Altin Gün : l’âge d’or Du funk psychédélique et fort comme un turc

Après l'engouement certain pour leur premier album On et une tournée internationale de plus de 200 concerts en 2018, Altın Gün revient avec son nouvel album Gece. Du psyché anatolien qui avance sans s’encombrer des ruines du passé.

L’Âge d’or (Altin Gün) est le projet du bassiste hollandais Jasper Verhulst. Après un concert à Istanbul, il y a quelques années, il a décidé de faire revivre le répertoire d’artistes turcs des années 60 et 70, comme Selda Bağcan, Barış Manço ou Erkin Koray. Il embarque dans son aventure une chanteuse turque, un chanteur et joueur de saz (luth oriental), un guitariste, un batteur et un percussionniste. La recette fonctionne de suite, et on les voit bientôt partout dans les festivals européens à faire groover le public avecc un son adapté au XXI e siècle. Le funk anatolien s’st trouvé de nouveaux héros- et ils capitalisent à fond sur cela. Nul ne saurait leur en vouloir, tant la sauce prend dès le premier titre en live. Après avoir soigneusement bricolé la copie de leur premier album, ils reviennent avec leur proposition nocturne, plus chaloupée, plus ouverte et plus convaincante.

Altin Gün ne sonne comme personne — en tout cas personne d’autre en 2019, puisque ses fondateurs professent allègrement leur fascination pour la scène folk/rock psychédélique turque des années 1960 et 1970, à nouveau prise à partie pour être mieux décoiffée sur ce deuxième album. Et c’est du bonbon pour les oreilles et les mollets : leur rock dégoulinant plonge aisément dans le funk psychédélique, voire le disco sur le premier extrait, Süpürgesi Yoncadan, où s’illustre le chanteur, claviériste et oudiste (sa version turque est un saz) Erdinç Ecevit. On préférera encore les pépites interprétées par la Stambouliote d’origine Merve Dasdemir, resplendissante sur la mélancolique Leyla, endiablée sur le funk frénétique Soför Bey, spirituelle sur la ballade Derdimi Dökersem qui souligne la dimension folk de leur répertoire. Alors, si vous vous attndiez à une recopie servile du premier, c’est raté. Mais si vous pensez qu’on peut encore aller plus loin, cet album vous ira très très bien.

Jean-Pierre Simard le 9/05/19

Altin Gün - Gece - Les Disques Bongo Joe