Culture Rock : le “Freakbeat” de Serge Morinais
S’il est bien un domaine dans lequel nos actuels gouvernants sont aussi des billes, c’est celui de la culture rock. A croire que leur parents et amis n’ont jamais écouté autre chose que RMC, ou RTL dans la journée et lu France Soir ou Réalités avant, mais après la messe dominicale, de feuilleter devant un Porto, Points de Vue et Images du monde. Avant le néant Bolloré, il y avait celui d’Hersant et les hit-parades aux mains des éditeurs musicaux qui vagissaient du yé-yé et du jazz ringard néo-orléanais pour figues moisies. Ne reculant devant aucun sacrifice, l’Autre Quotidien leur offre ce rappel salutaire à ce qui fait la différence : l’envie de vivre. Libre…
Sarkozy se posait déjà en acculturé, trop occupé à prendre le pouvoir en militant au RPR pour s’offrir la culture qui était le lieu commun des échanges et faisait de la pensée française des années 50, 60, 70 et début 80, un phare de la culture pour le reste du monde avec un vrai rayonnement. Mais le but de Sarko (qui ne l’avait pas connue) était déjà d’annihiler ce qui s’était produit, pensé, vécu et expérimenté au fil des 60’s et 70’s. Et, c’est exactement sur le même terrain que le petit Macron étudiant allait faire ses études en apprenant la pensée libérale des années 30 US, avant de se coller un vernis philosophique auprès de Ricœur. Mais de cela, l’auteur du risible Révolution ( à la pensée maussade- pour le moins) choisirait le versant putride - que même Joe Biden abandonne aujourd’hui, pour gouverner à l’ombre du MEDEF, le syndicat qui organise le ruissellement pour lui et seulement lui…
Comme nous sommes plutôt généreux, nous offrons à Macron le Frankie Goes to Hollywood de Two Tribes , à Gérald Dharmanain, le Je M’aime de Odeurs, à Marlene Schiappa, le Sheila de L’heure de la sortie, à Jean-Michel Blanquer le Carlos de Senor Météo , à Jean Castex le Gainsbarre de Mon Légionnaire, à Elisabeth Borne la Dolly Parton de Nine to Five, à Gabriel Attal (qui a oublié) le Justice de Dance et aux Bolloré père et fils les Lucrate Milk de I Love You Fuck Off .
Après avoir botté les fâcheux en touche, revenons à ce qui fait la matière du livre avec sa sélection perso des 350 45T qui ont fait l’histoire d’un son et de ses diverses ramifications et évolutions, ce Freakbeat qui représente depuis longtemps ce que le rock a offert de plus sauvage ou barré et qui continue - c’est ma thèse - à être ce qui importe dans le rock, même celui des années 20 du XXIe siècle -> pensez aux Osees par exemple…
Laissons la parole à l’auteur qui pose sa thèse :
Le mot « beat » est employé pour désigner une nouvelle façon de jouer du rock’n’roll au Royaume-Uni, ap- proximativement sur la période entre 1963 et 1967. Cette appellation désigne à la fois des groupes qui revendiquent une forte influence rhythm’n’blues comme les Rolling Stones, les Who, les Kinks, les Animals, les Pretty Things, les Yardbirds et Them, et d’autres qui privilégient les mélodies et les harmonies vocales comme les Hollies, Herman’s Hermits, Manfred Mann et les Zombies.
Les Beatles sont alors les chefs de file du mouvement beat. Ils « contaminent » la planète entière avec ce style, qui très vite évolue en qualité et qu’on appellera ensuite « British beat 60’s » grâce à cette multitude de groupes britanniques formés, entre autres, à Liverpool, à Londres, à Manchester, à Birmingham, et qui s’engouffrent ce mouvement musical nouveau et très lucratif pour les maisons de disques. Sans les Beatles, on peut imaginer que le British beat 60’s n’aurait pas existé, le rock anglais n’aurait pas changé la face du monde, la jeunesse ne se serait pas imposée. Les Beatles sont incontestablement le top-groupe des 60’s. John Lennon, Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr furent l’avant-garde de toutes les tendances musicales des 60’s, avec toujours un temps d’avance sur les autres, ils ont donné l’exemple à des milliers de groupes.
Mais bien sûr, il n’y a pas que les Beatles qui ont contribué au mouvement British beat. Au cours des 60’s, la fausse rivalité médiatique entre les Beatles et les Rolling Stones, l’autre groupe le plus populaire au Royaume-Uni, a alimenté la presse de l’époque. On a aussi parlé d’une concurrence entre les Beatles et le Dave Clark Five, entre 1965 et 1966. En analysant bien la situation, tous les autres groupes, y compris les formations américaines, étaient des menaces pour les Beatles, c’est la raison pour laquelle le Fab Four devaient sans cesse innover.
Ah, les Américains ! Il fallait bien qu’eux aussi suivent le mouvement. Le rock’n’roll tel que nous le connaissions, périssait lentement. Elvis restait le King mais n’était plus le meilleur. Des petits Anglais de Liverpool battaient ses propres records de vente de disques. Alors, outre-Atlantique, de jeunes musiciens tentent leur chance. Des groupes américains de beat music fleurissent pour essayer de faire au moins aussi bien que les Britanniques. Donc, quelques rares groupes américains ont également eu leur quart d’heure de gloire en s’inspirant du style British Beat, nous l’appellerons American beat. ( Hello les Fleshtones.)
Mais, à partir de 1965, les groupes américains cherchent à faire évoluer ce style musical du début des 60’s, déjà ancestral à leurs yeux, afin de se démarquer des Anglais, d’une part, et essayer, d’autre part, de les surpasser avec l’apport de sonorités nouvelles et plus agressives. C’est pour cela que la beat music américaine va dériver vers un nouveau mouvement musical : le « garage rock ».
Le garage rock est donc un genre de rock agressif qui émerge aux États-Unis et au Canada au milieu des 60’s. Au tout début, le style n’est pas encore identifié, n’a pas encore reçu de nom et est affilié à la beat music. L’appellation garage rock ne parviendra à se normaliser qu’à partir de 1972, ce mouvement ayant perduré dans le temps au-delà des 60’s. Le garage rock, bien qu’associé au rock psychédélique, alors que le mouvement freak- beat prend également de l’ampleur, se caractérise par des paroles acérées et vulgaires accompagnées de guitares dont la sonorité distordue est produite par une pédale fuzz. Au début des années 1970, certains critiques musicaux définissent même ce style sous les termes de « punk rock » et parfois « garage punk », « protopunk » ou « punk des années 60 » afin de le différencier du punk de la fin des années 1970. Les groupes les plus représentatifs du genre garage rock sont, par exemple The 13th Floor Ele- vators, The Chocolate Watchband, Count Five, The Easybeats, The Electric Prunes, The Music Machine, Question Mark & the Mysterians, The Blues Magoos, The Litter, The Seeds, The Shadows of Knight, The Standells. Mais il y en a beaucoup d’autres, bien sûr, que vous allez découvrir dans ce livre.
Parallèlement au style garage rock américain, émerge aussi un autre mouvement pour lequel, pratiquement vingt ans plus tard, le journaliste musical Phil Smee en définira la terminologie : le « freakbeat ». Le terme freakbeat est inventé dans les années 1980. Au départ utilisé par les collectionneurs, mais aujourd’hui relativement répandu, il désigne les groupes obscurs de rock anglais apparus aux alentours de 1966 à la croisée entre le British beat et la musique psychédélique naissante. Les formations qualifiées de freakbeat ont un son marqué par les influences de leurs aînés anglais tels que les Kinks, les Rolling Stones, les Yardbirds et surtout les Who, aux- quelles ils ajoutent les expérimentations sonores offertes par les studios (feedback, échos, phaser et fuzztone). Il en résulte une musique plus brutale et moins policée que celle proposée par la majorité des groupes de British beat. Les formations les plus importantes associées au freakbeat sont The Sorrows, The Birds (avec Ron Wood), The Smoke, The Creation, The Primitives, The Attack ou encore The Syn.
Durant les années 60, il y eut une multitude de chanteuses et de chanteurs talentueux. Cependant, ce sont surtout des groupes de musiciens, et principalement les formations anglaises, tels que les Beatles, les Rolling Stones, les Who, les Kinks, qui ont ouvert la brèche et lais- sé leurs empreintes dans la mémoire collective. Ils ont donc inspiré beaucoup d’autres formations musicales, y compris au cours des décennies suivantes. Cette musique a considérablement influencé les mœurs des adolescents des 60’s à qui elle a fourni ses lettres de noblesse. Ce fut un phénomène planétaire.
Les années 60 ont d’exceptionnel le fait qu’elles aient engendré une multitude de styles musicaux : certes, le rock basique, le rhythm’n’blues, la beat music, le freak- beat, le garage rock, mais aussi le psychedelic-sound, le classic-rock, le blues-rock, l’exotic-rock, etc.
Le rock des 60’s, tel qu’on l’appelle communément, a excessivement fait parler de lui depuis toutes ces années. Pourtant, en France, durant les années 60, le rock anglais et américain avait des difficultés à trouver son public. Les médias de l’époque favorisaient le mouvement « Yé-Yé » et la chanson française dite « à texte ». Les succès anglo-saxons étaient diffusés au compte-gouttes sur les ondes. Cependant, certaines de ces chansons anglaises et américaines étaient interprétées en versions françaises par les fameux « Yé-Yés » tels essentiellement Claude François, Johnny Hallyday, Sheila, Frank Alamo ou même Ronnie Bird, très proche du son original des groupes anglais, pour ne citer qu’eux.
A contrario, ce rock anglo-saxon avait investi sans résistance d’autres pays européens, comme par exemple l’Allemagne, la Hollande, ou les pays scandinaves, mais curieusement, pas la France ! C’est en 1970 que, commercialement, cette musique a commencé à bien se vendre dans l’Hexagone, et de manière importante. Le public français lambda des 60’s a donc conservé des souvenirs musicaux assez limités et pas très significatifs de l’impact qu’a représenté l’invasion de ces groupes britanniques et américains qui ont défini les codes du genre lors de cette décennie.
Certes, quelques succès bien classés à l’époque au hit-parade sont de nos jours gravés à jamais dans nos mémoires, de manière symbolique, parfois même, interprétés par des groupes tout juste “acceptables” mais qui ont, de fait, été survalorisés. En revanche, d’autres groupes « exceptionnels » restent méconnus ; leurs singles ont été boudés, voire ignorés du public, alors que, depuis, certaines de leurs chansons ont fait l’objet de reprises par d’autres artistes contemporains qui ont connu, quant à eux, un succès international. Comme on aime souvent le dire dorénavant concernant le rock des 60’s : “ Ils ont tout créé à cette époque !”, alors c’est sûr, pourquoi réinventer ce qui existe déjà ?
Vous allez découvrir au fil de ces pages une sélection de chansons emblématiques qui ont été éditées en 45 tours par plus d’une centaine de groupes anglais et américains des 60’s les plus représentatifs des mouvements beat, freakbeat et garage rock. Le but est de raconter un brin d’histoire sur ces chansons, à succès ou pas, et sur ces groupes dont une faible minorité a résisté au poids du temps et est toujours en activité, en allant à l’essentiel de leurs carrières, en restant concis. Bon voyage dans le temps !
Il est évident que ce livre ne se prétend pas être complet. Le choix des titres est exclusivement personnel. Cependant, il est le reflet de la discographie essentielle qui caractérise cette période. Il y a eu une telle profusion de chansons, écrites et enregistrées par tant de groupes internationaux, au cours des années liées aux mouvements beat, freakbeat et garage rock, que je ne peux malheureusement pas toutes vous les présenter. C’est une source presque intarissable.
En résumé, ce British Beat, American Beat, Freakbeat & Garage Rock 60’s envoie 350 pépites entre tubes mondiaux et méconnus notables qui vont de A hard Day’s Night à Zoot Suit, en passant bien sûr par Satisfaction. Découpé en tranches plus ou moins historiques, le bréviaire resitue groupes et tubes avec une foule d’anecdotes. Ce, avant de proposer un index des groupes et des titres proposés. C’est plus que méritant, c’est précieux - et, comme depuis quelques mois, bien édité et corrigé. On souligne car, ce n’était pas le fort de l’éditeur ! Il y a forcément d’autres titres à découvrir comme le souligne l’auteur, mais rien qu’avec ceux-ci , vous aurez de quoi épater pas mal de monde par la science ici déployée.
Jean-Pierre Simard le 28/04/2021
Serge Morinais - British Beat, American Beat, Freakbeat & Garage Rock 60’s - éditions Camion Blanc