fameux Lokonon André qui est parti en chasse avec une liste de 45 t réputés introuvables et qui est revenu quelques jours plus tard avec tous es titres demandés. Cette fois, il ne partait pas lutter contre les ennemis du régime marxiste-léniniste des 70's, mais passer des accords de licence avec les musiciens… D'où la rapidité des trouvailles et le bonheur des sons des titres super bien enregistrés qui oscillent de l'afro-funk à la juju music (parfois) en passant par les inspirations vaudou. On y retient le titre d'ouverture : A Min We Vo Nou We par Les Sympathics de Porto Novo, pour la fanfare de guitares bien explosive qui va ensuite  balancer la purée funk à haute température, suivi de près par un afro-ska qui a sensiblement piqué son thème à Batman, Asaw Fofor de Ignace de Souza & The Melody Aces. On trouver aussi l'Enfance de Elias Akadiri & Sunny Black ́s Band, chanté en français comme son nom l'indique. Et comme on ne va pas se taper le descriptif des 14 titres du volume, on vous parle aussi de l'autre influence prédominante du volume, celle du vaudou et de sa modernisation en relisant le folklore local à l'heure de l'électricité et du funk. Connue comme une des plus complexes religions, le vaudou implique 205 divinités auxquelles sont respectivement rattachées un paquet de rythmes spécifiques - c'est à partir de là que la musique a évolué au Bénin avec, entre autre, Antoine Dougbé qui se faisait appeler le Premier ministre du Diable, en adaptant les rythmes ancestraux pour leur donner un ton satanique moderne. Et le dernier mot à Pynasco du (génial) Poly-Rythmo de Cotonou   “Le diable n'est pas présent partout. Il habite à la maison…"  Reste plus qu'à entrer …   Beau boulot, super compile aux sons et approches variées avec des photos et des notes de pochette qui tuent. Tout bon ! 

Jean-Pierre Simard le 27 mai 2019

Artistes divers - African Scream Contest 2 - Analog Africa