Hum revient 20 ans après : fuzz ta mère again !

Même si vous ne les connaissez pas encore - ou que vous les aviez oublié - , Hum revient en piste avec un nouvel album sous les auspices conjuguées de Pavement et Dinosaur Jr. Alléchant, non ? Revue … 

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Formé en 1989 dans l’Illinois, Hum ira enregistrer sa toute première démo à Chicago sous la houlette du producteur Steve Albini avant d’enchainer les albums avec pas moins de quatre disques à son actif parus durant les années 90. Malgré un contrat avec RCA et quelques chouettes opportunités (une participation au Howard Stern Show et la diffusion d’une vidéo pendant l’émission Beavis and Butthead), le groupe aura quelques difficultés à convaincre. Les ventes n’étant pas particulièrement au rendez-vous, Hum sera ainsi rapidement lâché par son label. C’est après un accident de la route survenu la même année que le groupe choisira d’en rester là. Partis s’occuper ailleurs, les Américains reprendront toutefois le chemin des planches, d’abord en 2003 pour un concert unique puis en 2015 pour une tournée nationale couronnée de succès. Probablement motivé par ces retours extrêmement positifs, Hum va s’atteler en toute discrétion à la composition d’un nouvel album paru il y a quelques jours seulement. Une sortie pour le moins inattendue puisqu'à l’exception de publications relatives à la réédition vinyle de Downward Is Heavenward et quelques dates de concerts ici ou là (enfin surtout là-bas), il n’a jamais été fait mention de la sortie d’un nouvel album... Après Quicksand en 2017, autant vous dire que la planète Post-Hardcore s’est largement retrouvée en émoi après la mise à disposition de l’album sur Bandcamp et dont les versions physiques seront disponibles à compter du 31 août via Earth Analog Records (label de Matt Talbott, chanteur/guitariste de Hum).

Il est bien question de Post-Hardcore ici; toujours très fortement marqué par les 90’s et aujourd'hui servi par une production aux petits oignons. Puissante, abrasive et d’une limpidité sans faille, elle apporte notamment aux guitares de Matt Talbott et Tim Lash un grain, ainsi qu’une lourdeur particulièrement savoureuse. Un son âpre et chaud au service de compositions aériennes et contemplatives qui, inlassablement, invitent à lever les yeux au ciel et laisser vagabonder son esprit.
D'ailleurs c’est un pari un peu osé que fait Hum pour son retour. Revenir d’entre les morts, avec un album de cinquante-six minutes et des compositions qui pour certaines flirtent (et même un peu plus) avec les huit minutes (quatre titres sur huit au total) n’est pas forcément la chose la plus aisée.

Le Post-Hardcore n’est qu’une étiquette sous laquelle on a vite fait de balancer tout un tas de groupes qui n’ont pas forcément grand-chose à voir les uns avec les autres (de la scène de Washington D.C. et l’école Dischord en passant par Neurosis, Cult Of Luna, Quicksand, Handsome, Drive Like Jehu ou Unbroken, il y a de quoi faire le grand écart) mais ne serait-ce que par simple jeu de comparaison avec les précédents albums, on sent bien que les Américains ont cherché à élever leurs intentions sans pour autant bouleverser les éléments qui ont fait leur renommée. Ce que propose aujourd'hui Hum c’est un album aux accents Shoegaze particulièrement développés et qui, tout en suivant la trace de ces albums sortis durant les années 90, va aujourd’hui accentuer certains traits, quitte parfois à frôler l’excès de répétition. Si le groupe a ainsi gagné en puissance et en lourdeur ("Waves", "In The Den", "Desert Rambler", "The Summoning"...) grâce à cette production moderne, la formule a cependant perdue en intensité. Moins explosives qu’elles ne l’ont été, les compositions de Hum font désormais la part belle à des constructions beaucoup plus hypnotiques comme l’atteste des titres tels que "Waves", "Desert Rambler", "The Summoning", "Cloud City" ou "Folding" qui vont jouer sur la répétition afin d’amener l’auditeur la tête dans les nuages ou à des passages qui n’auraient pas fait tâches sur des albums d’Indie Rock/Emo des années 90 ("Cloud City", "Folding" ou "Shapeshifter" notamment). Des ambiances éthérées également renforcées par l’usage de nombreuses nappes de synthétiseur aux sonorités vaporeuses et parfois même célestes ("The Summoning", "Folding", "Shapeshifter"...). Et pour tous ceux qui auraient peur d’avoir affaire à un album beaucoup trop linéaire, sachez quand même que ce sentiment de répétition est largement estompé par le travail mélodique de grande qualité effectué par Hum ainsi que par ces lignes de chants subtiles que Matt Talbott se plaît à faire évoluer au fil de chaque morceau. Retour en force- et retour en grâce d’un même élan. Bueno !

Jean-Pierre Simard le 3/07/2020
Hum - Intel - Earth Analog Records

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