Les Lego d'Ai Weiwei à venir chez Max Hetzier

Ai Weiwei s’intéresse à des thèmes tels que les droits de l’homme, la liberté d’expression et les questions humanitaires universelles, à la fois dans sa pratique artistique mais également au-delà, faisant passer son intérêt de l’art à l’activisme. D’abord reconnu pour avoir commenté la situation politique et sociale de son pays, il a depuis élargi ses thèmes aux questions internationales, des régimes oppressifs à l’actuelle crise migratoire en Méditerranée.

Ai Weiwei, I Can’t Breathe, 2019 231 × 154 cm Courtesy of the artist & Galerie Max Hetzler, Paris

Ai Weiwei, I Can’t Breathe, 2019 231 × 154 cm Courtesy of the artist & Galerie Max Hetzler, Paris

Reflétant une connaissance profonde de l’art et des antiquités chinoises ainsi qu’une conscience de leur signification et de leur langage, le travail d’Ai interroge souvent la perception de la culture chinoise et l’aliénation des objets antiques dans un contexte contemporain. Dans ses sculptures et installations, il privilégie l’usage de matériaux traditionnels tels que la porcelaine, le jade, le marbre ou le bois précieux tout en étant aussi prolifique dans sa production cinématographique et photographique, ainsi que dans son travail architectural. Il recourt souvent à des techniques traditionnelles et fait appel au savoir-faire d’artisans pour créer ses œuvres à la manière de l’ancien. En contraste avec les matériaux traditionnels que sont le marbre et la porcelaine, il utilise dans ses œuvres récentes des briques de Lego, bien que celles-ci soient également employées dans un langage visuel rappelant l’art ou l’artisanat.

Pour sa seconde exposition à la galerie Max Hetzler à Paris, Ai Weiwei présente des œuvres exécutées principalement dans les trois médias titulaires. Des images allant d’une version modifiée du drapeau saoudien, faisant référence au meurtre du journaliste Jamal Kashoggi, à la réponse personnelle d’Ai à la noyade de l’enfant réfugié Alan Kuri, en passant par l’itinéraire emprunté par le navire de sauvetage allemand « SeeWatch ».

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Réalisées en milliers de briques de Lego, ces images prennent l’aspect de mosaïques anciennes. Aussi, Ai Weiwei continue de collaborer avec les artisans de Jingdezhen, dans la province du Jiangxi, le centre historique de la production de porcelaine en Chine, avec qui il entretient une relation de longue date. Il y a créé des vases et des assiettes en porcelaine bleue et blanche (« qinghua ») pour lesquels il a imaginé six motifs liés à l’expérience des réfugiés : guerre, ruines, voyage, traversée de la mer, camps de réfugiés, et manifestations. Ces thèmes reflètent l’étendue des traumatismes qui définissent la condition du réfugié aujourd’hui. La qualité de la porcelaine, dans sa forme, son style et son émail, est identique à celle produite au début de la dynastie Ming (1368–1644). Les objets en marbre renvoient aux thèmes les plus marquants de l’œuvre d’Ai, du casque, tel celui qu’un sauveteur pourrait porter à la suite d’un tremblement de terre, au rouleau de papier toilette banal, devenu symbole de la pandémie actuelle, une époque caractérisée par la panique et la méfiance. Ceci démontre à quel point le soi-disant progrès de nos sociétés civilisées est fragile. Ces œuvres font partie d’un ensemble réalisé en marbre et figurant des objets liés à tous, pourtant ignorés du paysage culturel.

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Ai Weiwei (*1957, Pékin, Chine) vit et travaille entre la Grande-Bretagne et le Portugal. Il a étudié à la Beijing Film Academy et a fréquenté la Parsons School of Design après avoir déménagé à New York en 1981.

Des expositions personnelles majeures ont eu lieu récemment à l’Imperial War Museum, Londres et Aedes Architecture Forum, Berlin (2020); K20 Grabbeplatz, Dusseldorf et Gardiner Museum, Toronto (2019); OCA, São Paulo; Fundación CorpArtes, Santiago; et Mucem, Marseille (2018); Fundación PROA, Buenos Aires; Sakip Sabanci Museum, Istanbul; Public Art Fund, New York; Israel Museum, Jerusalem; National Gallery, Prague; et Fondazione Palazzo Strozzi, Florence (2017); 21er Haus, Vienna; Foam, Amsterdam; et Museum of Cycladic Art, Athènes (2016); Helsinki Art Museum (2015); et la Royal Academy of Arts, Londres (2015), entre autres.

Ses collaborations architecturales comprennent le Serpentine Pavillon en 2012 et le Beijing Olympic Stadium avec le bureau d’architecte Herzog & de Meuron en 2008. Ai a reçu de nombreux prix et distinctions au cours de sa carrière, plus récemment le « Marina Kellen French Outstanding Contributions to the Arts Award », décerné par les Americans for the Arts en 2018, et le « Appraisers Association Award for Excellence in the Arts » en 2013. Il a été nommé académicien honoraire de la Royal Academy of Arts de Londres en 2011. Le travail de l’artiste fera l’objet d’une exposition personnelle à la Cordoaria Nacional, Lisbonne, en juin 2021.

Ming Kohn le 4/06/2021
Ai Weiwiei - Marbre, Porcelaine, Lego -  12 juin → 7 août 2021

Galerie Max Hetzier 57, rue du Temple 75004 Paris

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