Jimi Tenor s'ébroue entre New-York, Barcelone et Helsinki
Jimi Tenor balance sa compile voyageuse qui fixe des zones temporelles, spatiales et musicales, à l’image de son évolution qui passe par rock, techno, jazz et plus encore : on touille tout ça pour se faire une idée et on obtient l’objet discographique aussi présent que réjouissant.
NY, Hel, Barco est une compilation rétrospective couvrant les années 1994 à 2001 des œuvres du multi-instrumentiste Jimi Tenor. Le double LP comprend ses premiers travaux et une sélection de titres extraits de ses 6 premiers albums. Malgré la nature expérimentale et la forme libre de ses premiers enregistrements, la compréhension instinctive pour l’attrait de la pop de Jimi, sa spontanéité et son sens de l’humour fantaisiste sont clairement mis en évidence. Même si l’angle choisi est assez propre par rapport à quelques productions délirantes des débuts sur des petits labels finnois.
Mêlant jazz, sons synthétiques, afrobeat et boites à rythmes, Jimi Tenor a su créer un son distinctif qu’il a lui-même renouvelé et fait évoluer en fonction des avancées du monde musical. Non pas que ses compositions soient trop académiques, au contraire – elles ressemblaient souvent à des esquisses fluides, avec une irrépressible touche d’absurde; comme certains parti-pris qui l’ont vu jouer à Paris , au New Morning avec un groupe qui ressemblait trait pour trait à l’Arkestra de Sun Ra, le son allant de pair évidemment… On aura évité le remplissage avec les tubes. A ce propos, sa version (absente ici ) de Caravan reste une des meilleures qui soit … On navigue donc à vue dans un espace cosmo-psyché-jazz -électro à nul autre pareil.
Les 20 titres de NY, Hel, Barca documentent les étapes clés du parcours créatif de Jimi Tenor, soulignant la nature prolifique et variée de sa production artistique. Il brille désormais comme un satellite planant sur le paysage pop européen, avec sa propre cosmogonie et ses périodes variées qui évitent la répétition. On lui en sait gré - et on adore toujours autant le morceau qui le définit le mieux, et ici ferme le ban : Outta Space.
Jean-Pierre Simard le 11/03/2020
Jimi Tenor - NY, Hel, Barco - Bureau B / Bigwax