La BD mauvais genre s'attaque à la parentalité et ça grince
Vieillir n’est pas forcément un naufrage, juste un changement de perspective de vie - et d’occupations. Ceux qui n’en prennent pas conscience rapidement en sont les dindons de la farce. Alors, halte au bluff et bienvenue à l’humour vache de Mathilde Domecq et James pour Sales mômes, sales vieux !
Cette BD envoie en l’air une galerie de caricatures, autant dans l’esprit que le trait, qui, si elles n’évitent pas les poncifs, transcendent avec talent le genre, en ne craignant jamais les blagues scabreuses qui remettent en question le politiquement correct du moment et flirtent avec le plus parfait mauvais goût comme pour mieux déconstruire les clichés qu’on voudrait nous faire subir comme image de la normalité actuelle ( ventre-mou et cadre sup qui votent micron… ) : de la famille homo-parentale qui se dispute le rôle du meilleur papa, à la mère indigne qui ne veut pas récupérer son enfant chez la nounou, via le fils quinqua toujours en prise avec sa mère abusive. Vous découvrirez le reste vous-même…
Les deux responsables de ce tir à vue sont le prolifique scénariste James (Chères élites, Dans mon open space, La Sémantique, c’est élastique, Dieu point zéro, Charles Charles, profession président, Backstage #1…) et Mathilde Domecq, qui sort ici du registre dessin jeunesse (Paola Crusoé, Basile et Melba…), pour s’astreindre à construire des gags en quatre cases, avec un vrai sens de l’incise, en frappant toujours vite et juste. Le trait presque naïf contraste joyeusement avec l’humour noir qui saute au visage. On rigole, même jaune : dur de ne pas se retrouver dans telle ou telle situation ! Un petit bouquin qui se dévore ou se picore gag par gag, avec un plaisir et une légèreté qui conviennent aussi bien aux adulescents qu’aux jeunes parents, pas encore au fait des réjouissances inhérentes à la parentalité… Fun !
Bibi Fricotin le 11/03/2020
Mathilde Domecq et James - Sales mômes, sales vieux - éditions Fluide Glacial