Chez Akuphone, avec Malam Minggu et Tamayugé, l'Asie coule à mes oreilles
Avant de vous parler de PNL et de Mohamed Lamouri la semaine prochaine, on va s’arrêter sur les dernières sorties Akuphone, un coup de double sortie asiatique du label parisien, mais pas que. En direct de divers ailleurs, du Canada à Java, avec une réédition bienvenue de Malam Minggu - javanaise, ne vous en déplaise ! et Baba Yaga, premier album du duo expérimental nippo-ukrainien Tamayugé. Envoi !
La compilation Malam Minggu : A Saturday Night in Sunda restitue l’ambiance des nuits chaudes de Sunda au détour des années 80. Dans cette partie occidentale de l’île de Java, on entendait à l’époque les stars du moment, nommées Nano S et Tati Saleh. Ces musiques sont la suite de la décision des présidents Sukamo et Suharto de favoriser l’héritage musical javanais en lui donnant un nouveau souffle et lui interdisant tout recours aux musiques occidentales. On a donc assisté au renouveau des formes du gamelan degung et à l’apparition de genre nouveaux genre chansonniers, comme le jaipong et la pop Sunda. Le livret annoté par Edouard Degay Delpeuch vous dira tout ce qu’il faut en retenir. En attendant, appréciez le dépaysement à l’œuvre et le bonheur de la découverte. C’est puissant !
Artistes divers : Malam Minggu : A Saturday Night in Sunda - Akuphone
La seconde sortie de mars dernier était consacré au premier album du duo montréalais Tamyugé avec Baba Yaga qui conjugue sonorités asiatiques et musique expérimentale occidentale par le biais de la Japonaise Maya Kuroki et de l’Ukrainienne Tamara Filyavich (et de leur chat omniprésent…).
On y trouve au coude à coude la guitare et la voix de la japonaise qui rivalise d’inventivité face aux machines électroniques perturbantes de l’ukrainienne. Le rapport se fait mythologiquement, puisque Baba Yaga est une créature fantomatique ambivalente commune à leurs deux cultures. Mélange de musique expérimentale et de kitsch soyeux, cette surprenante collaboration aux accents Residents meet Laurie Anderson navigue entre inquiétude et mélancolie. Et leur titre Herbert Song, sûrement à voir avec le Matthew Herbert anglais et fondu d’électro tout terrain… On dira subliminal et on écoutera avec attention, parce que ça pulse étrange et à fond !
Jean-Pierre Simard le 5/03/19
Tamayugé - Baba Yaga - Akuphone