Les Emophones de Lucie Picandet, prix Drawing Now 2019, sont poilantes !

A l’époque du multimédia, l’art qui s’affiche multiple, sans avoir recours au numérique affole et rassure en même temps. Il affole par son délire maîtrisé - on va y revenir - et il rassure les acheteurs : Lucie Picandet a tout vendu le premier jour du salon.

And the winner is … Lucie Picandet, lauréate du Prix Drawing Now 2019.

Le Quotidien de l’Art affirmait au second jour d’icelui : “Chez Nathalie et Georges-Philippe Vallois, qui présentent un solo show de la lauréate 2019 du prix Drawing Now Lucie Picandet, l'enthousiasme est également de la partie. Petits (1 300 euros), moyens (environ 4 000 euros) et grands (6 500 euros) : tous les types de formats (la série présentée sur le stand a été conçue spécialement pour l'événement) ont été vendus après cette première journée.” Aucun humour dans l’énoncé, mais une vraie réussite pour l’artiste.

Née en 1982 à Paris, Lucie Picandet a suivi une formation aux Beaux-Arts de Paris, en parallèle d’études de philosophie, de théologie et d’esthétique. Lauréate de la bourse Révélations Emerige 2015, elle utilise une multitude de techniques, allant de la broderie à l’aquarelle, en passant par le dessin et la peinture. L’écriture est l’élément moteur de son processus créatif, toutes ses œuvres plastiques naissant de fictions en vers ou en prose. Entre poésie et surréalisme, ses productions ont déjà été exposées à l’Irish Museum of Contemporary Art de Dublin et à la Fondation d’entreprise Hermès à Paris.

« C’est là où je me sens vivante, dit-elle. Les écrits, c’est la seule chose dont la valeur est sûre. Les images, ça reste du maquillage. » (Le Monde du 20/02/18)

Mais comme un salon se doit de faire dans l’événement, artificiel ou pas… « Certains artistes ont demandé à préserver la trace de leur travail, d'autres ont souhaité la supprimer entièrement afin que leur oeuvre ne vive qu'à travers leurs actions », explique Carine Tissot, co-directrice du salon. C’est beau la modernité, la post-machin et le fait de créer la rareté - si pas de l’œuvre, juste du moment.

Alors, in situ, on n’aura pas vu/lu les quatre texte moteurs de la série Emophones, ces Cependant que, Seconde Hampe, et Troisième Hampe :

“Que vaille, rmiste, au fiston, l’intestin.
Pendant que Guy déborde,
Que ma très dite émerge,
Que ma came argue d’un qu’est recalé que la grand-mère goutte,
Qu’un éléphout prend la diane au gal,
Pendant que la fête rebique, voui!
La tutoie au bec qui r’lande un kir mur qu’un ker
brique, sioup à l’avez! “

(Cependant que, deuxième strophe.)


Lucie Picandet, La reine des crottes sur son nuage de mensonges, de commérages et de petites vanités, 2019

L’image ci dessus est extraite d‘une autre exposition en cours à la Galerie Vallois, (Ladies Only ->12/04/19)

Pour revenir à son travail, intriguant : remontant aux origines de l’histoire, Lucie Picandet poursuit son grand voyage introspectif et sensible dans son monde-corps cerveau, œil, cœur, flore intestinale… Son inconscient et son univers se déploient et s’inventent sous nos yeux dans une mise en formes et en mots échevelée. Sauf que cette fois, à partir des poèmes, elle a construit un monde cinglé, de cohérence; minutieux et coloré où l’Emophone Aïön côtoye le Nogaide, l’Eucheux et le Vouzaites, offrant à chaque tableau un univers sérié, une finalité et un discours. On va tenter l’interview pour en savoir plus… 

Jean-Pierre Simard le 3/03/19

Lucie Picandet Anatomie du mot Idiose

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