Le frisson Geju, un effet durable

Découvert début 2020 au Cabaret Sauvage, avant le passage de la star techno russe Mira, Geju est un duo techno moscovite qui a révolutionné le son des raves chez Poutine - et même ici depuis peu…  C’est le son qui m’a le plus marqué depuis la découverte, il y a quelques années, de Nicolas Jaar. Explication(s).

Le premier truc qui accroche l’oreille, c’est le démarrage du set avec deux simples voix qui se répondent en allemand, hors tout tempo. Puis, la surprise passé, au bout de quelques secondes, l’arrivée d’un beat diffus qui se glisse sous la conversation et change la donne ; avec l’arrivée des premiers danseurs, conquis par l’exploit, qui se glissent naturellement dans le flot de la musique qui accélère doucement en trouvant de drôles de résonances accrocheuses qui vont faire le sel du set , jouant et déjouant les beats et les conversations, comme si de rien n’était. Un genre de progression naturelle qui fait danser les voix et vocaliser les beats. Du grand art, comme de l’ambient qui aurait le feu au cul et le dirait sans détour, sûr de son étrangeté et de son pouvoir à groover trankilou.

GEJU est un duo lancé par Georgy Topuridze et Denis Kurchenko en 2016. Leur mélange de samples instrumentaux, d'effets psychédéliques et de voix glissant sur un rythme rebondissant vraiment caractéristique hypnotise les foules et les font se perdre dans une danse extatique. GEJU a remis en question le concept traditionnel de rave en Russie. En 2016, ils ont fondé leur label, Leveldva records. En plus de ses productions, de la gestion du label et de la coopération avec des artistes inspirants, GEJU a rempli les pistes de danse du monde entier et a enchanté ses foules de nombreux festivals (ADE, Fusion Festival, Burning Man, Monastery Festival, Wildeburg Festival, etc.)


Et l’étrangeté du duo vient aussi de leur manière d’utiliser des samples orientaux qui sonnent à nul autre pareil et ouvrent le genre à un mx culturel nouveau voix d’ici / sons d’ailleurs et vice-verso ! . A bien y réfléchir, on sent un parenté avec Nicola Cruz et ses amples sud-américains qui produisent un effet différent, mais qui jouent sur les mêmes variables, hors voix; car côté voix, l’emploi le plus proche est bien sûr, le susnommé Nicolas Jaar, d’excellente mémoire… On dira que c’est aussi caressant qu’enveloppant - et que cela donne une irrésistible envie de danser - ou bien encore de se laisser bercer par les vagues successives du son qui file et des voix qui passent. En seulement un single remarqué et un album remixé par des pointures, Geju est devenu une valeur sûre de la techno. Top !

Plus sur Gju - actualités et festivals sur sa page FB et R.A.

Jean-Pierre Simard le 29/01/2020

GEJU - Water Elements - Leveldva records 2018