Les orchidées de verre et néon de Laura Hart vous en collent plein la vue

En verre translucide, les orchidées lumineuses de Laura Hart semblent un parangon de délicatesse : les pétales charnus et les colonnes illuminées au néon sont en pleine floraison, représentant une étape fugitive de la vie, modelée avec une substance facilement cassante. Trompe l’œil et trompe le monde à la fois !

L'artiste, qui vit dans le Suffolk, se préoccupe davantage de la résistance historique et de l'aptitude à la survie de cette famille florale dont il existe 28 000 variétés, dont les fossiles vieux de 100 millions d'années prouvent qu'elles ont été les premières à fleurir. "Représentant un quart des plantes à fleurs du monde, il y a quatre fois plus d'espèces d'orchidées que de mammifères et deux fois plus d'oiseaux", déclare Hart.
Dans sa dernière série, Orchis Exotica - qui a débuté au début de l'année dans le cadre de Collect 2020 with Vessel Gallery - le néon central est un clin d'œil aux efforts des orchidées pour attirer les pollinisateurs nécessaires à leur survie. Ces stratégies gagnantes prouvent leur adaptabilité, affirme Mme Hart, une démarche qu'elle rattache aux théories évolutionnistes de Charles Darwin.

Chahuté par les dogmes religieux de son temps, Darwin risquait une accusation d'hérésie s'il avait cité un autre organisme tout aussi efficace pour atteindre la population mondiale avec son adaptabilité. Bien qu'il y ait très peu de traces anecdotiques de sa détermination personnelle à faire des humains l'exemple ultime de sa théorie révélatrice, il ne fait aucun doute qu'il y croyait... A posteriori - clairement - nous aussi !
Les centres de néons bicolores mettent en lumière l'étrange ressemblance entre l'orchidée et les organes reproducteurs humains ; un parallèle que le grand homme a lui-même (sûrement) soigneusement camouflé.

L'Orchis Exotica est une extension des fleurs précédentes de Hart, conçues avec une parfaite symétrie , mais sans parties lumineuses. Bien que les lumières LED soient d’un emploi plus simple, Hart affirme préférer les mécanismes traditionnels :

"Pourquoi le néon ? Eh bien, je suis une amoureuse de la forme lumière/art ; une rareté en soi de nos jours avec l'avènement du tube néon à LED usurpant le verre traditionnel".
Laura Hart

Construite avec une combinaison de logiciels de conception 3D et des techniques traditionnelles, chaque pièce est ensuite fondue à la main et façonnée pour créer des fleurs d'un demi-mètre de large qui subissent plusieurs cuissons. Ensuite, et c’est la fonction/structure de l’œuvre d’art, contrairement aux orchidées vivantes, les sculptures de Hart avouent une durabilité certaine par leur capacité à ne jamais faner. Tout homme est mortel, Socrate est mortel… donc Socrate n’est pas un néon- CQFD !

En savoir plus sur Laura Hart ici et
S’en offrir chez Vessel Gallery

Jean-Pierre Simard le 20/04/2020
La résilience des orchidées de néon de Laura Hart