Sylvia Goubern, La Cité sans nom

L’Architecte Plasticienne exposait à L’espace Beaurepaire, lors de l’exposition “La Nature reprend ses droits”, une ville miniature mais d’ampleur, une pièce magnifique, sculpture, édifice, ville de sable pétrifiée aux confins des déserts, volumes de faibles densités et comme lilliputiens, permettant au visiteur, à hauteur de regard, d’être ce géant qui regarde la ville miniature et vivante, se couler hors du rêve dans la fragrance tangible des mains qui sculptent, caressent, donnent vie.

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Ainsi étendu, immobile et les yeux fermés, libre de méditer, de nombreux détails des fresques, que j’avais à peine remarqués tout d’abord, me revinrent à l’esprit, chargés d’un sens nouveau et effroyable.
— H.P. Lovecraft

La déclaration d’intention de l’œuvre stipule l’aspect fantastique de la source et de l’intention de l’œuvre. Ce n’est pas à mon sens sa vertu première, elle suscite pour moi, hors du slogan qui fait thème, image, imaginaire, produit une fiction, s’éprend du sensible, interpelle le rêve, s’émeut de ses correspondances avec Naples, Tanger, Montevideo, San Paulo, toute cité connaissant les bas quartiers, dans des constructions anarchiques qui s’empilent, branlantes, désuètes, et qui s’esquivent par le haut, hors des pauvretés, vers le ciel.

Sylvia Goubern est en quelques sorte la magicienne qui accueille entre ses doigts la fine fleur des sables pour les pétrir de ses mains heureuses afin de modeler petites maisons au toit terrasse, rues étroites, médina, places, toute une accumulation de temps stratifié.

Cette proposition très intéressante séduit c’est à dire déplace et fait voyager.. l’imaginaire du désert et la ville bleue issue du sable et de la brique… un désert qui avance, insinue son sable dans les rues, grossit comme une mer vineuse, les murs sont encore un rempart… variations infinies et silencieuses du rêve, architectures de romans issues des secrets vivants en ces maisons minuscules mangées de soleils, portant l’ombre fraiche et l’eau claire au désir des joies de l’amour, vaste chant marmoréen, Nuits, soleils de minuit, quand mille et une nuits s’emparent de la cité des sables là-bas tout là-bas à l Orient et qu’une main a reconstruit le roman des vies invisibles de cette cité fantôme, à peine perçue, vivante en creux, visibilité des invisibles.

Modelée en grès, cette installation évoque une cité disparue, engloutie par les sables vengeurs d’un désert imaginaire. Cette pièce s’inspire de la nouvelle de science-fiction d’Howard Philips Lovecraft dont elle reprend le titre “La cité sans Nom”. Un explorateur y découvre une ville enfouie sous le sable du désert d’Arabie. Ici la Nature a aussi repris ses droits, figeant à tout jamais cette Atlantide des sables. On s’interroge alors sur son histoire: cette ville fantôme serait-elle victime d’une catastrophe climatique ou de l’impact dévastateur de l’activité humaine ? Par nature, le désert se prête à tous les fantasmes, qu’il soit aride ou polaire, il est le berceau de nos fantasmes et de nos peurs primitives. Le sentiment de démesure par rapport à la cité enfouie est une métaphore de la responsabilité de l’homme vis à vis de la nature. La fragilité physique de la céramique posée au sol est soumise aux pas des visiteurs.
— Sylvia Goubern
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Pascal Therme le 29/032021
Sylvia Goubern - La Cité sans nom

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