Le cowboy shakespearien de Will Cotton n'est pas une mégère
Dix ans après sa dernière exposition chez Templon à Paris, le peintre new yorkais Will Cotton, célèbre pour ses représentations de friandises, dévoile un nouveau projet décalé et provocant à Bruxelles :The Taming of the Cowboy ; shakespearien et pastel…
Dans un clin d’œil à la schizophrénie politique de son pays en pleine campagne électorale, Will Cotton propose une réinterprétation du mythe du Cowboy, symbole de la conquête de l’Ouest. Ses grandes peintures à l’huile, à la facture apparemment classique, proposent un carambolage étonnant entre cowboys triomphants et leurs montures fantastiques : des licornes roses.
La figure du Cowboy évoque une virilité toute américaine, associée à la liberté, la Destinée Manifeste et une certaine culture de la violence, en passant par les icônes gay Marlboro. Au contraire, la Licorne, rose de surcroît, renvoie à une mythologie plus contemporaine, qui s’est imposée ces dernières années dans les rayons de jouets et les accessoires pour petites filles. Réflexion sur la notion de genre, l’exposition explore ainsi le rapport entre les sexes, mais aussi l’hyper-sexualisation de l’enfance ou la notion de queer et les luttes LGBT dont la licorne – arc en ciel – est récemment devenue une mascotte planétaire.
L’exposition propose un groupe de peintures à l’huile, mais aussi de dessins inédits – huile, sanguine, crayon – inspirés par ses séjours dans le Wyoming et en Camargue, en France. Variation sur le couple cowboy-licorne, ces œuvres sur papier déconstruisent avec humour la question de la représentation.
Chez Will Cotton, la beauté des compositions ou des paysages faits de cascades de sucreries ou de montagnes de meringues, n’est pas seulement une ode à l’opulence d’une Amérique idéalisée, ou d’un paradis perdu. Il s’agit aussi de questionner la peinture. Techniquement virtuose, sa peinture s’interroge sur la fluidité entre catégories identitaires, culturelles, mais aussi artistiques : icônes populaires et grande peinture, mythes intemporels et imagerie publicitaire. Quelques exemples d’œuvres précédentes.
Et son hyperréalisme va à l’encontre de la démarche d’un Jeff Koons qui pense marché et figures à 7 chiffres pour conforter les tenants d’un monde déjà mort. Bienvenue en shakespearerie, en pastel et avec du gel …
Jean-Pierre Simard le 29/05/2020
Bill Cotton - The Taming of the Cowboy - 28/05 ->31/08/2020
Galerie Templon Bruxelles - Veydtstraat 13A 1060 Brussels - Belgium