Les auto-portraits nus au cœur du projet de Polly Penrose
Polly Penrose, photographe londonienne, célèbre le corps de la femme dans sa série A Body of Work; une collection d’autoportraits nus, marquant les étapes importantes dans sa vie : ses fiançailles, sa grossesse et sa vie après l’accouchement. Décalé et subtil projet.
Polly Penrose a étudié le design graphique au Camberwell College of Arts de Londres. Elle a travaillé dans le domaine du stylisme de mode, puis pour le photographe Tim Walker. Elle a toujours pris des photos, mais elle n’a commencé à prendre cette pratique au sérieux qu’après avoir participé et remporté un concours organisé par l'Association photographique de Londres en 2008. C’est quelque peu motivant… Et pourtant, sa méthode de travail est ultra-simple : elle choisit un lieu, place son appareil avec un retardateur et dispose ensuite de dix secondes pour trouver la bonne pose. Le résultat est toujours bluffant !
Elle a organisé sa première exposition personnelle, A Body of Work, au Downstairs de la Mother Gallery à Londres en mai 2014. Sa deuxième s’est tenue à la Hoxton Gallery de Londres en mai 2016 et elle a également exposé dans le cadre d'expositions collectives comme Self Reflection à The Untitled Space, New York et All Inclusive à la galerie HVW8, Berlin. En 2018, elle a présenté ses œuvres lors de l'exposition Spring Break Art à New York et celle-ci a ensuite tournée dans le monde.
Chacune de ses photos semble affirmer deux choses : il faut trouver sa place comme femme dans la société et plutôt qu’attendre, je vais m’inscrire directement dans le paysage. Partant de ce constat, elle développe une unité de temps, de lieu et d’espace ( comme dans le théâtre classique) et inscrit son corps nu ; sujet et figure récurante de son propos bien nommé Body of work - le corps du sujet ou quand le cœur du sujet est le corps du propos - et du sujet. Elaboré sur plieurus années,Body ofWork, montre son évolution à partir des transformations de son corps et de son environnement direct pour mieux en refléter les états divers - même en été ( facile !). Cela semble dire que voyez-vous en me regardant ou plutôt - chaque image de dire suis-je bien là, dans cette société qui ne me voit que nue - ou rien - ou bien ?
En interaction avec son environnement quotidien, chacune de ses images est une juxtaposition visuelle : son corps est nu et exposé, mais son visage est quasi constamment caché. Ses mouvements nous donnent un aperçu de son état émotionnel : un travail vraiment puissant qui fait coucou à tous ceux qui pensent qu’un corps nu est autre chose qu’un objet à mater. Et le décalage présent dans chaque cliché en renforce l’étrangeté par l’obligation qu’il apporte de chaque fois recontextualiser la situation et d’obliger à se demander comment le monde machiste perçoit encore le corps de l’image - et a fortiori celui de la femme. Propos salutaire, ici-mêle salué …
"Mon corps n’est pas spectaculaire, je ne suis ni grosse ni mince, j’ai un corps parfaitement banal. De ce fait, en regardant mes photos on ne se dit pas : 'De ce fait, en regardant mes photos on ne se dit pas : 'Oh regarde-moi ce corps !', mais on va contempler la photo d’une autre manière et voir le corps d’une autre façon.”
Polly Penrose