Les rêves testamentaires acid du Dreems de Cassius

Pas vraiment conçu pour ça, Dreems, le dernier album de Cassius va vous faire danser sur la mort de Philippe Zdar. Quel plus bel hommage pour lui, que ce retour acid conçu comme une playlist club dans un esprit qui enfin dégage la virtuosité/pesanteur des productions de studio pour rendre l’esprit de la fête et du groove.

Produit pour vous faire danser tout l’été, Dreems a fait une boucle complète du milieu des années 90 à aujourd’hui redonner/retrouver un feeling déjà présent sur le Flying Fingers du Pansoul de Motorbass ou dans le super Au Rêve du duo ; un exercice de pure fun qui ne sort pas la grosse artillerie pour donner du plaisir, mais joue sur la complémentarité de Boom Bass et Zdar, paire assez incomparable en dj set.

Ce qu’affirmait la semaine passée Laure Narlian sur France Info : Adieu le travail acharné sur plusieurs années, goodbye la pop synthétique sophistiquée remise cent fois sur l’ouvrage. Cette fois, les amis de 30 ans ont pris le parti de la spontanéité et de l’urgence. L’idée était de réaliser cet album le plus vite possible, en trois semaines. Elles se sont transformées en trois mois, mais c’est une performance quand on se souvient qu’il s’était écoulé 10 ans entre leurs deux précédents albums 15 Again et Ibifornia.

Ce lâcher prise s’accompagne d’une nouvelle méthode de travail. Dreems a en effet été conçu comme un mix de DJ : "il fallait que tous les morceaux s’enchaînent", précisent-ils. Le point de départ fut Fame, une chanson publiée en 2017 sur la compilation Ed Rec du label Ed Banger. Retravaillé, ce titre de house moite se retrouve au cœur du nouvel album et lui indique en quelque sorte sa direction. Qui les mène tout droit à leur maison mère, la house music, celle avec laquelle ils continuent régulièrement de sillonner les clubs du monde entier en tant que DJ’s.

Après avoir produit le dernier album en date de Franz Ferdinand (Always Ascending, 2018), Philippe Zdar a retrouvé Boom Bass, pour leur retour commun aux fondamentaux electro qui les avaient tenir le haut de l’affiche/ de la scène dans les années 90 aux côtés des Daft Punk, de AIr et de Laurent Garnier (entre autres), Cassius avait su évoluer avec son temps : le duo parvenant à marquer la décennie suivante avec les tubes « Toop Toop » (à l’étonnant et entêtant riff de guitare) ou la ballade sous ecstasy « I Love U So ». Autant de preuves de la polymorphie pop de Cassius, dont le précédent album, Ibifornia, regorgeait de collaborations prestigieuses, dont -M-, Pharrell Williams ou une certaine Cat Power.Et Dreems a d’ores et déjà commencé à dévoiler ses charmes, que les dancefloors risquent fort de détester pour cause de piétinement incessant.

Après avoir produit le dernier album en date de Franz Ferdinand (Always Ascending, 2018), Philippe Zdar s’associe de nouveau à Hubert Blanc-Francard (alias Boom Bass) pour un nouvel album annoncé pour le 21 juin prochain. Présenté comme un retour aux fondamentaux electro du groupe, Dreems a d’ores et déjà commencé à dévoiler ses charmes, que les dancefloors risquent fort de détester pour cause de piétinement incessant. Parmi les quelques noms qui figurent dans les crédits de Dreems, on retrouve Mike D des Beastie Boys sur Cause oui!, Owlle mais également Portugal. The Man, auteurs du tube Feel It Still

Comme Dj Mehdi qui s’était fracassé la tête en tombant de la mezzanine de son appartement, Zdar s’est crashé dans la cour de son immeuble de la rue Caulaincourt, en saluant un pote qui passait par là, et descellant du même coup, la rambarde de celui-ci. Un mec aussi charmant que pétillant n’est plus, mais la musique reste. A vivre et à danser pour les jours - et les nuits à venir. On pourrait peut-être poser une plaque sur le trottoir devant le bar Au Rêve, rue Caulaincourt, non loin de chez lui, comme du loft du père de Thomas Bangalter en bas de l’avenue Junot…  Don’t give up the Faith, comme il le faisait dire à sa chanteuse sur W18. Et Leonard Cohen d’ajouter Dance me till the end of the world. Amitiés à Boom Bass pour ce super album à défendre désormais seul…

Jean-Pierre Simard le 24/06/19

Cassius - Dreems - Caroline