Que ma "rejoice" demeure avec la débauche spirituelle jazzy de Yuvi Havkin

Rejoicer s’amuse à planter le doute sur sa musique. et son label en profite pour le labelliser jazz/ambient/hip-hop et plus encore. Nous, on s’en tape, parce que l’opus qui vient d’arriver, mixe bien tout cela, mais avec un vrai son qui le font préférer à d’autres sorties plus jazz qui voudraient avoir l’air cool, sans y arriver.

Rejoicer a sorti son nouvel album, « Spiritual Sleaze », le 14 février dernier sur Stones Throw Records. Yuvi Havkin, artiste originaire de Tel-Aviv à une fois de plus lissé la porte ouverte à l’interprétation. Un sentiment de balade champêtre, des mélodies élégantes et expressives, procurent à celui ou celle qui l’écoute une légèreté déconcertante. Tout au long de son nouvel opus, Rejoicer s'appuie sur un éventail d'influences plus large que jamais. Il cite Sun Ra et Aphex Twin; Steve Reich et Dabrye; Alchimiste et Arvo Pärt; Eric Satie et Wu Tang Clan; Ebo Taylor et Scientist comme sources d'inspiration pour l’album. On ajoutera Boards of Canada et Four Tet, pour faire bonne mesure.

Spiritual Sleaze est intitulé de la sorte car, l'album est influencé par ses pratiques de yoga et de méditation, mais il est sale et rebondissant par rapport à son travail précédent. Alors que la musique de Rejoicer résiste toujours à la catégorisation, englobant le jazz, le funk, l'ambient et la psychédélie, Spiritual Sleaze se sent plus proche du R&B que du hip-hop, notamment en raison de la présence de chanteurs invités sur plusieurs morceaux. Le doux flow de KerenDun complète le bruit pétillant de "Song for the Spirit Flights" et le calme surréaliste de "My Beans", tandis que les réflexions matinales de iogi sur "Up in Flames" sonnent comme Toro y Moi plongeant dans le monde de la musique d’accompagnement. Le clou du spectacle est "Lemons", un rythme fluide et lourd de claquements de mains, accompagné de la voix audacieuse et interrogative de Jenny Penkin. Elle affronte également la mortalité sur le sublime "Earth Talk", qui met en scène une basse trippante de Sam Wilkes. "Third Eye Jungle Run" est le morceau le plus rapide du disque, avec un rythme léger et régulier, caressé par des guitares douces et des violons en cascade. Spiritual Sleaze ne demande jamais une écoute exigeante, mais il s’offre à vous ne douceur, tout en s’avérant bien plus stimulant que la plupart des musiques dites faciles à écouter. C'est une étape importante pour Rejoicer, car c'est son travail le plus inspiré et le plus accompli jusqu'à aujourd’hui, aussi auquatique que câlin. Notre conseil du jour, pour démarrer la semaine en douceur … 

Jean-Pierre Simard le 17/02/2020
Rejoicer - Spiritual Sleaze - Stones Thow