Mood Valiant, Hiatus Kaiyote entre cancer et pandémie

Le titre du troisième album d'Hiatus Kaiyote a une double signification. C'est un clin d'œil à la mère de la chanteuse Nai Palm, qui annonçait son humeur en conduisant une Valiant Safari blanche (positive) ou noire (négative). Mood Valiant s'applique aussi directement à Palm, à qui l'on a diagnostiqué en 2018 un cancer du sein - ce dont sa mère est morte - et qui a subi une chirurgie salvatrice.

À l'époque, le groupe était en plein milieu de la réalisation de ce qui est devenu Mood Valiant, mais Palm a reçu le feu vert, lui permettant d'enregistrer les voix de l'album, avant la fin de 2019. (Elle a également dû réapprendre la guitare.) D'une certaine manière, le titre est également symbolique de l'ensemble du groupe, qui a été paralysé à nouveau par la pandémie de COVID-19. Bien que tout cela aurait pu donner lieu au matériel le plus sauvage et le plus triomphant d'Hiatus Kaiyote, Mood Valiant est plus intime et romantique qu'autre chose. Palm applique plus souvent ses références à la nature et à la science à des fantasmes amoureux. `

Dans "Chivalry Is Not Dead", après s'être comparée à une série de créatures amoureuses, elle passe à la vitesse supérieure avec "Electrons in the air on fire, lightning kissing metal/Whisper to the tiny hair, battery on my tongue". Palm va droit au but ailleurs, comme dans le coup de maître de percussion frictionnelle "Rose Water", où "All of my heart, it wants to hold you" jaillit. Le jeu du groupe est plus tendu que jamais, ses changements abrupts de tonalité et de tempo, ses polyrythmies saccadées et nerveuses, intensifiant encore la poésie de Palm. Ils font un vacarme effréné pour "All the Words We Don't Say", qui contient la performance la plus saisissante de Palm. Les couacs sont aplanis juste ce qu'il faut pour "Get Sun", un morceau roulant et se pavanant digne de Marvin Gaye au début des années 70, avec un arrangement de l'insaisissable magicien brésilien Arthur Verocai. Tout aussi crucial, "Stone or Lavender" est laissé aux seules cordes et au piano, encadrant l'assurance de Palm que "We will get over, only if we wanna".

Au final, cela donne un album à la surface légèrement éraflée, renforçant l'impression que le matériel est un peu usé et encore plus personnel. Cela culmine avec le râle douloureux de Palm sur le refrain de "Red Room", une ballade soul d'auto-préservation du niveau de "Roses" de Georgia Anne Muldrow. C'est comme si le chanteur grattait une démangeaison à l'âme de l'auditeur. Effet salutaire, catharsis assurée … 

Assistant Sécurité le 28/06/2021
Hiatyus Kaiyote - Mood Valiant - Brainfeeder

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