Trouble dans les Andains : Ethan Murrow chasse le barbarin fourchu
Comme Boris Vian, dans son premier roman (Trouble dans les Andains) où les héros partent à la recherche du barbarin fourchu, tout en surfant sur des lacs d'hémoglobine, Ethan Murrow cogne la réalité de plein fouet, pour mieux lui dire ses quatre vérités : pas assez large, trop restrictive, sans imagination et à dévoyer sans fin.
Un peu à la manière de nos amis helvètes Plonk & Replonk, mais avec un dessin tellement académique qu'il cache trop de choses pour n'être point lui-même un paravent à l'humour de son auteur, les travaux de Murrow laissent la bride sur le cou à un surréalisme facétieux, du genre Salvador Dali rencontre René Magritte, et ils mangent des cannelloni sur le coin d'une table de dissection.
Sa pétition de principe est, à ce titre, assez jubilatoire :
" Ces dessins sont imprégnés d’idéaux et de stéréotypes, des sauvetages imparfaits et des réparations laborieuses du passé. Ils sont intégrés dans des scénarios de réhabilitation où sont gérés le déroulement et l’issue dans un enrobage de luxe et des héros flamboyants. Ils sont enveloppés dans une hésitation fourbe et un simulacre de négociation tandis que l’ancien rencontre le nouveau et que l’affrontement commence. Ce ne sont avant tout que des versions car l’histoire n’est que ça." On y va de ce pas, c'est clair.
Jean-Pierre Simard